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16 janvier 2009 | à 00h17

Wiltord, chronique d’un échec

Transféré à Marseille un an et demi après son retour triomphal en Bretagne, Sylvain Wiltord laissera une trace paradoxale au sein de son club formateur. Objet d'espoirs et titulaire d'une popularité certaine dans les travées de la Route de Lorient, « Nino » n'aura laissé qu'une œuvre incomplète, entre traits de génie intermittents sur le terrain, et relations conflictuelles avec Guy Lacombe en-dehors. Si l'issue de ce conflit semblait inéluctable, restent la question de l'impact du départ de Wiltord dans le vestiaire rennais, et surtout la sensation d'un immense gâchis.

Wiltord, chronique d'un échec

22 août 2007. Le Stade Rennais annonce en grande pompe le retour en Bretagne du plus beau joyaux de son centre de formation. Pour l’occasion, on fait témoigner les anciens, ceux qui vécurent l’arrivée à Rennes d’un gamin de 17 ans, fraîchement sorti de son quartier en région parisienne.
L’histoire est belle, celle du banlieusard qui brûle les étapes pour se voir propulsé, neuf ans plus tard, idole nationale après son but en finale de l’Euro 2000.

Nul doute que le service communication du club se frotte alors les mains, tant ce retour est riche en symboles, démontrant que le Stade Rennais - qui a bien grandi depuis le départ de Wiltord en 1997 - peut réussir à attirer des joueurs de renommée internationale. Ce "retour de l’enfant prodigue", ainsi que nous l’écrivions alors, attire inévitablement les lumières médiatiques, souvent peu enclines à faire le voyage depuis la capitale, et pourtant bien déçues de voir l’une des stars du mercato choisir Rennes plutôt que Paris ou Marseille.

De « L’histoire est super belle »...

Le joueur lui-même semble ravi, sans doute un peu soulagé également, tant le bras de fer engagé pendant deux mois avec l’Olympique Lyonnais fut riche en rebondissements. « Je suis Rennais d’adoption. L’histoire est super belle, mais je sais aussi que l’attente est grande. Je vais faire seulement ce que je sais faire : jouer au foot, bosser avec les autres pour aller le plus loin possible », confiait le joueur à L’Équipe au lendemain de sa présentation devant la presse.
Pourtant, la "belle histoire" devait vite céder à la réalité du terrain, puisque le pragmatisme est souvent de mise dans le football professionnel.

Le 25 août, c’est un Stade de la Route de Lorient en fusion qui accueille son héros. Au final, la demi-heure de jeu que Wiltord totalise ce soir là pourrait presque résumer à elle seule le bilan de l’attaquant pour son retour en Bretagne. Une présence offensive intéressante, l’occasion par deux fois de réussir son come back en marquant un but, mais toujours ce maudit poteau qui se met en travers, et empêche une totale réussite.

La suite est bien connue. Quatre premiers mois un peu chaotiques, où il ne marque "que" trois buts pour une passe décisive. L’arrivée de Guy Lacombe en décembre 2007, deux mois de cohabitation sans trop de heurts, puis une mise au placard jusqu’à la fin de saison.
On attend alors un éventuel retour de flamme pour 2008-2009, mais les choses s’enveniment entre l’entraîneur moustachu et l’emblématique attaquant. Wiltord, qui ne s’exprime devant la presse que tous les 36 du mois, choisit début août pour vider son sac dans les colonnes de L’Équipe.

... à « Je suis dans l’obligation de partir »

« À son arrivée, Lacombe attendait plus de moi. Il voulait un grand Wiltord. Il a eu un Wiltord moyen. Je me suis retrouvé remplaçant. Pas de problème. Là où ça commence à m’énerver, c’est que ce n’est plus une question de foot. C’est devenu personnel », regrette t-il alors.
Un problème "personnel" donc, mis délibérément sur la place publique, ce qui n’est pas vraiment du goût de Lacombe et consorts, d’autant que Wiltord accuse ouvertement le technicien aveyronnais de trop parler dans la presse.
Cette interview marque un point de non retour, et le début d’une longue période pendant laquelle le départ du joueur restera quoiqu’il arrive inéluctable. Clairvoyant, Wiltord mesure d’ailleurs bien la portée de ses propos à l’époque. « Je suis dans l’obligation de partir », affirmait-il dans son interview. Restait à trouver une destination, et l’OM - plutôt que Nantes, Sochaux, le Qatar ou les USA - semblait être l’hôte idéal.

On regrettera donc que cette "belle histoire" d’août 2007 ait pris parfois des allures comparables aux intrigues les plus navrantes d’un soap à la sauce phocéenne. On regrettera surtout que le talent et le professionnalisme d’un tel joueur aient été aussi mal exploités, même s’il est difficile d’en tenir rigueur à un Guy Lacombe pour qui les résultats du club parlent aujourd’hui d’eux-mêmes.

Reste la sensation d’un immense gâchis, proportionnel aux espérances générées par le retour de Wiltord voila un an et demi. Reste aussi à mesurer la béance du trou que "Nino" laissera dans le vestiaire rennais.
« C’est quelqu’un qui pousse tout le monde vers le haut, même quand il ne joue pas », expliquait Jérôme Leroy au micro de RMC ce jeudi. À l’heure où chacun s’accorde à dire que la cohésion et l’état d’esprit du groupe rennais figurent parmi les facteurs déterminants de sa réussite, il est toujours dommageable de voir une partie de ce "supplément d’âme" s’envoler vers d’autres cieux.

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