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15 mars 2011 | à 16h58

Comptes : le Stade rennais reste sage

Il y a un peu plus d'une semaine, la DNCG publiait son rapport annuel sur les comptes des clubs professionnels français. Toujours à l'équilibre, notamment grâce à l'apport du Groupe Pinault, le Stade rennais a vu ses ressources diminuer, et a poursuivi ses objectifs de réduction des coûts. Zoom sur l'évolution du chiffre d'affaires et de la masse salariale.

Comptes : le Stade rennais reste sage

En 2009-2010, le Stade rennais FC a généré un chiffre d’affaires de 44,9 millions d’euros. Un résultat en net recul par rapport à 2008-2009, puisque celui-ci avait alors atteint 50,5 millions d’euros, et n’avait pas été aussi bas depuis 2005-2006 (42,2 millions d’euros).
Un retour en arrière qui s’explique essentiellement par les résultats sportifs décevants qui ont accompagné Frédéric Antonetti pour sa première année à la tête de l’effectif professionnel. Les droits audiovisuels, devenus si importants ces dernières années (et proportionnés selon les résultats sportifs), ont logiquement observé un recul, en baisse de 3,4 millions d’euros entre les deux saisons. De même, les recettes de billetterie ont elles aussi connu un recul, alors qu’elles avaient été gonflées la saison précédente par le parcours jusqu’en finale de Coupe de France, et par trois rencontres européennes disputées route de Lorient.
Globalement, la part des droits audiovisuels (souvent appelés « droits TV ») dans le chiffre d’affaires du Stade rennais reste stable, entre 59 et 60 %. Un chiffre qui n’a que peu évolué ces trois dernières années, alors qu’il avait pris dix points entre 2004-2005 et 2006-2007.

Commentaire : Les droits audiovisuels augmentent significativement pour l’ensemble des clubs professionnels à partir de la saison 2006-2007, permettant au Stade rennais d’augmenter de près de 9 M€ son chiffre d’affaires. Ce dernier connaît néanmoins une baisse en 2009-2010 après plusieurs années d’augmentation.

Le Stade rennais reste dans la moyenne des autres clubs français en la matière. Parmi dix-huit des vingt clubs participants à la Ligue 1 2009-2010 [1], il pointe à la neuvième place, deux clubs dépassant même les 70 % de chiffre d’affaires réalisé sur les droits audiovisuels, en l’occurrence l’AJ Auxerre (77,8 %) et le FC Lorient (71,9 %). Mis à part Lille (68,6 %), les clubs les plus fortunés sont aussi ceux dont le chiffre d’affaires est le moins « gonflé » par les droits TV. Ceux-ci, comme le Paris Saint-Germain (38,6 %) ou l’Olympique de Marseille (49,7 %) peuvent également s’appuyer sur des recettes de billetterie, de sponsoring et de merchandising importantes, qui minimisent la part des droits audiovisuels.
En valeur absolue, ce sont pourtant eux qui se taillent la part du lion. Ultra-médiatisé, bénéficiant de son parcours victorieux en championnat et de sa participation à la Ligue des champions, l’Olympique de Marseille a ainsi touché 44,3 millions d’euros de droits audiovisuels de plus que le Stade rennais, soit près de dix millions d’euros de plus que la seule masse salariale du club breton.

En observant l’évolution du chiffre d’affaires des seize clubs restés continuellement en Ligue 1 depuis la saison 2006-2007 [2], plusieurs tendances se dessinent.
Les deux clubs ayant enregistré les plus fortes hausses de chiffre d’affaires sont logiquement Marseille et Bordeaux, qui ont connu une hausse de plus de 50 %. Les Olympiens ont ainsi augmenté leurs recettes de 50 millions d’euros en l’espace de trois ans, contre 40 millions d’euros aux Girondins. Les premiers commencent à chatouiller Lyon, toujours souverain en la matière, mais dont les deux dernières saisons sans titre ont érodé la suprématie. Les seconds devraient sérieusement rentrer dans le rang lors des prochains bilans, en l’absence de Ligue des champions cette année, et probablement lors de la prochaine. D’autres équipes, qui se sont confortablement installées en Ligue 1 ces dernières saisons en ont également profité pour augmenter leurs revenus. C’est le cas de Lorient (+29,1 % de chiffre d’affaires) et de Valenciennes (+16,5 %).
Outre ces quelques exemples, l’évolution des recettes est symptomatique des réussites sportives, voire de la participation (ou non) des équipes aux coupes européennes. Ainsi, un club comme Lille, qui passe d’une participation à la Ligue des champions 2006-2007 à aucune compétition européenne l’année suivante voit son chiffre d’affaires diminuer de 24 millions d’euros d’un seul coup.

