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15 mars 2012 | à 12h05

Mathieu Le Scornet : « L’école de football véhicule une bonne image »

Mathieu Le Scornet, responsable de l'école de football du Stade Rennais depuis quatre ans, fait partie de cette brochette d'éducateurs méconnus du grand public qui abattent un travail considérable au niveau de la formation. Avec une mission simple, mais non sans intérêt : dénicher et faire progresser les talents en herbe de demain.

Mathieu Le Scornet : « L'école de football véhicule une bonne image »

Stade Rennais Online : L’école de football du Stade Rennais fait-elle partie à part entière du centre de formation ou faut-il dissocier les deux volets ? Et qu’en est-il au niveau du club ?

Mathieu Le Scornet : « C’est une partie intégrante du club. Et dans l’avenir, si on regarde de plus près le projet du Stade Rennais, l’école de football se rapprochera de plus en plus du centre de formation. Pour avoir une bonne formation, il faut aussi une bonne pré-formation, notamment au niveau des jeunes âgés de quatorze et quinze ans. C’est quand même primordial dans le sens où 80% des jeunes issus de l’école de football sont originaires de Rennes et de ses alentours. En les détectant tôt, ce sont aussi de futurs candidats pour les effectifs des différentes catégories jeunes du club. On se rend aussi compte qu’il y a de la qualité chez les jeunes de Rennes. Notre principale mission ? C’est de pérenniser l’esprit de compétition et tenter d’attirer ces enfants, en faisant venir les meilleurs pour les accompagner tout au long de leurs parcours au Stade Rennais. »

SRO : Quelles sont les valeurs que vous véhiculez auprès de ces jeunes joueurs ?

M.L.S. : « C’est très simple ! Le respect, l’écoute et le plaisir. Le but, c’est vraiment d’apprendre à jouer au football dans un bon club. Au delà de la construction du joueur, il y a aussi celle de l’individu. Et c’est le plus important. »

SRO : On peut parler de « formatage » à votre niveau ?

M.L.S. : « Sur le plan des valeurs et de l’état d’esprit, il y a un socle humain. En revanche, sur le plan du football, il est hors de question que l’on « formate » un jeune joueur car, selon moi, il doit conserver ses qualités et, si possible, sa créativité. »

SRO : À votre échelle, vous comprenez que certains joueurs soient écartés, sous prétexte qu’ils ne répondent pas à certaines normes physiques ? Prenons le cas de Jonathan Isambart par exemple.

M.L.S. : « On a une tendance, et je pense que le problème est très français, de trop se fixer sur les défauts des jeunes joueurs. Du coup, on oublie d’accorder une grande importance à leurs principales capacités. Mais ce n’est pas propre qu’à Rennes, c’est un peu partout pareil en France. Chaque pays, chaque championnat est différent. En France, par exemple, on a une Ligue 1 physique et dure. Il est vrai que Jonathan (Isambart) mérite d’émerger vu son sens du jeu, ses qualités techniques et même physiques, parce que c’est quelqu’un de tonique, capable de répéter les efforts. Maintenant, un joueur comme lui, il peut jouer. Mais, de là à être performant tout de suite... C’est aussi une volonté et une politique du club. Tout dépend après de ce que l’on recherche. Si l’on souhaite que les attaquants soient servis, on trouvera son compte avec lui. Parce qu’il y en a des « puces » comme lui dans le championnat de France, à Sochaux par exemple. Mais quand on regarde le classement d’aujourd’hui, on voit que cette équipe a quelques manques. Les exigences au Stade Rennais ne sont pas les mêmes que les autres clubs, c’est également un point qu’il faut prendre en compte. Jonathan, c’est un bon joueur, sur lequel le club a compté, puisqu’il était là depuis les U15 première année. Mais le temps n’a pas parlé pour lui. On aurait voulu qu’il soit un peu plus haut, un peu plus costaud et ça l’aurait fait largement. Maintenant, ce n’est pas le cas. S’il n’est pas victime de cet échec, il rebondira sans problème car il y a des championnats qui sont faits pour lui. Encore faut-il qu’il ait le caractère de vouloir s’affirmer. »

« En composant avec ça, c’est difficile de créer un esprit club »

Wesley Saïd (1995), un des grands espoirs du Stade Rennais dans les années à venir, a fait ses premiers pas au sein de l’école de football.

