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16 février 2012 | à 13h39

Laurent Huard, le « lutin » breton

En marge de la rencontre opposant le Stade rennais à l'AS Saint-Étienne, pour le compte de la 24e journée du championnat de France de Ligue 1, Stade Rennais Online vous propose de revisiter la carrière d’une personnalité commune à l’histoire des deux clubs, en l’occurrence celle de Laurent Huard.

Laurent Huard, le « lutin » breton

Nous sommes le 1er mai 1992. Et alors qu’il n’a encore que 18 ans et seulement quelques matches à son actif au sein de l’équipe fanion, Laurent Huard inscrit son premier but en D1 et sauve (le croit-on) le Stade rennais d’une énième relégation en deuxième division. Le jeune milieu de terrain natif de Fougères est un récupérateur qui saisit les opportunités et les espaces. Laurent Huard est aussi l’archétype du travailleur de l’ombre, qui tente d’apporter parfois un petit grain de folie offensive. Et ce soir-là, ça a payé. Le fidèle public du stade de la route de Lorient est en délire, Rennes accroche in extremis la dix-huitième place du championnat et s’offre une palpitante session de rattrapage. En effet, grâce à l’égalisation inespérée de son jeune espoir durant le temps additionnel (1-1 contre Auxerre), le SRFC obtient le droit de disputer l’épreuve des barrages face au RC Strasbourg de Jacky Paillard, un ancien joueur de la maison rouge et noire (1990-1991). Pour Laurent Huard, le jour de la fête du muguet coïncide donc avec le lancement définitif de sa belle carrière professionnelle.

Laurent Huard, produit maison

Né à Fougères, tout comme l’ancien milieu de terrain stadiste Fabien Lemoine, Laurent Huard démarre sa carrière de footballeur dans le petit club local de Saint-Marc-le-Blanc, et ce, jusqu’à sa treizième année. Il intègre ensuite la section sport-études de Saint-Méen-le-Grand, une petite commune située à quarante kilomètres de Rennes, qui est surtout connue pour être le fief de Louison Bobet, l’ancien champion cycliste et triple vainqueur du Tour de France dans les années 1950. Bien conseillé par les talentueux éducateurs du centre mévennais, Laurent Huard y progresse rapidement, se distinguant comme l’un des élèves les plus consciencieux de sa génération. Suffisamment pour qu’il soit régulièrement convoqué au sein des sélections cadets et juniors de Bretagne, ou en équipe de France des diverses catégories de jeunes. Fort de débuts prometteurs, ses qualités ne passeront pas à travers les mailles du filet de la détection rennaise. C’est ainsi que Patrick Rampillon, le responsable du performant centre de formation des « Rouge et Noir », lui propose d’intégrer la section jeune du club phare de l’Ille-et-Vilaine.
Alors âgé de quatorze ans, « Lolo » Huard découvre les arcanes de la maison stadiste et raconte : « Tout s’est passé très vite, je m’entraînais tous les jours et j’allais à l’école en troisième, au collège Anne-de-Bretagne à Rennes  ». Patrick Rampillon se souvient également de son intégration au sein du club de la capitale bretonne : « C’était en mars 1987. Je crois bien que c’est un des premiers jeunes que j’ai fait entrer au centre. On l’avait vu en sélection. Un petit gabarit de quatorze ans ardent sur le côté droit ». À Rennes, la progression du joueur fougerais est régulière, et lui ouvre de belles perspectives d’avenir.

Après avoir essuyé les plâtres du centre de formation des « Rouge et Noir » durant cinq années, Laurent Huard découvre enfin l’univers du groupe professionnel. Il participe dans un premier temps aux entraînements collectifs, et s’aguerrit au contact de joueurs plus chevronnés. Dans la foulée, le jeune milieu de terrain breton franchit les étapes à la vitesse grand V, grâce notamment à son ardeur au travail, sa générosité sur le rectangle vert, ainsi qu’une volonté farouche de réussir sous les couleurs stadistes. Si bien que sa promotion du 16 décembre 1990 arrive comme une récompense naturelle, ou presque : alors qu’il n’est même pas encore majeur (17 ans et demi), il dispute ainsi son premier match parmi l’élite au Parc des Princes (1-1), contre le Paris Saint-Germain du génial Safet Susic. « C’est Raymond Kéruzoré qui m’a donné ma chance » se remémore Laurent Huard. Dès lors, le milieu de terrain récupérateur de Saint-Marc-le-Blanc ne quittera plus jamais le groupe professionnel. Entre 1990 et 1992, il dispute vingt-deux matches de première division.

