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10 juillet 2011 | à 00h45

Un œil dans le rétro : Pierre-Yves André

Profitant de la trêve estivale, Stade Rennais Online vous propose de revisiter le parcours « Rouge et Noir » d’un ancien joueur du Stade rennais. En l’occurrence celui de l'attaquant costarmoricain Pierre-Yves André.

Un œil dans le rétro : Pierre-Yves André

Un cursus peu ordinaire

Pierre-Yves André n’a pas connu les filières classiques de détection. C’est Jean Prouff, figure emblématique du club breton, qui remarque en premier la vitesse du jeune joueur costarmoricain, alors que celui-ci a fait une croix sur le football de haut niveau, et qu’il évolue en DSR à l’US Lannion : « Je voulais suivre les traces de mon grand frère et devenir professeur d’EPS. Les recruteurs des centres de formation ne m’avaient pas remarqué, et c’est normal, je n’avais pas le niveau. Je n’avais jamais essayé de progresser vraiment. Pour moi, le football, c’était juste histoire de rigoler avec les copains ».
Après un essai non concluant sur les bords de la Loire, le Stade rennais lui propose d’effectuer un stage en mai 1993. André tente le coup et marque même trois buts sur les quatre de son équipe au cours d’un match amical de détection. Le grand bond en avant est tout proche : « J’étais en contact avec Nantes, Saint-Brieuc et Rennes. Mais le club qui se trouve tout près de mon domicile ne s’est jamais intéressé à moi (NDLR : Guingamp). Il y eut seulement une petite touche par l’intermédiaire de Philippe Le Meur qui connaissait Yvon Schmitt. Je trouve cela un peu fort mais ça ne me dérange pas plus que ça. Une telle perspective aurait simplement simplifié la tâche de ma famille qui n’aurait pas eu 300 kilomètres à effectuer pour venir me voir jouer », plaisante à l’époque le jeune attaquant rennais.

En juin 1993, il quitte l’US Lannion, son club de toujours, pour rejoindre le grand voisin régional, mené de main de maître par Michel le Milinaire, le « druide » de Kergrist-Moëlou. Sa technique de gaucher, son dribble long et ravageur, mais aussi la grande qualité de son jeu de tête, vont précipiter le cours de sa carrière. En effet, Pierre-Yves dispute son premier match professionnel contre Valenciennes en D2, le 7 août 1993. Quelques semaines plus tard (le 21 septembre), il inscrit son premier but professionnel à Saint-Brieuc (2-2) dans son département d’origine, tout un symbole. Puis, au mois d’avril 1994, il paraphe son premier contrat professionnel d’une durée de trois ans et goûte dans la foulée au bonheur d’une accession en D1. « Pierrot » joue finalement 25 matches de championnat et marque cinq buts au cours de l’exercice 1993-1994.

C’est donc durant la saison 1994-1995 que Pierre-Yves André découvre la D1, lors d’une première journée de championnat disputée à Saint-Étienne (1-1). Fort de cette étonnante réussite, il est aussitôt récompensé par une sélection en équipe de France espoirs à Royan, pour disputer une rencontre face à la République tchèque. En l’espace de quinze mois, le joueur costarmoricain est passé de la Division supérieure régionale (DSR) aux espoirs via la première division. Doté d’une vélocité supérieure à la moyenne, Pierre-Yves André est un poison pour les défenses adverses. Sa vivacité, qui lui permet d’exploiter le moindre contre, justifie le très bon début de saison stadiste. L’ancien Lannionnais impressionne et réussit tout ce qu’il entreprend. Et le triumvirat offensif Grassi-Wiltord-André fait des étincelles pour le retour du SRFC parmi l’élite.
Dans la foulée, André marque son premier but en D1 lors de la dixième journée de championnat, au cours d’une défaite rennaise face à l’équipe lorraine du FC Metz (1-2). Jouant aussi bien sur l’aile qu’en pointe, l’attaquant breton profite d’un tir dévié de Jocelyn Gourvennec pour ouvrir son compteur buts en première division. Régulièrement sélectionné en équipe de France espoirs tout au long de l’année, Pierre-Yves André s’installe à toutes jambes en première division, au sein d’une équipe cohérente qui joue sans complexes et qui fait également preuve de belles qualités d’abnégation.

