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6 décembre 2011 | à 15h33

Un œil dans le rétro : Thierry Goudet

En marge de la rencontre opposant le Stade rennais au Stade brestois, pour le compte de la 17e journée du championnat de France de Ligue 1, et après l'interview qu'il nous avait accordé il y a quelques semaines, Stade Rennais Online vous propose de revisiter la carrière d’une personnalité commune à l’histoire des deux clubs, en l’occurrence celle de Thierry Goudet.

Un œil dans le rétro : Thierry Goudet

Un joueur au-dessus de la « Mayenne »

Né à Château-Gontier le 11 novembre 1962, à une trentaine de kilomètres de Laval, Thierry Goudet est rapidement repéré par les « Tangos » à l’occasion d’un tournoi de football intercommunal, comme la majorité des jeunes footballeurs en herbe du coin à l’époque. Il a ainsi tapé dans l’œil des recruteurs de l’équipe « phare » de la Mayenne, alors qu’il évolue depuis quelques années dans la modeste équipe d’Ernée. Pur produit de l’excellent football mayennais, le jeune milieu de terrain très prometteur est alors âgé de quatorze ans et doit encore patienter quelques mois avant d’intégrer le centre de formation lavallois, qui doit ouvrir ses portes à l’orée de la saison 1976-1977. Il s’entraîne ainsi durant une saison avec le groupe espoirs, avant d’incorporer le tout nouveau complexe lavallois.

Le jeune joueur se met rapidement en valeur et débute en équipe réserve deux années plus tard. Dans la foulée, Thierry Goudet dispute la bagatelle de trente-huit rencontres de D3 avec le Stade lavallois entre 1978 et 1980. À cette époque, il fait logiquement ses classes avec la formation bis des « Tangos », mais ses exceptionnelles qualités vont faire de lui un titulaire indiscutable de l’entrejeu mayennais dès la saison 1980-1981. Travailleur infatigable, il démarre finalement très tôt chez les professionnels, et est considéré, aujourd’hui encore, comme l’un des plus valeureux guerriers de la fabuleuse aventure lavalloise des années 1980. Véritable poumon de l’équipe mayennaise, il se révèle de suite comme un milieu de terrain solide et particulièrement énergique.

En outre, Thierry Goudet est le symbole de ce football mayennais sorti de l’ombre grâce à ses enfants. Il effectue ainsi ses premiers pas au sein de l’élite hexagonale lors d’une rencontre opposant le Stade lavallois à Lille, le 12 août 1980. Fort de débuts en fanfare au plus haut niveau français, les performances du jeune milieu de terrain ne passent pas inaperçues. Si bien qu’il devient même international, après avoir été sélectionné avec l’équipe de France espoirs. Déjà sous le feu des projecteurs, Thierry Goudet se distingue comme l’archétype du joueur qui ne triche pas, et qui se donne toujours au maximum sur un terrain de football. Des qualités d’abnégation et de courage qui sont unanimement reconnues par le fidèle public du stade Francis-Le Basser, qui ne tarde pas à en faire l’un de ses « chouchous ».

Figure emblématique de l’équipe lavalloise, il est également l’un des héros de la magnifique épopée européenne de la formation mayennaise en 1983, et se distingue en tant que le passeur décisif sur le but de Jean-Marc Miton (futur joueur du SRFC lui aussi, de 1989 à 1991) lors du match retour contre l’Austria de Vienne, en seizièmes de finale de la Coupe UEFA (0-2 puis 3-3). Tombeur du Dynamo Kiev au tour précédent, le Stade lavallois quitte la compétition avec les honneurs, non sans avoir espéré un deuxième exploit continental. Après dix années passées à Laval et près de 190 matches en D1, Thierry Goudet quitte ensuite le carcan mayennais pour rejoindre le feu Brest Armorique en juin 1986.
En effet, il pose ses valises dans la pointe du Finistère en compagnie de son copain Michel Sorin, et explique les raisons de sa venue dans la cité du Ponant : « La solution de facilité aurait été de prolonger mon bail de neuf ans à Laval. J’y étais bien, peut-être trop bien. En quittant la Mayenne, j’espérais obtenir, comme plusieurs avant moi, de meilleures conditions financières et me faire un peu plus connaître dans le milieu. De plus, les conceptions de Raymond Keruzoré et de Bernard Maligorne, auquel je dois beaucoup puisque c’est lui qui m’a formé, cadraient tout à fait avec les miennes et l’expérience est jusqu’ici positive ». En outre, le Stade lavallois n’a pas les moyens financiers de s’aligner sur les nombreuses sollicitations dont il fait l’objet à l’époque : Nîmes, Montpellier, Mulhouse et Brest, soit autant de clubs qui sont intéressés par le bagage de l’expérimenté joueur mayennais.

