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14 décembre 2010 | à 12h01

« Le foot, c’est avant tout un plaisir »

Portrait. Cruellement sélectif, le système de formation laisse une multitude de joueurs sur le bord de la route qui mène au professionnalisme. Chaque année, ils sont nombreux ceux qui, comme Alexis Raud (ancien pensionnaire du centre de formation du Stade rennais) profitent de la Coupe de France pour toucher du doigt ce à quoi ils auraient pu être destinés. À travers son exemple - un parmi tant d'autres - ce que peut être le parcours d'un jeune footballeur, loin des ors de la Ligue 1.

« Le foot, c’est avant tout un plaisir »

La Coupe de France, c’est l’éternelle histoire de la revanche des amateurs sur les professionnels, de tous ces éléments sacrifiés par les centres de formation, qui l’espace d’un soir ou deux ont l’occasion d’affronter les professionnels qu’ils auraient aimé être.
À Nantes samedi soir, la Beaujoire était le cadre d’un derby insolite entre le « grand » FCN et son « petit » voisin, l’USSA Vertou, modeste club de l’agglomération nantaise qui évolue en CFA2. Côté nantais, l’occasion de retrouver pas moins de sept anciens joueurs formés à la Jonelière, désormais sous les couleurs rouges et blanches de la « Sainte-Anne ».

Un Nantais à Rennes

Pour Alexis Raud, le benjamin de l’équipe vertavienne, comme pour nombre de ses coéquipiers, un match forcément particulier. « J’ai joué au FC Nantes de poussins deuxième année jusqu’à la préformation », nous raconte t-il. Né à Nantes, Alexis aurait pu entrer dans la tradition de ces joueurs locaux formés au club, qui font la fierté des supporters. Mais à l’âge de quinze ans, la route qui mène vers l’équipe pro se referme.

Alexis Raud en 2007 (source staderennais.com)

_ « Je n’ai pas été conservé, pour diverses raisons, explique Raud. Jean-Claude Baudoin, le directeur de la préformation à l’époque, m’a envoyé à Rennes faire des essais ». Un choix qui fait mal, mais qui lui ouvre la porte du centre de formation du Stade rennais. Ses essais concluants, Alexis Raud est recruté par Patrick Rampillon et son équipe, et intègre la génération 1991 des "Rouge et Noir".

Loin de la rivalité qu’entretiennent les deux camps - du moins dans les tribunes (« Cette rivalité, c’est plus pour les supporters. À l’intérieur des clubs, on la ressent moins ») -, le jeune joueur découvre un nouvel environnement. « C’est vrai qu’avant je n’aimais pas forcément le Stade rennais, admet Alexis. Mais depuis que j’y ai joué, je respecte ce club pour son état d’esprit et sa formation ». A contrario, le FC Nantes baisse sérieusement dans son estime. « Le FCN m’a beaucoup déçu, continue t-il. Je ne prête plus attention à ce club ». En cause, beaucoup de choix que le jeune joueur n’a pas compris, concernant la formation, le recrutement, et la présence de certaines personnes au sein du club. « Aujourd’hui, cela n’a pas changé. Ça a même empiré », juge t-il.

« M’Vila était un exemple »

Trois années de formation débutent. Raud en conserve « de très bons souvenirs », et notamment un match face à Auxerre, disputé lors de sa première année, au célèbre tournoi de Montaigu (une compétition disputée le week-end de Pâques, ouverte aux équipes de moins de 17 ans). « Je jouais aux côtés de Brahimi, M’Vila, Le Tallec... », se souvient-il. Avoir été le coéquipier du jeune international sonne d’ailleurs désormais comme une « fierté ». « M’Vila a toujours été au-dessus, mais il travaillait, raconte Alexis. C’était un exemple, et il était modeste en plus ! À chaque match où il fallait se montrer et être bon, il était présent ».
En comparaison avec la génération 1990, championne de France des 18 ans, vainqueur de la Coupe Gambardella, les 1991 ont de quoi faire des complexes. Génération « de transition », peu de ses joueurs parviennent à percer, et ses « leaders » Julienne et Jebbour attendent d’ailleurs toujours de faire leurs premiers pas en équipe première. À la sortie du centre de formation, en 2009, c’est le grand ménage. Des onze joueurs de cette génération, seuls cinq sont invités à rester et se voient proposer un contrat stagiaire pro [1].

Les 1991, génération perdue (photo officielle 2008-2009, source staderennais.com)

Dans la charrette, Alexis Raud ne regrette pas son expérience au centre de formation. « J’ai côtoyé de bons joueurs et de très bons coachs, se félicite le jeune joueur. J’ai progressé, je le ressens aujourd’hui ». La perspective de ne pas avoir continué à frayer son chemin au Stade rennais, elle, ne semble étonnamment pas l’émouvoir. « Ne pas passer pro à Rennes ne m’a pas déçu, car le niveau est très élevé », explique t-il. Et l’espoir généralement commun aux jeunes joueurs de faire de leur sport un métier ? « Ça peut paraître bizarre, mais je ne me suis jamais posé la question durant ma formation et je ne me la pose toujours pas. Pour moi le foot c’est avant tout un plaisir, et j’avais perdu ce plaisir durant ma dernière année à Rennes. J’en avais marre d’être tout le temps jugé, de la pression, de la concurrence malsaine... ».
Libéré par le Stade rennais, Alexis retourne à Nantes, et rejoint donc l’USSA Vertou, où il évolue désormais en équipe première. En parallèle, il a repris des études (« un BTS management des unités commerciales »), alors qu’il avait tenté au centre de formation de suivre des cours par correspondance en faculté d’économie.

