Pedro Henrique, l’année du Brésil ?

Dimanche après-midi au Stade Gerland, les supporters rennais n’avaient d’yeux que pour le flanc droit du bloc rennais, sur lequel évoluaient deux des trois recrues bretonnes titularisées d’entrée pour ce choc face à l’Olympique lyonnais : Benjamin André et Pedro Henrique (la troisième étant Mexer, titulaire en défense centrale). Volontaire mais parfois brouillon, percutant mais quelque peu frustrant, l’ailier brésilien, s’il n’a pas fait d’étincelles face à une équipe lyonnaise bien supérieure, n’a pas non plus démérité pour sa première sous le maillot rouge et noir.
Sur le terrain pendant l’intégralité de la rencontre (à droite, avant de basculer sur l’aile gauche en deuxième mi-temps), il a montré une réelle envie d’aller de l’avant, mettant plusieurs fois en difficulté le milieu ou la défense lyonnaise sans pour autant se montrer dangereux. Ses capacités d’accélération, cependant, ont été particulièrement remarquées, et le milieu offensif brésilien aurait parfaitement pu bénéficier d’un penalty sur une intervention quelque peu virile de l’ancien Rennais Lindsay Rose.

Très présent dans le repli défensif et dans l’animation offensive - il est le joueur qui a complété le plus de tacles (5) et subi le plus de fautes (5) lors de ce match d’ouverture -, il aura su canaliser son engagement en deuxième mi-temps, après avoir reçu son premier carton jaune sous ses nouvelles couleurs. Pour cette première sortie officielle, Henrique aura montré de belles aptitudes techniques et un profil de gros travailleur, des qualités qui le caractérisent depuis l’entame de sa jeune carrière, au Brésil et en Suisse.

Émergence footballistique au Brésil

Pedro Henrique Konzen Medina da Silva, plus connu sous le nom de Pedro Henrique, naît le 16 juin 1990 dans la ville de Santa Cruz do Sul, située dans le centre du Brésil. Il débute le football à l’âge de 13 ans, dans l’un des clubs de sa ville, avant de rejoindre les rangs du Avaí FC puis de Grêmio, toujours chez les jeunes.
En 2010, à l’âge de 20 ans, le milieu offensif polyvalent et capable d’utiliser ses deux pieds - bien que plus à l’aise avec le pied droit - fait ses premiers pas chez les professionnels dans le club de sa ville natale, l’EC Avenida, alors en deuxième division.

Avec son statut de néo-professionnel, Pedro Henrique joue peu, très peu, et après seulement 30 minutes de jeu (et un carton jaune) pour deux rencontre disputées, il rejoint Caxias, équipe située dans l’État de Rio de Janeiro, et évoluant alors en troisième division (Série C).
Joueur rapide, il se distingue par la qualité de ses débordements et par son envie, si bien qu’en une saison, il totalise quelques 1000 minutes jouées sous le maillot violet du club, inscrivant ses deux premiers buts chez les professionnels et se distinguant comme un joueur plutôt physique.
Pourtant, après avoir écumé le Brésil chez les jeunes puis avec les professionnels (cinq clubs en neuf ans), Pedro Henrique a des envies d’ailleurs.

Ses qualités techniques, sa rapidité et sa précision dans l’exercice des coups de pieds arrêtés lui permettent de se faire repérer en Europe, l’eldorado du footballeur moderne. À l’aube de la saison 2011-2012, il effectue le grand saut et rejoint Le FC Zurich, club de Super League (première division suisse).
Pour son premier exercice dans le championnat helvète, il est titularisé à douze reprises pour quinze apparitions, un but marqué et trois cartons jaunes. Au fil des saisons, que ce soit au Brésil ou en Suisse, Pedro Henrique se fait remarquer pour sa grosse activité défensive parfois à la limite du correct, ce qui lui vaut très (trop) régulièrement les réprimandes fréquentes et justifiées du corps arbitral. La raison, une combativité de tous les instants de la part d’un joueur qui n’abandonne jamais un ballon, et assure tant le pressing offensif qu’un repli défensif intense.

