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5 mai 2011 | à 00h58

Un œil dans le rétro : Daniel Rodighiero

En marge de la rencontre opposant le Stade rennais à Valenciennes, pour le compte de la 34e journée du championnat de France de Ligue 1, Stade Rennais Online vous propose de revisiter la carrière d’une personnalité commune à l’histoire des deux clubs, en l’occurrence celle de Daniel Rodighiero.

Un œil dans le rétro : Daniel Rodighiero

Un sacré buteur

D’origine italienne, Daniel Rodighiero est né le 20 septembre 1940 à Saint-Cloud. Formé au Red Star FC, il démarre sa carrière professionnelle avec le club audonien et dispute quelques matches de seconde division entre 1957 et 1960. Puis, le Red Star est exclu du paysage du football professionnel français pour des raisons extra-sportives, et le jeune attaquant parisien n’a pas d’autre solution que de quitter son club formateur.
Il joue ainsi durant une saison sous les couleurs du stade Malherbe de Caen, lors de l’exercice 1960-1961. De retour à Paris douze mois plus tard seulement, suite à la réhabilitation du Red Star au sein du championnat de Division 2, Rodighiero évolue durant trois nouvelles années pleines à ce niveau. Il quitte finalement le club de ses débuts pour rejoindre la capitale bretonne lors de l’exercice 1964-1965.

Jean Prouff, l’entraineur du Stade rennais l’avait repéré alors qu’il n’était que cadet, et voulait à tout prix l’enrôler afin de densifier le secteur offensif rennais. Recruté au poste d’avant-centre, Rodighiero a néanmoins besoin d’un temps d’adaptation et éprouve quelques difficultés pour s’adapter au jeu rennais. Dès lors, il est rapidement pris en grippe par une partie du public stadiste qui le surnomme ironiquement « Rodi Zéro ». Mais le jeune Parisien est sûr de ses forces, et il réussit à faire taire les critiques avec brio, pour devenir peu après : « Rodi Zorro ».
En effet, après une entrée en matière délicate, il trouve peu à peu ses marques au sein de l’équipe de Jean Prouff, où l’objectif est de récupérer collectivement le ballon et de l’utiliser pour relancer le jeu d’attaque, court et à une touche de balle. « Rodi » est une sorte d’initiateur de l’avant-centre-pivot. À cette époque, il joue le plus souvent dos au but et prend régulièrement les défenses adverses à contre-pied. Fort de cette étonnante caractéristique, il peut ainsi servir sur un plateau ses collègues de l’attaque rouge et noire, comme Claude Dubaële, Giovanni Pellégrini ou Jean-François Prigent.

Après quelques semaines passées sur les bords de la Vilaine, Rodighiero s’est parfaitement adapté au style de jeu résolument offensif prôné par Jean Prouff. Technicien habile, doté d’une très bonne vision du jeu, et qui plus est excellent de la tête (ce qui lui vaudra également le surnom de « Tête d’or »), il figure rapidement parmi les meilleurs artilleurs de l’hexagone. Au terme de sa première saison stadiste, « Rodi » a inscrit 20 buts en championnat, et réalisé un magnifique quadruplé le 16 mai 1965, lors d’une belle victoire face à Rouen sur le score de 4 buts à 0.
Son très beau total lui permet de terminer en seconde position du classement des buteurs de première division, juste derrière le Nantais Jacky Simon (24 réalisations). Ses efforts sont également récompensés par deux sélections en équipe de France, contre l’Autriche le 24 mars 1965 et face à l’Argentine le 3 juin 1965. De son côté, le SRUC finit à la quatrième place au classement général de la D1, mais avec la meilleure attaque du championnat (67 buts), grâce au triumvirat offensif composé de Rodighiero (20 buts), Pellégrini (14 réalisations) et Claude Dubaële (12).