À l’aube de l’exercice 1986-1987, le Brest Armorique, alors sous l’égide de François Yvinec, est ambitieux. Raymond Keruzoré en est l’entraineur et souhaite y poser sa patte légendaire. « Numéro 7 », accrocheur et batailleur en diable, Thierry Goudet devient rapidement une pièce essentielle de l’entejeu du club finistérien, comme l’indique justement le Télégramme de Brest dans ses colonnes en 1987 : « Petite cylindrée mais aux accélérations brutales, Goudet est le type même du joueur de devoir qui fait passer avant toute chose le souci de la collectivité ». Thierry Goudet se sent à l’aise dans la pointe du Finistère et raconte : « Tout le monde dans l’équipe se fait beaucoup plus violence qu’auparavant et personne ne rechigne à l’effort. Pour ma part, je me sens nettement plus en sécurité. On se serre davantage les coudes dans les moments difficiles et cette attitude finit toujours par payer ». Après deux années passées dans le Finistère (76 matches pour 3 buts), Thierry Goudet souhaite changer d’air et signe au Stade rennais à l’issue de l’exercice 1987-1988. Une saison à l’issue de laquelle le club Finistérien retrouve la deuxième division, après avoir terminé le championnat à la dix-neuvième place.

Du Finistère à l’Ille-et-Vilaine, Thierry Goudet troque donc les terrains de Division 1 pour ceux de la seconde division, mais c’est pour mieux retrouver ensuite la sacro-sainte élite hexagonale avec les « Rouge et Noir » en mai 1990 au terme d’un final en apothéose. Il dispute son premier match officiel sous les couleurs stadistes lors d’une surprenante défaite rennaise à Créteil (1-3), le 16 juillet 1988. Dans le style « petit mais travailleur », Thierry Goudet est un positiviste. Un tempérament qui lui permet de relativiser en toutes circonstances, et qu’il doit en grande partie à des séances mensuelles chez un magnétiseur de la capitale bretonne. De cette étonnante rencontre, il a su en tirer profit dans sa vie extra-sportive mais aussi footballistique.
Sur le rectangle vert, son jeu s’est musclé et a pris une autre dimension. Plus sûr de lui dans ses prises de balle, il est beaucoup plus entreprenant que par le passé. Il est donc naturellement devenu un dépositaire et le métronome en chef du jeu stadiste. Conseiller et premier relais de l’emblématique Raymond Keruzoré auprès de ses partenaires, Thierry Goudet s’attire le respect de l’ensemble de son équipe. Après seulement quelques rencontres sous la tunique rouge et noire, il est logiquement devenu l’atout numéro 1 du club de la capitale bretonne. Gros travailleur et exceptionnel dynamiseur de l’équipe rennaise, Thierry Goudet se métamorphose littéralement à l’âge de 28 ans sur les bords de la Vilaine. Joueur de l’ombre pendant de nombreuses saisons à Laval, cet ex-international cadet (en 1979) et juniors joue alors les patrons sur tous les terrains de première division.

Mais il n’oublie pas pour autant son passé, et notamment son incroyable aventure en Coupe UEFA, à l’époque dorée du Stade lavallois, alors qu’il est sous la houlette du maître à penser des « Tangos » alias Michel Le Milinaire, futur entraîneur du Stade rennais de 1993 à 1996. Humilité, esprit d’équipe, et dépassement de soi sont les principaux traits de la personnalité de l’infatigable Thierry Goudet. Des qualités qui vont profiter à Rennes l’espace de trois saisons entre 1988 et 1991. Sur les bords de la Vilaine, il participe à la remontée du club parmi l’élite hexagonale, mais ne peut empêcher une relégation (annulée après action de la DNCG) la saison suivante.
Après une centaine de rencontres bouclées avec le Stade rennais, il prend ensuite la poudre d’escampette jusqu’au Havre, où il passe deux nouvelles saisons (56 matches, 1 but en D1) entre 1991 et 1993. En Haute-Normandie, Thierry Goudet enchaîne les bonnes performances et y réalise un parcours plus qu’honorable avec le club doyen. Il termine finalement par une dernière saison dans son club formateur en 1993, où il ne joue que 22 matches et est le plus souvent remplaçant. À cette époque, Bernard Maligorne cherche un joker, capable d’apporter son expérience du haut niveau. C’est ainsi que Thierry Goudet évolue le plus souvent avec l’équipe réserve, et aide régulièrement le coach mayennais durant les séances d’entraînement. Avec plus de 350 matches à son actif en D1, il décide de raccrocher les crampons, avant de devenir entraîneur-adjoint du Stade lavallois quelques mois plus tard.