Sa complémentarité avec Marco Grassi est évidente : « Avec Marco, c’est plus plaisant. Il a apporté une assise devant. Il prend de la place. C’est un véritable point d’ancrage. Mon rôle est de tourner autour. Notre entente est bonne. Il n’y a pas besoin de discuter, tout se met en place automatiquement, même si notre complémentarité à Sochaux (NDLR : Lors de la cinquième journée, victoire du SRFC 3-1) s’est traduite le plus souvent par des actions individuelles. Il s’entendra de la même façon avec Samuel Michel et Sylvain Wiltord ». Michel le Milinaire lui fait pleinement confiance, ses qualités naturelles font le reste. Le tonitruant ailier stadiste laisse régulièrement à cinq ou dix mètres son adversaire le plus proche, et s’efforce de conclure ses raids de façon judicieuse. Pierre-Yves André dispute finalement trente-trois matches et marque cinq buts pour sa première saison parmi l’élite hexagonale.

Effectif rennais 1994-1995

André se fait un nom

Pour sa deuxième saison au plus haut niveau français, il enfile sa panoplie de buteur dès la seconde journée de championnat, lors d’une victoire stadiste face à l’AS Cannes (3-2), avant de récidiver quelques journées plus tard au Parc des Princes (1-1). Pierre-Yves André est un dévoreur d’espaces et n’a pas d’équivalent en vitesse pure. Lors de la quinzième journée, il donne une courte mais précieuse victoire de la tête face à Nice (1-0). À Lyon quelques semaines plus tard, André marque un but d’anthologie, et probablement l’un, si ce n’est le plus beau de sa longue carrière professionnelle : une passe lobée de Jean-Pierre Cyprien atterrit sur la tête de Jean-Luc Sassus, qui repousse désespérément sur le Lannionais. Dos au but, l’attaquant rennais, à une dizaine de mètres de Pascal Olmeta, place le ballon d’une volée retournée du gauche, aussi pure que limpide, dans la lucarne droite du gardien lyonnais. Un geste spectaculaire et efficace qui a même le mérite de ravir le public de Gerland (2-2).
La semaine suivante, Pierre-Yves André trouve encore le chemin des filets face à Lens (2-1). En janvier 1994, ce grand gaillard de moins de 20 ans écarquillait les yeux en découvrant, avec son partenaire rennais Sylvain Wiltord, le charme feutré de Clairefontaine pour un premier rassemblement espoirs. Une seule saison de seconde division l’a installé dans l’annexe de la maison France.

Les nombreux voyages ont achevé de former sa jeunesse, de Pologne en Allemagne, via la Slovaquie ou Israël. En cette fin de saison 1995-1996, l’objectif principal de Pierre-Yves André est de disputer les Jeux olympiques d’Atlanta avec l’équipe de France espoirs pour... « voir Carl Lewis ! Mon premier souvenir de Jeux olympiques, c’est lui, à Los Angeles en 1984. Je l’avais vu à la télé. Je me vois déjà à Atlanta, au stade, avec mon appareil-photo... Le rêve serait encore plus fou si je pouvais m’aligner à ses côtés sur la piste », dit-il avec des yeux remplis d’espoir. Malheureusement pour lui, une vilaine pubalgie le prive de son rêve de gosse. Pourtant, André avait réussi sa meilleure saison sous les couleurs rouges et noires, marquant à six reprises en trente-six rencontres de championnat disputées.
Lors de l’exercice suivant, Pierre-Yves André réalise peut-être son meilleur match sous la tunique bretonne, lors d’un sublime succès acquis face à l’Olympique de Marseille (4-2), au soir de la vingt-troisième journée. Au cours de cette rencontre, l’ex-Lannionais est virevoltant, marque une fois, et place Stéphane Guivarc’h sur orbite pour un phénoménal triplé. Ceci dit, la saison rennaise se révèle particulièrement difficile. Yves Colleu ne tire pas le meilleur de son effectif. Pourtant, Pierre-Yves André attire toujours les convoitises. Bordeaux et surtout le Paris Saint-Germain - qui en fait l’une de ses cibles prioritaires - veulent s’attacher les services du Costarmoricain. Mais l’ailier lannionnais doit encore une année au SRFC (l’année due à la formation). En outre, ses statistiques globales sont plutôt moyennes, avec ses vingt-neuf matches pour un seul but inscrit.