Mais cette même année, « Rodi » est surtout le principal artisan de la victoire en Coupe de France. Auteur de onze buts durant la compétition, dont un quintuplé face à Saint-Quentin lors des huitièmes de finale (au détour d’une écrasante victoire stadiste sur le score de 10 à 0), Rodighiero enchaine les buts et conquiert son premier trophée majeur. Face à Sedan, Rennes l’emporte 3 buts à 1 à l’issue de la seconde édition d’une rencontre qui avait dû être rejouée (les deux équipes n’ayant pu se départager au cours de la première rencontre, 2-2 après prolongation. « Rodi » avait d’ailleurs déjà trouvé le chemin des filets à cette occasion). Daniel Rodighiero marque deux fois et offre un succès historique au SRUC.
Buteur dangereux et toujours opportuniste, il marque 20 buts la saison suivante, en ayant inscrit cinq doublés ainsi qu’un triplé lors de la trente-sixième journée de championnat, au cours d’un facile succès 4 à 0 face aux « Diables Rouges » rouennais. Rennes termine à la sixième place et achève une saison qui s’avère plutôt satisfaisante. « Rodi » se distingue également en Coupe de France, où il réalise un quadruplé face à Calais, lors des trente-deuxièmes de finale de l’épreuve (victoire 5-1 du SRUC). Plus tôt dans la saison, il a aussi participé aux deux matches historiques de coupe d’Europe disputés face au Dukla de Prague.

« Rodi Zorro »

Réputé râleur sur le rectangle vert, Rodighiero inscrit encore 20 buts lors de l’exercice 1966-1967, dont un triplé lors d’une victoire face à Strasbourg le 27 mai 1967, sur le score de 4 buts à 3. Le SRUC termine à la onzième place de D1, et passe à côté de son championnat. Dans l’épreuve de la Coupe de France, « Rodi » score également à deux reprises, mais Rennes est éliminé en demi-finale face à Sochaux (0-0 puis 3-4 à Paris), non sans quelques regrets.
Daniel Rodighiero est dorénavant surnommé « monsieur 20 buts » en référence à son total identique lors des trois dernières saisons de D1. Grand, sec, les chaussettes toujours baissées, il met régulièrement les gardiens au supplice. Buteur hors pair, il est plus que jamais l’un des meilleurs attaquants de l’hexagone.

Dans la foulée, il inscrit dix buts lors des dix-neuf premières rencontres de championnat de la saison 1967-1968, avant de connaitre une nette baisse de régime par la suite. Rennes clôture son exercice à la quatorzième place de première division, après avoir connu quelques frayeurs quant à son avenir dans l’élite. D’un point de vue personnel, « Rodi » marque onze fois, mais c’est bien Sylvester Takac qui est le meilleur buteur rennais grâce à ses quinze réalisations.
Et puis, durant l’été 1968, Daniel Rodighiero souhaite être placé sur la liste des transferts. Mais ses velléités de départ avortées, il reste finalement à Rennes. En championnat, l’attaquant trouve le chemin des filets à dix reprises, et se distingue également lors des trente-deuxièmes de finale de la Coupe de France. Ce soir-là, il réalise un quadruplé face à l’équipe de Luchon, alors entrainée par le légendaire Just Fontaine (victoire du SRUC, 11-1).

À cette époque, Rennes n’est pourtant plus aussi brillant que par le passé, et Rodighiero n’est plus aussi opportuniste qu’à l’accoutumée. Ceci dit, malgré la décevante quatorzième place du club breton lors de la saison 1969-1970, le joueur parisien retrouve son efficacité légendaire en totalisant vingt-un buts au cours de la saison suivante, dont cinq réalisations en Coupe de France. Mais avec l’avènement confirmé d’un Robert Rico et d’une nouvelle génération de joueurs, « Rodi » joue moins souvent et signe finalement à Valenciennes en octobre 1970, alors que Monaco s’était renseigné à son sujet durant le mercato.
Au cours du début de l’exercice 1970-1971, il n’aura marqué qu’une seule fois face à Nîmes (pour neuf matches disputés), et aura joué sa 200ème rencontre officielle avec le SRUC, le 11 octobre 1970 contre Saint-Étienne. Il disputera finalement son dernier match sous la tunique « Rouge et Noire » la semaine suivante à Angoulême.

Le nom de l’ex-audonien reste attaché à l’une des périodes les plus marquantes de l’histoire du SRUC. Avec un total de 138 réalisations, ce Breton d’adoption est devenu le deuxième meilleur buteur de l’histoire du club de la capitale bretonne, juste derrière Jean Grumellon (160 buts). Sans une vilaine blessure, suivie d’une petite mésentente avec l’emblématique Jean Prouff, il aurait encore pu améliorer ses formidables statistiques, qui mettent en exergue son incroyable opportunisme sous les couleurs rennaises.
Sa belle histoire avec le SRUC prend donc fin à l’automne 1970, avec ce départ pour Valenciennes. Six mois plus tard, Rennes remporte sa deuxième finale de Coupe de France, alors que « Rodi » retrouve la Division 2. À Valenciennes, Robert Domergue l’entraineur de l’époque, lui demande de se convertir en tant qu’arrière-central pour le bien du collectif nordiste. Passé d’avant-centre en défenseur, « Rodi » réalise cependant de très bonnes performances et obtient le sésame d’une remontée en D1 avec VA.