SRO : Votre travail est-il reconnu par le club ?

M.L.S : « Déjà, avec mon équipe, je pense que l’on fait du très bon travail avec les jeunes. Maintenant, il faut voir quel projet va être mis en place autour des gens qui s’occupent de l’école de football. Me concernant, on verra si je fais partie de ce projet ou pas (il est en fin de contrat, ndlr). Pour l’instant, je ne sais pas. »

SRO : De l’extérieur, on a un peu l’impression que l’organe dont vous vous occupez est un peu délaissé. C’est aussi votre sentiment ?

M.L.S. : « On est un peu dans le monde de l’entreprise, il faut constamment montrer que l’école de football a sa place. Pour cela, il faut produire des joueurs. De ce fait, il y a des jeunes qui sont sortis, pas forcément à Rennes. Certains, dans l’avenir, deviendront peut-être professionnels après être passés par l’école de football. Il y en a un qui devrait bientôt arriver (Wesley Saïd, ndlr). Je pense que l’on répond aux différentes attentes du club. On est quand même un bon moyen de promouvoir l’image du Stade Rennais, en participant à de nombreux tournois en France. Puis, on véhicule une bonne image dans nos catégories, en termes de jeu et de convivialité. »

SRO : Combien y-a t-il de licenciés au sein de l’école de football ?

M.L.S : « Il y a cent dix-sept licenciés, en ne comptant pas la section amateur. Mais hélas, pas de féminines, vu que l’on n’a pas de structure. Certaines filles, devenues professionnelles, sont passées par nos rangs (Anaïs Bounouar qui joue à Soyaux, Audrey Février à Guingamp-Saint-Brieuc, ndlr). On verra dans le futur. Pour les encadrants, il y a un entraîneur et un dirigeant pour chaque équipe (une équipe U8, deux équipes U9, quatre équipes U11, trois équipes U13, ndlr). Donc, nous sommes vingt personnes à encadrer la structure. »

SRO : Existe-t-il un quota spécifique concernant le tremplin entre l’école de football et le centre de formation ?

M.L.S. : « Pas du tout ! C’est la qualité qui prime sur le reste. Si aujourd’hui, il doit y en avoir trois, il y en aura trois. Si demain, il doit y en avoir dix, il y en aura dix. »

SRO : Est-ce qu’il y a des choses à améliorer selon vous au niveau de la structure ?

M.L.S. : « Aujourd’hui, l’objectif serait que l’on se rapproche de la section élite. Si l’on pouvait bénéficier des mêmes conditions, ce serait bien. Après, est-ce qu’on le mérite ? Je ne sais pas. Mais voir la création d’une unité de lieu me paraît important, y compris pour la section amateur. Les terrains de la Piverdière nous sont alloués, mais pas les vestiaires. Ce qu’il faut savoir, c’est que les sites d’entraînement sont dispatchés dans toute la ville de Rennes (par exemple, les amateurs s’entraînent et jouent la plupart du temps à la Bellangeraie, ndlr). En composant avec ça, c’est difficile de créer un esprit club. »

SRO : Qu’est-ce que vous mettez en œuvre pour attirer les enfants dans les équipes jeunes du Stade Rennais ?

M.L.S. : « Tous les ans, on met en place des journées de détection, destinées aux enfants de sept à treize ans. La première des observations est effectuée par les éducateurs le samedi, jour de match. De mon côté, j’ai une mission sur tout le département pour dénicher des joueurs pour l’école de football. Donc, dès que les rencontres des jeunes sont terminées, on se balade en Ille-et-Vilaine pour le recrutement. Pour les modalités d’inscription, c’est par sélection. En revanche, pour les journées portes ouvertes, c’est libre d’accès. Elles ont lieu pendant les vacances de février. Et après, c’est au cas par cas pour ceux qui auraient manqué cette étape. Les gamins passent essentiellement des tests techniques, puis on passe ensuite au jeu. »

SRO : Vous avez des critères de sélection spécifiques pour ce recrutement ?

M.L.S. : « On fait attention à l’attitude, on tente de déceler s’ils aiment le sport ou pas. Après, on a des exigences sur la maniabilité du ballon, le goût de l’effort et le sens du collectif. »

SRO : Il y a des joueurs passés par l’école de football du Stade Rennais qui sont devenus professionnels ?