« Difficile de rivaliser »

Avec le maillot de Vertou (source ussa-vertou.com)

Pour sa seconde saison à Vertou, la magie de la Coupe de France opère. Le club de Loire-Atlantique réalise l’exploit d’éliminer deux équipes de niveau supérieur, Les Herbiers (CFA, 1-1 puis 4-2 aux tirs au but) et surtout Plabennec (National, 0-0 puis 3-1 aux tirs au but), avant que le tirage au sort du huitième tour ne lui réserve le FC Nantes. Pour Alexis Raud, la perspective de jouer à la Beaujoire sonne alors comme « une fierté », et « non pas une revanche » sur le club qui n’a plus voulu de lui il y a quatre ans.
Samedi, privé de plusieurs éléments suspendus, dont son capitaine et son arrière droit (« deux joueurs très importants »), Vertou n’est pas parvenu à bousculer son grand frère jaune et vert. « Sans eux, je pense que ce sera difficile de rivaliser », expliquait, à raison, Alexis avant la rencontre. Courageux, les Vertaviens auront fait bonne figure, mais auront dû s’incliner par deux fois, sur des buts marqués au début de chaque mi-temps (2-0). La fin d’une belle aventure, mais l’espoir de la rééditer la saison prochaine. Avec la possibilité de passer en trente-deuxièmes et de jouer cette fois contre le Stade rennais ? « Oui qui sait ? Je signe tout de suite ! ». Le rendez-vous est pris.

Alexis Raud

Né le 12 mars 1991 à Nantes (44)
1.84 m, 75 kg
Poste : Milieu défensif, milieu relayeur

Parcours :
- FC Nantes-Atlantique (2001-2006)
- Stade rennais FC (2006-2009)
- USSA Vertou (depuis 2009)

Merci à Alexis Raud pour sa disponibilité et sa gentillesse.

Notes

[1Frank Julienne et Yassine Jebbour, désormais pros, mais aussi Vincent Le Boulaire, Quentin Rouger et Slimane Sissoko qui évoluent cette saison en CFA

Vos réactions (6 commentaires)Commenter
Louis G14 décembre 2010 à 16h52

Tous les jeunes des centres de formation ne peuvent pas devenir professionnels ; mais ils ont une bonne formation générale qui leur permet de se former à un métier tout en continuant à jouer au foot pour leur plaisir !...c’est donc une expérience intéressante et l’exemple d’Alexis Raud est là pour le montrer !...beaucoup de jeunes aimeraient bien faire un tel parcours !...

cris2215 décembre 2010 à 09h09

Il est normal que beaucoup de joueurs échouent dans les centres de formation car pour la plupart, ils sont tous coulés dans le même moule. C’est d’ailleurs pour ça que le stade rennais sort énormément de joueurs physiques et defensifs et très peu d’attaquant. Les qualités techniques des joueurs ne sont pas le critère prioritaire, on met plutôt l’accent sur des grands bourrins. On voit depuis quelques années ce que ça donne au niveau du jeu du stade rennais. A long terme, cette politique nous enverra dans un mûr car pour avoir des résultats et de l’engouement, il faut des attaquants et du spectacle. Prenez exemple sur Lilles et Paris.

15 décembre 2010 à 10h24

Gourcuff, Marveaux, Didot, Lemoine, Wiltord, Bigné, Huard, Brahimi, M’Vila, Kembo, Danzé, Mvuemba, Réveillère, et j’en passe... tous des bourrins sans aucunes qualités techniques ? C’est beau les clichés...

OSCARINO15 décembre 2010 à 10h40

c’est vrai que paris est reconnu pour sa formation....

15 décembre 2010 à 13h28

c’est sur que paris ou lille ont un grand centre de formation, le 3/4 des joueurs lillois et parisien ont été formé dans d’autres clubs.... Sinon c’est vrai que sakho est un joueur technique....

fada2915 décembre 2010 à 13h59

Bonjour.RENNES meilleur centre de formation pour info.Cest vrai qu’a la base ils sont plus nombreux,un peu comme dans tous les sports et en général les meilleurs sont au final,mais comme partout il y a des exceptions.Par contre c’est une connerie de prendre au départ des clients de plus d’un mètre quatre vingt,car on peut être petit et très bon.Une autre abérration c’est de muscler à outrance des joueurs de gabarit petit ou moyen,ils sont « déformés » n’ont plus l’équilibre naturel et malheureusement n’ont pas la capacité d’encaisser toutes ces charges de travail (beaucoup de blessures ).Un exemple PLATINI n’a jamais eu les épaules de marveaux.Le corps d’un sportif doit rester le plus proche du naturel,sinon pépins et tous ne peuvent pas suivre,d’ou critère d’élimination en plus du reste.Bon vent à notre centre de formation.ALLEZ RENNES !!!!

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