Un entraîneur-formateur

En 1994, l’ancien international espoirs fait donc ses premières armes dans le costume d’entraîneur, qui lui est taillé sur mesure. Dans un premier temps à Bonchamp-lès-Laval, un petit club évoluant en Division d’honneur et situé à quelques encablures de Laval, où il donne un coup de main et passe ses diplômes d’entraineur en parallèle, avant de prendre la direction du club de Thouars. Dans les Deux-Sèvres, il parvient à maintenir l’équipe locale dans le championnat relevé du National durant deux saisons et demie jusqu’en décembre 2000.
Fort de résultats prometteurs avec des équipes de second rang, il prend ensuite les rênes du Mans à la fin de l’année 2000. Dans la Sarthe, il remplace l’emblématique Marc Westerloppe, en poste depuis 1997. Dès son arrivée en terre mancelle, Thierry Goudet fonde sa stratégie de réussite sur un centre de formation performant et assure le maintien de sa jeune équipe dans un premier temps, avant d’amorcer l’incroyable redressement du club. "Dieu soit loué", diront avec humour certains supporters manceaux. L’image qu’il dégage est celle d’un fin connaisseur de la Ligue 2. Par le biais d’un projet de formation très bien ficelé, il découvre pléthore de jeunes perles et les incorpore petit à petit au sein de l’équipe fanion, sans brûler les étapes.

Très rapidement encore, il est contraint de se séparer de ses meilleurs espoirs, comme Olivier Thomert ou Didier Drogba, pour ne citer qu’eux. C’est à ce seul prix que le club assure sa survie financière, tout en distribuant de l’espoir à une jeunesse des plus ambitieuses. Thierry Goudet est avant tout un manager consciencieux et sûr de ses forces. Au fil des rencontres, il lance encore de nombreux jeunes joueurs dans le grand bain du professionnalisme, tels que Laurent Bonnart, Frédéric Thomas et Daniel Cousin notamment. Thierry Goudet réalise ainsi un savoureux mélange, entre jeunes inconnus et bons joueurs expérimentés, comme Philippe Celdran et Laurent Peyrelade par exemple. Le Mans UC 72 se distingue alors par un style de jeu résolument collectif, et certifié de très bonne qualité par l’ensemble des observateurs.
Particulièrement proche de ses joueurs, ce « Papa poule » a su construire un groupe solidaire, et encadre au mieux la jeune vague montante mancelle. Il reste finalement plus de trois ans aux commandes du club sarthois, obtenant au passage la première accession en Ligue 1 de l’histoire du club manceau, à l’issue de la saison 2002-2003. Cette année-là, les protégés de Thierry Goudet termineront à la deuxième place du championnat derrière l’équipe de Toulouse. Malgré son travail de sape dans la Sarthe, il est finalement limogé en février 2004, alors que le club sarthois se retrouve à la 19ème place de Ligue 1, au lendemain d´une lourde défaite à Strasbourg (0-3), la deuxième consécutive. Thierry Goudet laisse ainsi la gestion de l´équipe professionnelle à son adjoint, Alain Pascalou, mais reste dans un premier temps au club, dans un rôle de manager sportif. Il tire finalement sa révérence quelques semaines plus tard.

L’ex-entraîneur sarthois choisit ensuite de prendre la tête du onze alpin grenoblois, succédant ainsi à Dominique Cuperly, lequel avait pris ses fonctions en septembre 2003. Par le biais de cette nomination, Thierry Goudet coiffe du même coup tous les autres prétendants sur le poteau. Alors âgé de 42 ans, le technicien mayennais se voit ainsi proposer un tout nouveau défi sportif et commente son intronisation : « Le GF38 est un club qui a besoin de stabilité, et c’est un challenge qui m’a plu. À nous, sur le terrain, de montrer de quoi on est capable ». Étonnant destin qui ramène ainsi Thierry Goudet au stade Lesdiguières, l’enceinte où il avait scellé l’accession du MUC parmi l’élite hexagonale, au cours d’une inoubliable soirée de mai 2003. Très apprécié pour ses grandes qualités humaines et ses convictions footballistiques portées sur l’offensive, Thierry Goudet signe pour deux années à Grenoble et a l’entière confiance du nouveau président grenoblois, Jean-Claude Cellard.
Pourtant, l’aventure alpine tourne court puisqu’il quitte le GF38 en mars 2006. En effet, après une défaite face à Caen (0-2), Thierry Goudet décide de rejoindre le Stade brestois, où un contrat de deux ans l’attend. Le coach mayennais, dont le mandat avec le GF38 expire en juin, souhaite un renouvellement de son engagement, que le club grenoblois tarde à lui offrir. Thierry Goudet rentre alors en Bretagne, à Brest, club qu’il connaît bien. Il remplace ainsi Albert Rust, débarqué deux semaines auparavant par le club finistérien. Thierry Goudet, qui avait porté les couleurs de Brest entre 1986 et 1988 s’engage alors jusqu’à la fin de la saison, avec une option de deux saisons supplémentaires en cas de maintien.