Commentaire : Les chiffres d’affaires de Lille, Rennes et Lorient font pâle figure derrière l’argent généré par Marseille, pourtant deuxième chiffre d’affaire de L1 derrière Lyon. Le CA marseillais augmente de façon soutenue et continue. Celui de Lille connaît un contrecoup en 2007-2008 (saison sans compétition européenne) avant de repartir à la hausse. En comparaison, celui du Stade rennais reste globalement stable, alors que celui du FC Lorient, malgré une apparente stabilité, est en pleine croissance.

Aujourd’hui, le Stade rennais situe lui son chiffre d’affaires à la sixième place de ces seize clubs, dans un groupe qui compte également des clubs comme Monaco, Saint-Étienne, Auxerre et Toulouse. Sans grande surprise, Lyon, Marseille, Bordeaux et Paris squattent les premières places et maintiennent leur écart. Lille s’intercale pour sa part entre ces deux groupes, mais nul doute que ses bons résultats cette saison devraient lui permettre de se rapprocher du quatuor de tête, et de Paris en particulier.
En ratant l’opportunité Arkéa en 2009 [3], le Stade rennais a peut-être manqué une occasion de s’extraire de son groupe, et de suivre la voie tracée par le LOSC.

Une augmentation durable des recettes est évidemment obligatoire pour pouvoir assumer un gonflement de la masse salariale. Aujourd’hui, celle-ci constitue le principal poste de dépense des clubs, certains n’ayant pas hésité à y investir considérablement.
C’est le cas de Marseille et Bordeaux, dont les coûts salariaux ont progressé plus rapidement que les chiffres d’affaires (le chiffre d’affaires de Bordeaux augmente de 52,2 % sur trois ans, alors que sa masse salariale augmente de 70,5 % sur la même période). Les « petits clubs en expansion » y ont également investit massivement, avec comme meilleur exemple Valenciennes qui a quasiment doublé sa masse salariale en l’espace de trois ans. En moyenne, la masse salariale des clubs restés en L1 depuis 2006-2007 a augmenté de près de 34 %.

Commentaire : Les masses salariales suivent globalement l’évolution des chiffres d’affaires. Celle de Marseille ne cesse d’augmenter, et augmente même encore plus rapidement, alors que celle de Lille connaît une croissance plus relative mais bien réelle. Le Stade rennais l’a lui réduite, tandis que la masse salariale lorientaise augmente de façon globalement régulière.

Le Stade rennais est lui l’un des rares clubs à avoir opté pour une gestion plutôt prudente de sa masse salariale. Si celle-ci a augmenté de 18 % depuis 2006-2007, elle est en recul sur les deux dernières saisons, et devrait encore diminuer lors du bilan 2010-2011 au vu de la réduction et de la jeunesse de l’effectif.
Entre 2008-2009 et 2009-2010, seul un club du même « chapeau économique » que le SRFC a vu sa masse salariale diminuer, en l’occurrence Toulouse. Les trois autres clubs à emprunter cette voie figurent tous parmi les petits budgets de la Ligue 1 2009-2010 (Nice, Sochaux et Le Mans). Sur les trois dernières années, seul un club comme Monaco a finalement réduit drastiquement sa masse salariale, conséquence des mauvais résultats engrangés ces dernières années (-22,6 % sur trois ans).
Huitième masse salariale de Ligue 1 pour 2009-2010 alors qu’il possédait la sixième en 2008-2009, le Stade rennais devrait donc encore rétrograder en 2010-2011. Dans la norme il y a deux ans, il est aujourd’hui près de huit millions d’euros en-dessous de la moyenne des « locataires réguliers » la Ligue 1, portée en 2009-2010 à 43,5 millions d’euros de masse salariale (contre 35,9 millions d’euros au SRFC).

