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25 mars 2009 | à 14h17

Entre ombre et lumière

Stéphane Mbia, c'est l'histoire d'un paradoxe. Souvent discuté, parfois discutable, le Camerounais possède un statut particulier au Stade Rennais. Longtemps vu comme l'archétype du joueur doté de grosses capacités physiques mais incapable de faire quoi que ce soit balle au pied, il a réussi l'an dernier à franchir un palier. Pourtant, celui qui semble courtisé par l'Europe entière ne fait pas l'unanimité cette saison, entre coups d'éclats et comportement parfois intolérable.

Entre ombre et lumière

De "boucher" à "indispensable"

Stéphane Mbia semble depuis si longtemps installé dans le paysage rennais qu’on en oublie souvent son âge de 22 ans. Lancé très tôt dans le grand bain par Laszlo Bölöni (en novembre 2004, à 18 ans) il s’installe progressivement dans l’effectif rennais.

Sa première chance est la faiblesse du côté droit de la défense rennaise, mollement tenu par son compatriote Jean-Joël Perrier-Doumbé. Profitant des absences - dans tous les sens du terme - de ce dernier, Mbia gagne temps de jeu et confiance auprès du technicien roumain, qui le replace très vite à son poste naturel de milieu défensif. Là, il impose sa masse physique, mais se taille rapidement une réputation de boucher du milieu de terrain.

Plus tard, c’est Pierre Dréossi qui tente de faire reculer le Camerounais d’un cran, en défense centrale. Celui qui est alors manager général "à l’anglaise" du Stade Rennais connaît bien le poste (qu’il a occupé pendant sa carrière de joueur), et voit en Mbia un élément doté de réelles capacités pour l’occuper.
Pourtant, l’intéressé ne l’entend pas de cette oreille. « Ça m’énerve d’être obligé de jouer derrière. J’aurais pu jouer au milieu. Franchement, je ne veux plus jouer dans l’axe », déclare t-il dans les colonnes de Ouest-France, fin septembre [1]. Un discours qui tranche avec celui de Dréossi, convaincu d’avoir trouvé le positionnement idéal pour son poulain : « Le jour où il va comprendre que son poste pour réussir une très grande carrière, c’est défenseur central, alors là, il sera encore plus fort ».

Problème, les points de vue des deux hommes sont d’autant plus éloignés que le Camerounais se voit même comme... milieu offensif, poste qu’il dit avoir occupé à ses débuts. Suffisant pour tenter à chaque match de marquer d’un tir des 30 mètres, qui termine le plus souvent à destination des tribunes. Suffisant aussi pour tenter feintes de corps et gestes techniques compliqués dans sa propre surface, alors qu’un poste en défense central requiert sobriété et efficacité. Agaçant.

Comme s’il voulait démontrer à Guy Lacombe qu’il doit l’aligner au milieu, le jeune camerounais met les bouchées doubles lors de la seconde partie de la saison 2007-2008. Force est de constater qu’il enchaîne les prestations de haut niveau, entraînant dans son sillage l’équipe rennaise pour une remontée homérique au classement.

Le goût du théâtre

Depuis, Mbia irrite. Ses sorties théâtrales de l’été dernier dans la presse avaient le goût de l’opportunisme, celui d’un joueur qui profite de l’intérêt poussé d’Everton pour obtenir une augmentation de salaire conséquente.
À cela, il n’y aurait presque rien à redire si ses prestations sur le terrain avaient justifié de telles prétentions. Mais il n’en est rien, ou simplement par intermittences. Des performances en dents de scie, un comportement qui frise l’insupportabilité en bien des occasions, difficile de juger positivement le Mbia version 2008-2009.

« Je ne veux plus jouer à Rennes », clame le joueur dans une interview publiée par le site internet du quotidien L’Équipe, le 21 août dernier [2]. « Je veux reprendre la saison avec Everton. Ce que me propose Rennes actuellement est en-dessous de ce que je souhaite. Il faut que les deux clubs trouvent un accord pour que je m’en aille. Je sais que mes dirigeants ont déclaré que je ne partirais pas, mais c’est juste un moyen de faire monter les enchères. Je comprends leur position. À leur place, j’aurais fait pareil ».
Malin ( ? ), celui qui déclare alors vouloir être transféré parce qu’il a « une famille à nourrir » retourne sa veste quelques semaines plus tard, non sans avoir signé au passage une juteuse prolongation de contrat.
« Rester à Rennes était le meilleur choix possible », affirme t-il ainsi dans une nouvelle interview, cette fois accordée à un site internet spécialisé quelques mois plus tard [3]. « Je ne me vois pas partir dans un club qui joue la quatrième ou la cinquième place. Soit dans les trois premiers ou je reste à Rennes pendant au moins deux ans encore ». On est bien loin d’Everton et de son rendement actuel en Premier League.

Sur le terrain, Mbia ne fait pas non plus l’unanimité. Du moins dans la presse et parmi les supporters, car Guy Lacombe semble considérer le Camerounais comme un élément indispensable à l’équilibre de son équipe.
Parmi les adversaires du Stade Rennais, son comportement parfois brutal, souvent truqueur, exaspère. On se souvient de la réaction - elle aussi théâtrale - de Frédéric Antonetti, au sortir du dernier Nice - Rennes [4]. « Mbia ne peut pas continuer à faire des placages sur coup de pied arrêté en toute impunité. [...] J’espère que d’ici la fin de saison, ce joueur sera pénalisé pour ce genre d’attitude, pour son bien et pour celui du jeu » déclare alors le technicien corse, ajoutant que le départ du Camerounais pour l’Angleterre ne serait pas une énorme perte pour le championnat de France...
Un brin ironique, Mbia lui répond le surlendemain dans L’Équipe [5] : « Antonetti, il est comme le coach Lacombe, en plus démonstratif. Je l’aime beaucoup lui aussi ». Ambiance.

Dernier avatar de ce qui s’apparente au début d’une longue série, le cinéma réalisé samedi dernier, après un contact avec le Valenciennois Sanchez. Se tordant de douleur, allongé sur la pelouse, Mbia provoque l’expulsion de son vis-à-vis. « Quand je vois Mbia courir après comme un lapin, ça me rend fou », pestera Antoine Kombouaré, l’entraîneur nordiste, après la rencontre. Une attitude à mettre en parallèle avec le sort du pauvre Lacourt et de son tibia brisé, plus tôt dans le match.

En attendant juin...

Reste qu’à l’heure où le Stade Rennais semble devoir se résoudre à se séparer de ses meilleurs éléments l’été prochain, le transfert de Stéphane Mbia pourrait être d’un grand secours dans l’optique d’un équilibrage des comptes du club.
Celui-ci est encore très courtisé, bien sûr outre-Manche mais aussi - semble t-il - en Italie, et sa cote reste encore intacte. En lice pour le titre de "Meilleur espoir africain" pour 2008, Mbia n’a pas décroché la récompense, mais il est incontestable qu’il s’est agi d’une belle vitrine pour lui.

En janvier dernier, Joe Kinnear (entraîneur de Newcastle) déclarait que « Mbia est la priorité, le type de joueur dont l’équipe a besoin ». Une preuve supplémentaire que le milieu de terrain devrait être ardemment courtisé à partir de juin prochain.
En attendant, on ne saurait que trop conseiller à Stéphane Mbia d’évacuer la part d’ombre qui plane actuellement au-dessus de lui, pour mieux retrouver celle de lumière qu’il sait parfois montrer...

Voir également :
La fiche et les statistiques de Stéphane Mbia
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