M.L.S. : « Pas encore sous ma houlette, puisque cela fait quatre ans que je suis à ce poste. J’ai démarré avec la génération 1994, qui est aujourd’hui en U19 avec Régis Le Bris. Il y aura peut être quelques éléments qui sortiront de cette promotion. Des générations antérieures, il y a eu Aurélien Montaroup, Maxime Le Marchand et Lindsay Rose. Seul Aurélien joue en ce moment en Ligue 1, mais j’espère qu’il y en aura d’autres à l’avenir. Et il y en aura (sourire)... »

SRO : Y a-t-il eu certains départs de joueurs durant leur cursus de formation, en l’occurrence celui de Lindsay Rose, qui vous ont chagriné ?

M.L.S. : « Ce sont les aléas de la vie et du football. Il faut aussi prendre en compte que chaque progression n’est pas linéaire. Après, c’est aussi une question de confiance, il y a des joueurs qui plaisent, d’autres pas. Que le petit réussisse (Lindsay Rose, ndlr), c’est tant mieux, et ce, même si ce n’est pas à Rennes. C’est vrai que c’est dommage car on se dit +Il est originaire de Rennes, il est de chez nous et il éclate ailleurs...+ Mais la route est longue, il y a des Julien Féret qui sont revenus. Pourquoi pas lui ? »

« Le côté commercial a pris le dessus sur l’aspect humain »

Après après joué de longues années au sein de la section amateur du club, Mathieu Le Scornet joue depuis à l’US Liffré, en Promotion d’honneur.

SRO : La formation a toujours fait partie de vos aspirations ?

M.L.S. : « Maintenant, oui ! C’est toujours pareil, quand on est petit, on rêve de... Puis, quand on arrive à un niveau et que l’on stagne, ce n’est plus la peine de continuer. J’ai eu la chance de rencontrer Didier Le Bras (qui travaille maintenant avec lui au niveau de l’école de football, ndlr) qui m’a conseillé de me lancer dans cette voie. À ce moment-là, un poste était vacant au club pour s’occuper des petits. C’est là que j’ai vraiment pris goût à la formation en travaillant avec eux. Notre volonté, c’est vraiment de transmettre aux jeunes ce que l’on a vécu. Ce que les jeunes connaissent, je l’ai aussi connu. On leur fixe un projet, qu’ils soient amateur ou élite. J’essaye d’être le plus explicite avec les petits, en étant le plus franc possible. De mon côté, j’ai compris très vite que je n’avais pas la marge de progression pour jouer au haut niveau, même si j’ai évolué avec Sylvain Macé et Sébastien Le Toux. Je faisais partie des joueurs d’appoint, mais j’ai bien progressé dans le sens où j’avais aussi le même profil d’entraînement. »

SRO : Depuis peu, vous vous êtes lancés dans un projet de stage avec William Stanger. Vous en discutiez depuis longtemps ?

M.L.S. : « En fait, William est toujours en activité. Il a eu un petit moment de doute dans sa carrière avant de se relancer au Poiré-sur-Vie, en National, où cela se passe bien pour lui. Il a le niveau qu’il revendiquait et c’est une bonne chose. Mais il avait un peu anticipé les choses avec un projet de stage. Du fait qu’il joue encore, c’est compliqué pour lui d’être au cœur de ce projet, notamment dans sa mise en place. C’est pour cela qu’il m’a confié des responsabilités, en devenant le principal éducateur de ses stages. Cela fait trois ans que cela fonctionne et on part sur une quatrième année. On tente de faire vivre les jeunes, pendant une semaine, comme des professionnels en leur proposant des plages horaires d’entraînement définies. L’avantage en été, c’est que l’on peut aussi diversifier les activités en jouant sur la plage, en salle, en travaillant aussi sur des supports vidéos... On les reçoit à Saint-Malo, sur le site de Marville. Donc, on offre vraiment de bonnes conditions aux gamins. »

SRO : N’y avait-il pas dernièrement un projet d’agrandissement ?