Commentaire : Le graphique présent la masse salariale en 2009-2010 des seize clubs restés en Ligue 1 entre 2006-2007 et 2009-2010. On mesure le gouffre existant entre Lyon, Marseille et les autres clubs de Ligue 1. Bordeaux et Paris suivent avec de bons totaux, mais déjà à bonne distance, alors que Lille est dans une position intermédiaire entre les « quatre gros » et les autres clubs.

Un mauvais calcul ? Pas nécessairement. Devant l’éternelle incertitude sportive (ce dont Bordeaux risque de faire l’amère expérience en ne se qualifiant pas pour la deuxième saison consécutive en Ligue des champions), confrontés également à une probable diminution des droits audiovisuels et à une baisse des recettes engrangées via les transferts de joueurs, les clubs risquent d’avoir de plus en plus de mal à assumer une masse salariale importante.
Reste qu’une qualification européenne en fin de saison - synonyme de ressources supplémentaires - devrait signifier un renforcement de l’effectif pour pouvoir jouer sur plusieurs tableaux, et donc l’augmentation d’une masse salariale que le club s’est efforcé de réduire depuis 2008. C’est là que devrait jouer à plein le soutien financier du Groupe Pinault, d’autant plus si les droits audiovisuels sont appelés à être réduits. Un avantage dont ne peuvent pas se targuer tous les clubs de l’élite.

Notes

[1Chiffres indisponibles pour le RC Lens et l’Olympique lyonnais.

[2Ce qui exclut pour l’édition 2009-2010 de la Ligue 1 Boulogne, Grenoble, Lens et Montpellier, ayant tous goûté à la L2 entre-temps, mais qui inclut Le Mans, descendu depuis.

[3À travers une opération de naming sur le stade de la route de Lorient, le club aurait pu augmenter ses ressources sponsoring. Les sommes évoquées alors aurait pu gonfler de 6 M€ par an sur cinq ans le chiffre d’affaires du club.

Vos réactions (13 commentaires)Commenter
Louis G15 mars 2011 à 17h24

La ville métropole de Rennes devra s’investir à l’avenir pour trouver de nouvelles recettes !...on ne pourra pas compter tout le temps sur Mr Pinault et les recettes TV...le centre de formation reste pour l’instant le meilleur investissement du Stade Rennais !!...

takac15 mars 2011 à 17h29

article très intéressant et qui fait peur pour les clubs qui ne sont pas sages,.....si les droits TV diminuent.
Rennes alors sera bien armé

Mathieu15 mars 2011 à 18h00

Petit rectificatif : Lens avait une masse salariale supérieure à celle de Rennes en 2009-2010 avec 36,1 M€. Rennes est donc même la 9e masse salariale sur la saison précédente... et probablement 10 ou 11e cette année. Le but de Rennes est donc de dépenser l’argent qu’il a gagner et non l’argent qu’il gagnera. Financièrement, Rennes n’a donc pas d’impératif sportif (si ce n’est dans les 8-9 premiers).

Une stratégie complètement différente du LOSC donc qui dépense près de 90% de son chiffre d’affaire dans sa masse salariale. Le revers de la médaille est que Lille doit être sur le podium en fin d’année ou dans le cas inverse réaliser des ventes chaque année pour équilibrer son budget (et peut remercier Lyon sur ces dernières années pour ses achats nombreux).

Deux politiques financières et stratégiques, aux prises de risques différentes, mais deux modèles de gestion !

damvanou15 mars 2011 à 18h59

au vu de ces chiffres et de la réusite actuelle du club, les finances du stade rennais sont quand même très bonnes et bien utilisées. reste le problème du nom du stade car avec cet argent le stade rennais aurait pu diversifier ses apports d’argents, et donc prendre de l’avance sur les autres clubs. Aujourd’hui le stade n’est pas plus en en retard que les autres mais si on ne veut pas finir comme le FC Nantes à 100 km de Rennes et qui végète en ligue 2 depuis 2 ans il va falloir prendre es opportunités qui se présentent. Un apport de 6 millions D’euros pendant 5 ans (je crois) auraient beaucoup apporté, j’en suis convaincu. J’espère juste que certains ne regretteront pas leur véémances.
Il y a quand même une satisfaction dans ces graphiques, c’est que soit la ville de Rennes ou Rennes Aglomération voir le département ou la région ne donne aucunement de financement. Le délégué aux sports de la commune nous l’avait expliquer et ça se confirme.