Lors de sa deuxième saison en Europe, Pedro Henrique est souvent relégué dans un rôle de joker par les différents entraîneurs qui vont se succéder à la tête du club de Zurich (trois entre 2012 et juillet 2013). Il ne sera titularisé que six fois, pour onze entrées en jeu, un but et un carton rouge (le seul de sa carrière professionnelle à ce jour).
Pourtant, lors de ses entrées en jeu, le joueur se distingue par ses courses rapides sur les ailes, sa technique individuelle et son sens du collectif, et le jeune ailier brésilien verra bientôt ses efforts récompensés.

À 24 ans, la saison 2013-2014 est enfin celle de la montée en puissance pour Pedro Henrique. Le joueur enchaîne les titularisations (vingt au total), entre en jeu à treize reprises et marque neuf fois, soit plus du double du nombre de buts (quatre) qu’il avait inscrit depuis ses débuts chez les pros.
Le FC Zurich termine cinquième de la saison régulière (sur dix équipes), mais remporte la coupe de Suisse aux dépens du FC Thoune, couronnant jusqu’ici la meilleure saison de la carrière de Pedro Henrique Konzen Medina da Silva.

Un nouveau challenge pour passer un cap

À Zurich, pourtant, les supporters suisses restent partagés au sujet du jeune ailier brésilien. Certains déplorent son incapacité à se fondre dans le dispositif tactique d’une équipe qui évolue habituellement en 3-5-2, sans remettre en question sa capacité à se fondre dans une autre organisation, tandis que d’autres regrettent sa tendance à courir beaucoup et souvent dans le vide, sans véritable résultat. Tous, cependant, s’accordent à louer les qualités techniques et athlétiques du joueur et la simplicité et la gentillesse de l’homme.

Alors, quand il a fallu pallier le départ de Romain Alessandrini pour l’Olympique de Marseille, la cellule de recrutement rennaise s’est penchée sur le profil du Brésilien, et Philippe Montanier n’a pas tardé à valider le recrutement du jeune ailier du FC Zurich. Une arrivée bien aidée par le support de plusieurs anciens joueurs du Stade rennais, qui ont conseillé à Henrique de prendre le chemin de la Bretagne.
Il avouait ainsi, lors de la présentation par le club, avoir reçu les recommandations de Shabani Nonda « qui a joué à Zurich et au Stade rennais. [Il] ne m’a dit que des choses positives sur le club », ainsi que celles de Luis Fabiano ou d’Alexander Frei. « Frei m’a dit que son expérience en Bretagne était l’une des plus belles de sa carrière. Je savais donc que Rennes était un bon club pour continuer ma progression », expliquait le Brésilien pour sa première interview au site officiel du Stade Rennais.

Henrique, que Philippe Montanier décrit comme « un joueur rapide qui a des capacités de percussion intéressante [et] est également très adroit devant le but », poursuivait en expliquant son désir de s’intégrer rapidement au collectif rennais. « Mon premier objectif est d’apprendre à connaître mes nouveaux coéquipiers et me faire une place dans l’équipe. Je veux franchir un cap au Stade rennais et essayer d’aider le club à faire une bonne saison ».

Une résolution que le natif de Santa Cruz do Sul semble avoir mis en œuvre de la meilleure des manières durant la préparation estivale. Tranchant sur le terrain, le joueur - qui prend des cours de français en compagnie des autres recrues étrangères du Stade rennais - s’est fait remarquer par son positionnement et sa belle vision du jeu cet été, avec en point d’orgue le dernier match de préparation face au SC Fribourg.
Titulaire en lieu et place de Kamil Grosicki, il était d’abord passeur pour Mexer puis buteur sur une passe de Ntep. De quoi convaincre Philippe Montanier de l’aligner d’entrée pour la reprise de la Ligue 1. La suite, vous la connaissez, une entrée en matière encourageante sur un plan individuel mais décevante sur un plan collectif.

Pour autant, Pedro Henrique n’a pas l’habitude de reculer devant l’adversité, et nul doute que l’ailier brésilien voudra rebondir face à Évian le week-end prochain. Infatigable, le joueur présente un profil de milieu offensif que Philippe Montanier et ses adjoints ne possédaient pas jusqu’alors.
S’il doit encore affiner et épurer son jeu, Pedro Henrique comptera sur ces qualités et son état d’esprit à toute épreuve pour prouver que, même au Stade rennais, les Brésiliens peuvent réussir. Et pour passer un nouveau cap dans une carrière déjà bien fournie.