M.L.S. : « Si, il y avait un projet de deuxième site. Mais nous sommes bloqués pour le moment sur les disponibilités de chacun, ce qui remet en question le projet pour cette année. Mais cela devrait voir le jour dans les saisons à venir. C’est intéressant de travailler avec les jeunes durant ces stages d’été, puisque cela me permet aussi de voir les bons joueurs. J’ai déjà proposé à quelques uns de venir s’entraîner, puis de signer à Rennes. Ce genre de stage permet d’ouvrir une première porte, s’ils veulent ensuite me rejoindre. C’est également une vraie publicité pour le Stade Rennais. »

SRO : Comment se fait-il que vous ne fassiez pas ce travail avec le Stade Rennais puisque, lui aussi, propose des stages durant l’été ?

M.L.S. : « C’est le point dommageable ! Ce qu’il faut savoir, c’est que ce projet aurait pu se faire entre William Stanger et le Stade Rennais. Mais le club n’a pas donné une suite favorable, alors qu’il avait été loin dans l’explication de son projet (à ce moment précis, le Stade Rennais ne proposait pas de stages pour les jeunes, ndlr). C’est vraiment regrettable ! Et ça l’est encore plus quand on voit qu’il n’y a pas d’éducateurs du Stade Rennais, lors des stages qu’ils proposent l’été... Après, c’est aussi le jeu de la concurrence. C’est dommage qu’il n’y ait pas de lien entre les stages et l’école de football du Stade Rennais. Avec William, ancien vainqueur de la Coupe Gambardella à Rennes, on était en plein dedans. On pouvait faire la liaison avec l’école de football du Stade Rennais, vu que j’en suis le responsable. Mais le côté commercial a pris le dessus sur l’aspect humain. Et je n’ai pas de réticences à le dire. On aurait pu faire de belles choses : proposer un suivi personnalisé sur l’année, rassembler beaucoup de personnes étant donné que je suis souvent sur le terrain... On fait du Stade Rennais de notre côté, sans les couleurs (sourire). Ces dernières années, on a quand même eu Yves Colleu, Paul Le Guen, Simon Pouplin et Romain Danzé comme parrains. »

Organigramme de l’école de football

Responsable de l’école de football : Mathieu Le Scornet

U8 : Anthony Chesnel, Jérémy Robert
U9 : Amand Canet
U11 : Thierry Doisneau (responsable de la catégorie), Florent Bourcier, Benoît Chiefare, Pierre-Antoine Rolland.
U13 : Mathieu Le Scornet (responsable de la catégorie), Didier Le Bras, Simon Mottais

Stage William Stanger

Du lundi 9 juillet au vendredi 3 août 2012, en demi-pension au complexe sportif de Marville, à Saint-Malo.
Les jeunes footballeurs sont dirigés par des éducateurs diplômés.
Modalités d’inscription : site internet William Stanger

Vos réactions (3 commentaires)Commenter
Mattimeo15 mars 2012 à 22h23

J’adore ces articles qui nous plongent dans ce qui fait la force de notre club : les jeunes. C’est bien aussi d’avoir un avis un peu contrasté comme celui présenté ici.
Merci aux rédacteurs en tous les cas ! Continuez comme ça.

Louis G17 mars 2012 à 06h20

J’aime lire « qu’au delà de la construction du joueur il y a la construction de l’individu »...merci pour cet article qui me permet de mieux connaitre l’école de football du Stade Rennais...mais je ne comprends pas bien le désintérêt du Stade Rennais pour les stages d’été de William Stanger !!...c’est pourtant , il me semble , de bon augure et devrait faire partie intégrante des objectifs du Centre de Formation ??

tanguy18 mars 2012 à 19h54

tout d’abord bravo Mathieu je suis ancien éducateur de jeunes maintenant
en retraite dans un petit club de 1ére division de district st Evarzec dans
le sud finistère je sais combien ton travail demande d’investissement et
je vois que tu exerces cela de tout ton coeur cela en plus dans un grand club
le stade Rennais pour nous les bretons notre équipe référence .Je suis très
heureux de lire cet article sur l’école de foot ball du stade Rennais que tu
diriges Mathieu car je pensais que le stade c’était juste le centre de formation mais je vois que l’école de foot existe aussi et qu’il y a des gens
comme toi qui la font vivre merci .
Le stade rennais est un grand club il doit continuer de fonctionner ainsi
mettre son école de foot ball en avant car il y a un gros réservoir de jeunes
en Bretagne

bravo encore pour l’article et à bientôt
un retraité qui croit beaucoup aux jeunes

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