Mais les retrouvailles sont douloureuses. En effet, alors que Brest pointe à la seizième place du championnat, le nouveau président finistérien Michel Guyot décide de se séparer de son entraîneur et le licencie à la fin de l’année 2006. Thierry Goudet aura probablement payé au prix cher la mauvaise passe de son club. Après seulement neuf mois passés à Brest, il laisse la main à son adjoint Miguel D’Agostino, et à l’entraîneur des gardiens Pascal Janin. Mais, faisant fi de ses derniers déboires, Thierry Goudet paraphe par la suite un contrat de deux ans avec l’US Créteil-Lusitanos, qui vient juste d’être relégué en National. Il remplace alors Artur Jorge au poste d’entraîneur et a comme objectif de faire remonter le club cristollien en L2. Avec Créteil, il retrouve un championnat qu’il avait déjà connu dix ans auparavant avec le club de Thouars.
À l’orée de la saison 2007-2008, L’ancien joueur professionnel (400 matches) déclare qu’il mettra tout en œuvre pour faire remonter l’USCL, et souhaite ainsi retrouver une réussite qui le fuit depuis son départ de la Sarthe quatre ans plus tôt. Mais Thierry ne finit pas la saison puisqu’il est démis de ses fonctions le 18 avril 2008. Pour le Mayennais, la défaite concédée face à Calais (0-1) est celle de trop. Arrivé à Créteil le 11 juin, l’entraîneur val-de-marnais paie ainsi un début de saison raté et un parcours à domicile catastrophique. Il aura passé trente-trois journées à la tête de l’équipe cristollienne, avant d’être finalement remplacé à la tête des « Béliers » par Olivier Frapolli. Dernier remous avant de retrouver le calme du championnat de CFA2, l’espace de neuf mois à Changé, jusqu’en juin dernier. Aujourd’hui patron d’un bar-tabac-journaux, il semble avoir refermé le chapitre du monde professionnel... pour toujours ?

Retrouvez également l’interview de Thierry Goudet.

Parcours :

Joueur :
US Ernée
1976-1986 : Stade lavallois
1986-1988 : Brest Armorique FC
1988-1991 : Stade rennais FC
1991-1993 : Le Havre AC
1993-1994 : Stade lavallois

Entraîneur :
1994-1997 : ES Bonchamp
Juin 1997 - décembre 2000 : CSC Thouars
Décembre 2000 - février 2004 : Le Mans UC
Juin 2004 - mars 2006 : Grenoble Foot 38
Mars 2006 - décembre 2006 : Stade brestois
Juin 2007 - avril 2008 : US Créteil-Lusitanos
Octobre 2010 - juin 2011 : US Changé

Sources :
forum footnostalgie
- cahiersdufootball.net
- Wikipédia
- stadelavallois-museum.com

Crédit photos :
forum footnostalgie
- tangofoot.free.fr

Vos réactions (2 commentaires)Commenter
Louis G7 décembre 2011 à 06h34

Comme d’habitude , les rétros de Rodighiero sont très « fouillés » , très documentés !...je connaissais un peu le parcours de Thierry Goudet comme joueur et au Stade Rennais en particulier...mais je ne connaissais pas le parcours de l’entraineur-formateur qui aurait donc dans ses "produits des Olivier Thomert joueur à Rennes et des Didier Drogba bien connu au niveau international et faisant les beaux jours de son Club en Angleterre...dans cet rétro est aussi mis en évidence le rôle ingrat du formateur et de l’entraineur qu’a été Thierry Goudet à qui je souhaite longue vie et bonne réussite dans son nouveau challenge professionnel...

10 décembre 2011 à 11h06

Merci et bon vent à toi !!

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