Joueur de devoir

Arrivé en minimes au sein du club de la capitale bretonne, Laurent Huard devient par la suite un élément indispensable de l’entrejeu rennais, et ce durant neuf saisons consécutives au plus haut niveau. En effet, le petit milieu de terrain de Saint-Marc-le-Blanc est le prototype même du joueur qui s’épanouit dans l’ombre mais qui ne rechigne jamais à la tâche. Infatigable râtisseur de ballons, son apport en défense ainsi que son incessante activité sur les situations de contre se révèlent le plus souvent prépondérants. Et sans faire de bruit, Laurent Huard s’affirme, années après années, comme une « pièce maîtresse » du milieu de terrain stadiste. Toujours sur la brèche, il est régulièrement chargé de réfréner les ardeurs adverses. Joueur aux « trois poumons », il ne s’avoue jamais vaincu et récupère un maximum de ballons dans l’entrejeu.
Pendant deux saisons en D2, il joue cinquante-neuf matches et inscrit cinq buts. Laurent Huard est un véritable joueur de « club ». Il a l’amour du maillot et ne s’en cache pas. Et comme un symbole, c’est lui qui scelle définitivement la remontée du SRFC en D1, en marquant un but providentiel à Istres (victoire 1-0), lors de l’avant-dernière journée du championnat version 1993-1994. Rennes retrouve l’élite, Laurent Huard peut savourer. Le Stade rennais FC ne tarde pas à se hisser au niveau, et ce, dès son retour en première division. Laurent Huard n’est pas innocent à la stabilité bretonne (treizième puis huitième de D1). Sous la coupe de Michel Le Milinaire, il est devenu le métronome des « Rouge et Noir ».

Lors de l’exercice 1996-1997, Laurent Huard marque un but somptueux et nous montre une autre facette de son indéniable talent. Peu habitué à être sous les feux des projecteurs, le milieu de terrain fougerais est pourtant capable d’exploits, comme lors de cette dixième journée de championnat face à Montpellier (2-0). À la suite d’un corner de Kjetil Rekdal, repoussé difficilement par la défense héraultaise, il est en embuscade à plus de vingt-cinq mètres des buts adverses, et décoche une frappe sèche et tendue, qui part se nicher hors de portée du dernier rempart sudiste, Philippe Flucklinger. Un magnifique geste qui entraîne un superbe but. Peut-être même le plus beau de sa carrière.
Joueur de devoir, Laurent Huard n’est pourtant plus titulaire dans la formation de Paul Le Guen en 1999. Dès lors, la rupture avec son club de cœur est consommée : « J’avais une impression de blocage, je voulais jouer, alors j’ai demandé à partir, mais je n’en veux pas à Paul Le Guen. Mes relations avec lui ont toujours été bonnes, il y avait simplement à cette époque un joueur meilleur que moi » dira-t-il, en toute honnêteté. En effet, Christophe Le Roux et Édouard Cissé, notamment, évoluent un ton au-dessus de lui.

Stade rennais, exercice 1996-1997

L’atout cœur

Après avoir évolué l’espace de neuf années sur les bords de la Vilaine, et joué 202 matches de championnat pour quatorze buts, Laurent Huard quitte sa Bretagne natale pour l’Est de la France. Le joueur Fougerais pose ainsi ses bagages à Sedan. Mais il ne passe finalement qu’une seule saison dans les Ardennes, en 1999-2000. L’équipe ardennaise se classe finalement septième à l’issue du championnat et se qualifie pour la défunte Coupe Intertoto. De son côté, Laurent Huard dispute trente-et-une rencontres et trouve par deux fois le chemin des filets. Mais l’entraîneur de l’AS Saint-Étienne, Robert Nouzaret, a repéré les bonnes performances de l’ancien stadiste sous les couleurs sedanaises. Et pendant l’été 2000, Laurent Huard signe un contrat chez les « Verts », rejoignant ainsi le mythique club français.
Très vite adopté par le bouillant public du « Chaudron », l’ancien joueur rennais devient dans la foulée un acteur majeur du onze stéphanois. Mais quelques mois plus tard, Robert Nouzaret est limogé. Une crise terrible secoue alors l’AS Saint-Étienne. En effet, l’affaire des faux passeports empoisonne sérieusement la bonne marche du club. Sur le terrain, les résultats en pâtissent. Les retombées sportives sont quasi immédiates. Saint-Étienne descend ainsi en seconde division, pour le plus grand désarroi des nombreux supporters stéphanois. Mais faisant fi des convoitises, Laurent Huard décide malgré tout de poursuivre son aventure dans le Forez : « J’avais des contacts avec mes deux anciens clubs, le Stade rennais et Sedan, mais j’ai préféré rester avec Saint-Étienne ».

Puis, en avril 2001, le milieu récupérateur de Saint-Étienne s’écroule à deux reprises sur le rectangle vert. Le verdict est sans appel. Laurent Huard doit malheureusement mettre un terme à sa carrière en 2002, après que les médecins aient décelé une maladie cardiaque chez le milieu de terrain breton. En effet, des examens médicaux poussés (trois diagnostics concordants à l’appui) vont déceler chez lui une dysplasie ventriculaire avec des amas graisseux (malformation congénitale au cœur). « Lolo » est donc contraint de se faire poser dans la foulée un pacemaker. Alors âgé de 29 ans, et après avoir disputé quarante-neuf matches professionnels supplémentaires avec l’ASSE, Laurent Huard doit ainsi faire une croix définitive sur le football de haut niveau. Au total, le milieu de terrain fougerais aura joué la bagatelle de 314 matches professionnels (dont 195 en première division) et inscrit 15 buts à son compteur.