« Cela fait quatre ans et demi que je suis à Rennes. Jamais je n’aurais pensé devenir professionnel quand je jouais à Lannion en DSR. Je voulais faire carrière dans l’éducation nationale en tant que professeur de sport, répète-t-il à qui veut bien l’entendre. À l’époque, je jouais seulement au foot pour mon plaisir le dimanche. En signant professionnel. j’ai appris à vivre avec des impératifs de résultats. Mon souhait le plus cher serait de ne pas quitter Rennes. Si seulement je pouvais ne pas quitter ma Bretagne... Malheureusement, la vie d’un footballeur ressemble à celle d’un voyageur. Pour progresser, il faut voyager. Comme beaucoup, je rêve d’inscrire beaucoup de victoires et de titres à mon palmarès ». Après quatre saisons pleines au Stade rennais, Pierre-Yves André a clairement envie de changer d’air.
À bientôt 23 ans, l’ailier gauche du SRFC, malgré une dernière saison relativement décevante, dépasse les dix millions de francs (soit un peu plus d’un million d’euros) à l’hypothétique bourse des transferts. Une valeur qui traduit l’efficacité des courses d’André sur le flanc gauche et la rareté sur le marché d’attaquants aussi rapides que lui. Capable de belles accélérations, et doté d’une vitesse de pointe extraordinaire, Pierre-Yves André raconte : « Déjà à six ans, je grattais (sic) tout le monde. C’est ce qui prime dans le football actuel ». Encore sous contrat avec le Stade rennais, et annoncé un peu partout dans la presse hexagonale, Pierre-Yves André quitte finalement sa Bretagne natale, et traverse la France de long en large pour atterrir à Bastia, sur les suggestions de son premier conseiller, son oncle Jean-François Le Trocquer.

Les tractations entre les deux clubs furent pourtant difficiles. Rennes ne voulant se séparer de son joueur que pour un montant avoisinant les huit millions de francs (soit 1.2 millions d’euros environ), alors que le club corse ne proposait à l’origine que six millions (soit un peu moins d’un million d’euros). Les deux clubs finiront finalement par s’entendre sur la somme de huit millions de francs, comme demandé par le club phare de la Bretagne.
« On a fait un gros effort pour lui » confirme alors Jean Nicholaï, le trésorier du Sporting. Le FC Nantes, par l’intermédiaire de Jean-Claude Suaudeau en personne, se réveillera trop tard, contactant le néo-Bastiais par téléphone, et Pierre-Yves mettant un point d’honneur à respecter les engagements pris avec Bastia. À son arrivée sur l’île de beauté, Pierre-Yves André est ravi, trouvant l’accueil « très chaleureux. Je suis content d’être ici. J’ai été totalement pris en charge. On m’a déjà trouvé une petite maison, je n’aurai plus qu’à y ranger tous mes CD. Vraiment, on m’a chouchouté. Maintenant, il faut se mettre au boulot. J’ai hâte de commencer ». Pierre-Yves André aura finalement connu cinq clubs tout au long de son honnête carrière professionnelle, et passé dix années en Corse, où il deviendra le « chouchou » de Furiani.

Sa carrière en bref

1993-1997 : Stade Rennais FC (136 matches pour 18 buts)
1997-2001 : SC Bastia
2001-2003 : FC Nantes-Atlantique
2003 : Bolton Wanderers (Angleterre)
2003-2004 : EA de Guingamp
2004-2010 : SC Bastia

Sources :
- Onze Mondial
- Archives Ouest-France

Source photos :
srfc.frenchwill.fr

Vos réactions (4 commentaires)Commenter
the miz10 juillet 2011 à 01h43

Très bon article mais une erreur pour le match a Saint Etienne a l’été 1994 le score ne fut pas de 0-0 mais de 1-1 (but de François Denis)

Je me rappel bien de ce match puisque je l’écoutais a la radio,bon bonne nuit a tous !

Louis G10 juillet 2011 à 06h03

Je me souviens d’avoir regretté que Pierre-Yves André parte pour Bastia ! ...comme le rappel ,cet article intéressant sur son parcours, c’était un bon joueur et sympathique en plus !...pour quelqu’un qui n’avait pas l’intention de devenir professionnel : cela aurait été bien dommage tant son souvenir nous est agréable !...

klose3510 juillet 2011 à 10h35

tu as raison the mizz...j y etais....revenant de vacances de Perpignan nous etions remonter par Saint Etienne pour ce match....petit detour mais aussi 1er match de 1er division ...avec Sorin Gourvennec et Mimi LeMillinaire.....1 a 1 sur une tete de Denis sur corner ne Gourvennec....egalisation sur penalty me semble t il......a amour du club quand tu nous tiens....

R’n’R 5611 juillet 2011 à 12h05

c’est intéressant de lire ce genre d’article parce que du haut de mes 18 ans je n’avais pas cette image de ce joueur !!

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