Sylvain15 mars 2011 à 19h26

@ Mathieu : le RC Lens n’est simplement pas pris en compte. Il est bien précisé dans l’article que ne sont pris en considération que les seize clubs qui ont joué en L1 sans discontinuer de la saison 2006-2007 à la saison 2009-2010.
Ceci pour une raison assez simple : une descente en Ligue 2 est synonyme de chute brutale des revenus, notamment en termes de droits TV. J’ai donc préféré faire des comparaisons « à chances égales ».
Par contre l’exemple lensois montre bien ce que risquent les « historiques » comme Monaco en cas de descente en L2, voire les « clubs en expansion » qui gonflent leur masse salariale trop vite. Le RCL a dû significativement diminuer sa masse salariale, et est toujours étroitement surveillé par la DNCG. Bref, pour un club qui vient juste de monter ou qui a été raisonnable, une descente reste gérable, mais c’est catastrophique pour un club type RC Lens.

Léon15 mars 2011 à 19h29

Projet de naming avorté

Le Crédit Mutelle Arkéa avait conclu avec le Président DE St SERNIN une opération de naming concernant l’enceinte de la route de Lorient en proposant 30 M d’euros sur cinq ans, soit une trésorerie supplémentaire 6 M d’euros/an. Les élus locaux, Agglo, Département ont fait capoter ce projet de développement.Ces collectivités ont fait de l’ingérence dans la recherche de moyens nouveaux pour le SR et c’est d’autant plus incensé qu’elles n’accordent aucun financement au Stade Rennais. C’est une entrave au développement du SR puisque celui-ci reverse à ces collectivitée des sommes considérables. Léon

15 mars 2011 à 20h33

@ Leon

Les premiers à avoir refuser ARKEA ne sont pas les élus mais certains supporters s’opposant au foot-business... Les élus ont seulement suivi.

pepe15 mars 2011 à 22h09

pour cette gestion, on peut remercier Monsieur Pierre Dréossi !! Car même si certain n’ont pas aimés les ventes de Gyan et de Bangoura, cela a permit de gonfler le CA du stade....

16 mars 2011 à 07h43

C’est vrai que c’était vent debout contre Fortuneo Stadium. Perso je vais toujours en Mordelles qu’est ce que ça change...

grobulrouge16 mars 2011 à 11h03

souhaitons un retour du credit mutuel arkéa(fortuneo) dans les années a venir
pour diversifier les acteurs financiers du stade rennais
et creer une dynamique evolutive sur le long terme( avec l’actionnaire principal)l nous aurions une serenité que tous les clubs n’ont pas et qui est profitable au club,on a bien vu depuis que francois pinault est arrivé que cette dimension avait permis au club de se positionner dans la premiere partie du championnat. dans les temps plus anciens ce n’etait pas le cas ou l’objectif etait de plutot de rester en ligue 1
le club phare de bretagne pourrait peut etre alors squatter les toutes premieres places ...

Christophe16 mars 2011 à 12h43

Bonjour,
Je vois dans le CA des revenus de billeterie, de sponsors et de droits TV, La vente de joueurs ne rentre pas en compte ?

Mathieu16 mars 2011 à 12h44

@pepe Les ventes de Gyan et Bangoura n’ont aucun impact sur le CA du club.

Les achats/ventes de joueurs sont comptabilisés en « résultat des opérations de mutations » qui est distinct du résultat « opérationnel ». Il se rapproche en quelque sorte du résultat exceptionnel (cession d’actifs) en comptabilité.

Ces ventes seront de plus comptabilisées sur l’exercice 2010-2011, publié l’an prochain ;).

17 mars 2011 à 08h42

Ouf un article et des commentaires qui expliquent sérieusement la politique du club

n’en déplaisent à certains qui nous voient gagner la LC ou acheter a prix d’or des stars vieillissantes....

La réalité est là !

nous faisons avec nos moyens et cette année nous le faisons bien !!!

Go on ....

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