Laurent Huard ne quitte pas le milieu du ballon rond pour autant. Dès le mois de septembre 2002, il suit une formation pour devenir entraîneur et obtient son brevet d’État 1er degré quelques mois plus tard. De retour en 2003 dans la capitale bretonne, il intègre le staff stadiste et prend alors en charge le groupe des moins de 16 ans, qui évolue au niveau national. Par le biais d’un plan d’aide à la reconversion, il dirige ensuite les moins de 17 ans puis les moins de 19 ans. Après le départ de l’emblématique entraîneur Roumain Laszlo Bölöni pour la principauté de Monaco en 2006, les dirigeants stadistes lui proposent alors d’encadrer les jeunes joueurs de l’effectif, ce qu’il accepte avec joie. L’année suivante, il est largement plébiscité pour prendre la relève de Landry Chauvin en tant qu’entraîneur de la réserve du Stade rennais FC, et remporte ainsi la Coupe Gambardella en 2008, en duo avec Régis Le Bris. Un signe que Laurent Huard n’est pas prêt de quitter l’univers du football qu’il aime tant, lui, un homme qui aura toujours su défendre avec abnégation les valeurs du club phare de la Bretagne.

Toute l’équipe de Stade Rennais Online souhaite un prompt rétablissement à Laurent Huard.

Parcours :

Joueur :
1987-1999 : Stade rennais FC (223 matches pour 17 buts)
1999-2000 : CS Sedan-Ardennes
2000-2002 : AS Saint-Étienne

Entraîneur :
2003-2006 : Stade rennais FC (éducateur jeunes)
2006-2007 : Stade rennais FC (entraîneur-adjoint)
Depuis 2007 : Stade rennais FC (entraîneur de l’équipe réserve)

Sources :
www.poteaux-carres.com
- Archives Ouest France

Sources photos :
srfc.frenchwill.fr
- Archives Ouest France

Vos réactions (8 commentaires)Commenter
16 février 2012 à 14h28

superbe article,laurent revient vite les jeunes ainsi que le club ont encore besoin de toi.

Louis G16 février 2012 à 15h35

Laurent Huard un prototype exemplaire du Club Phare de la Bretagne ...joueur modèle et fidèle du Stade Rennais le joueur aux « 3 poumons » a hélas un problème congénital au coeur et doit arrêter prématurément son métier de footballeur à St-Etienne...le Stade Rennais lui est reconnaissant et lui offre un poste d’entraîneur éducateur à partir de 2003...que Laurent puisse assurer à nouveau ,au plus vite, son métier précieux pour son Club de coeur !...

Loeschbor16 février 2012 à 16h36

Bon rétablissement à Laurent Huard qui restera à jamais mon 1er joueur préféré.

Merci Rodi pour l’article.

Duhault16 février 2012 à 23h10

Bon rétablissement à Laurent Huard !

J’ai encore le souvenir de son but qui avait lancé notre saison 1998-1999 contre Auxerre (1-0), lors de la première journée. Une frappe enroulée pied droit, à l’entrée de la surface, qui avait laissé Fabien Cool pantois sur sa ligne. Premier match de Shabani Nonda avec le maillot du Stade Rennais.

C’est vrai qu’il a souffert de la concurrence d’Édouard Cissé, qui avait réalisé une saison pleine à Rennes. Qui se souvient de son but à Nancy (0-1) d’une frappe enroulée aux trente cinq mètres ? Dommage que l’on n’ait pas pu l’acheter par la suite. Mais quelle saison quand même !

Bel hommage de Nicolas avec, en prime, un titre (tout arrive). Il est gâté « lolo » pour le coup :p

16 février 2012 à 23h46

Courage à Laurent Huard.

J’avais discuté avec lui vers le triangle, un mec bien.
Portes toi bien !!!

Ton épisode me fait penser à mon père.
Et puis ça va le faire.

Comme joueur, perso j’adorais, un battant, sur le terrain tu sentais les valeurs et un amour du club.

Allez Laurent, on penses tous à toi.

17 février 2012 à 00h09

Pour la santé d’un mec qui fait honneur au club.
- Nicopicolo-

17 février 2012 à 00h23

Les 2 derniers messages étaient de moi.

Le principal, c’est de retrouver ler la santé, d’autant plus que c’’est quelqu’un de bien.

Allez Laurent, ta seconde famille pense à toi.

Nicopicolo

klose3517 février 2012 à 18h13

ce but dans les arret de jeux contre Auxerre...dans un stade plein comme un oeuf...une ambiance que peu de match ont retrouves depuis....j y etais....par contre derriere le stade avait chuter face a Srtasbourg...c etait au bon vieux temps des barrages....autres histoire

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