Pourtant, après une seule saison passée dans le Nord, il décide de signer à Laval. À cette époque, il vit toujours la plupart du temps sur Rennes, où il est moniteur d’éducation physique dans une école, et entraine aussi les Cadets de Bretagne (club de DHR). Son épouse est également retenue à Rennes pour des raisons professionnelles, et il fait ainsi le choix de rester au plus près de la région bretonne. Il joue finalement au poste de libéro et apporte son expérience du haut niveau. En Mayenne, il se mue en « couvreur » avisé, privilégiant la technique et la précision de la relance à l’engagement physique.
Il est même à deux doigts de retrouver l’élite hexagonale avec le club mayennais, mais se blesse avant la fin de la saison, et met un terme à sa prolifique carrière en 1976. Aujourd’hui, à bientôt 70 ans, Daniel Rodighiero est membre de la Commission de visionnage de la Fédération française de football. Vainqueur de la Coupe de France en 1965 (et auteur de trois buts sur l’ensemble des deux finales disputées), il occupe également le poste de trésorier du club des internationaux de France, une association regroupant les anciens joueurs de l’équipe de France. En outre, après sa carrière de footballeur, il a travaillé chez Adidas durant de nombreuses années.

Sa carrière en bref

1957-1960 : Red Star
1960-1961 : SM Caen
1961-1964 : Red Star
1964-1971 : Stade Rennais FC (237 matches pour 138 buts)
1971-1972 : US Valenciennes-Anzin
1972-1976 : Stade Lavallois

Sources :
- Tangofoot.free.fr
- « Le Stade rennais, fleuron du football breton » de Claude Loire, Éd. Apogée.
- « La grande histoire du football en Bretagne » par Georges Cadiou, Liv’Éditions.

Sources photos :
scoangers.iougs.com
srfc.frenchwill.fr
forum footnostalgie

Vos réactions (6 commentaires)Commenter
Louis G5 mai 2011 à 06h08

Voilà le type de joueur que j’aimerais revoir au Stade Rennais avec un Dubaële en soutien , un Pellégrini très technique à gauche et un lutteur comme J.F. Prigent à droite...bizarre mais à l’époque je n’entendais pas parler de déchirures musculaires comme aujourd’hui !!..."Rodi" c ’est le butteur qu’il nous faut aujourd’hui à Rennes : très bon de la tête , très opportuniste mais aussi très collectif...je l’avais un peu oublié mais pour moi, le tandem Rodi-Dubaële était encore meilleur que celui déjà très bon de Frei-Monterrubio...merci au SRO de me rappeler de si bons souvenirs...

Pietro5 mai 2011 à 15h42

Han ! C’est Rodighiero lui-meme qui a ecrit l’article ! Paie ton narcissisme !!!

:D

Bisous Rodi ;)

Capitaine5 mai 2011 à 19h25

oui, tu as raison, sans oublier Loncle ;)
quelle équipe, quels joueurs !
c’est hélas fini ;(

fada295 mai 2011 à 19h31

Bonsoir.Certains joueurs « on » devrait les « clôner » RODIGHIERO,LEROY,PAGIS...........et quelques autres encore.RODI aura marqué les esprits au STADE RENNAIS,quel joueur !BONNE RETRAITE.Kénavo,victoire contre VA le week end prochain,ALLEZ LE STADE RENNAIS.(c’est bien quand les commentaires traitent du sujet).Bonne fin de semaine à tous.

Louis G6 mai 2011 à 11h02

Cela me fait plaisir de revoir en photo les : Boutet , Cédolin , Dubaële , Loncle , Pellegrini,Prigent , Rodi....je me souviens d’eux comme joueurs au Stade Rennais comme si c’était hier !...je pense qu’ils étaient très attachés à notre Club et bien entendu on avait aussi le temps de s’attacher à eux !....aujourd’hui je suis toujours autant supporter du Stade Rennais mais je ne sens plus cet attachement de la part des joueurs et la réciproque est vrai !!

Capitaine6 mai 2011 à 12h01

oui,je partage tout à fait ton point de vue !

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