
Le Ballon d’Or est l’une des distinctions les plus convoitées dans le monde du football. Décerné chaque année au meilleur joueur, il a récompensé les plus grands noms du sport, de Johan Cruyff à Lionel Messi. Pourtant, certains joueurs emblématiques, malgré un palmarès exceptionnel ou une influence majeure sur leur époque, n’ont jamais eu l’honneur de soulever ce trophée. Cela soulève une question fondamentale sur les critères de sélection, le contexte politique ou médiatique, et parfois même la pure malchance.
Dans cet article, nous reviendrons sur cinq légendes du football dont l’absence au palmarès du Ballon d’Or continue d’alimenter les débats parmi les fans, les experts et les historiens du sport.
Le cas emblématique de Paolo Maldini
Icône du Milan AC et de l’équipe nationale italienne, Paolo Maldini a incarné l’élégance et la rigueur défensive pendant plus de deux décennies. Capitaine exemplaire, il a disputé plus de 1 000 matchs professionnels, remporté cinq Ligues des champions et été finaliste de la Coupe du monde en 1994.
Et pourtant, jamais Maldini n’a remporté le Ballon d’Or. Ce paradoxe illustre une forme de biais dans les récompenses individuelles, souvent orientées vers les joueurs offensifs. Dans un contexte où le football est aussi devenu un moteur économique et un objet de pari foot, la visibilité offensive semble primer, au détriment des piliers défensifs pourtant indispensables à toute équipe victorieuse. Cela met également en lumière un déséquilibre persistant dans la reconnaissance des rôles au sein d’une équipe.
Thierry Henry : une légende française sous-estimée
Véritable monument d’Arsenal et meilleur buteur de l’histoire des Bleus jusqu’en 2022, Thierry Henry a marqué son époque par sa vitesse, sa technique et sa régularité. Champion du monde en 1998, champion d’Europe en 2000, finaliste de la Ligue des champions avec Arsenal en 2006, puis vainqueur avec Barcelone en 2009, il coche toutes les cases d’un potentiel Ballon d’Or.
Mais le timing et la concurrence ne lui ont jamais été favorables. Durant sa période de gloire, les projecteurs étaient braqués sur Ronaldinho, Zidane ou Ronaldo. Henry a terminé 2e en 2003, mais n’a jamais franchi le dernier palier. Ce constat pose la question de la mémoire collective et de la reconnaissance tardive.
Xavi Hernández : l’architecte de l’Espagne moderne
Xavi n’était pas le joueur le plus spectaculaire, mais sans lui, ni l’Espagne ni le FC Barcelone n’auraient dominé le football mondial entre 2008 et 2012. Moteur du tiki-taka, il a dicté le rythme de jeu, enchaîné les passes, contrôlé le tempo comme peu d’autres dans l’histoire.
Malgré deux Euros, une Coupe du monde et quatre Ligues des champions, Xavi n’a jamais été couronné Ballon d’Or. Dans le système de votes dominé par l’esthétique ou les statistiques, son rôle discret mais fondamental a souvent été éclipsé. Cela souligne les limites d’un système centré sur les chiffres et les highlights, au détriment de la construction collective.
Andrés Iniesta : l’homme des grands rendez-vous
Auteur du but victorieux en finale de Coupe du monde 2010, maestro du FC Barcelone et maître du milieu de terrain, Andrés Iniesta a tout gagné avec son club et sa sélection. Pourtant, il n’a jamais obtenu le Ballon d’Or, malgré plusieurs podiums, notamment en 2010.
Son style de jeu sobre, sans extravagance mais d’une efficacité redoutable, n’a peut-être pas suffi face à des joueurs plus médiatisés. Certains observateurs considèrent qu’Iniesta a “payé » le fait de partager la lumière avec Messi. Le débat reste vif : peut-on vraiment ignorer un joueur aussi décisif dans les grands rendez-vous ?
Kenny Dalglish : l’oublié du football britannique
Symbole du Liverpool des années 70 et 80, Kenny Dalglish a remporté de nombreux titres en club, dont plusieurs Championnats d’Angleterre et trois Coupes d’Europe. À une époque où les Britanniques dominaient l’Europe, son influence sur le jeu était indéniable.
Pourtant, Dalglish n’a jamais été sacré Ballon d’Or, probablement en raison de la faible visibilité internationale des joueurs britanniques à l’époque ou du manque de relais médiatiques hors du Royaume-Uni. Une omission qui rappelle que le Ballon d’Or n’est pas toujours le reflet fidèle du mérite sportif.
Tableau comparatif : Performances vs Ballon d’Or
Joueur | Palmarès majeur | Meilleure place Ballon d’Or |
Paolo Maldini | 5 Ligues des champions, 7 Scudetti | 3e (1994) |
Thierry Henry | 1 Coupe du monde, 2 Premiers League, 1 LDC | 2e (2003) |
Xavi Hernández | 2 Euro, 1 Coupe du monde, 4 LDC | 3e (2009, 2010, 2011) |
Andrés Iniesta | 2 Euro, 1 Coupe du monde, 4 LDC | 2e (2010) |
Kenny Dalglish | 3 LDC, 6 Championnats d’Angleterre | Jamais dans le Top 3 |
Les limites structurelles du Ballon d’Or
Le Ballon d’Or repose sur un système de vote qui a évolué au fil des décennies, passant des journalistes européens aux capitaines, sélectionneurs et journalistes du monde entier. Cette évolution n’a pas effacé certains biais : favoritisme envers les attaquants, clubs plus exposés médiatiquement, compétitions majeures survalorisées.
Des figures majeures, comme Buffon, Pirlo ou même Zlatan Ibrahimović, n’ont jamais été récompensées non plus. Cela interroge sur la possibilité de créer un prix plus équitable pour les postes moins glamour, mais essentiels.
Autres oubliés célèbres dans l’histoire du Ballon d’Or
En dehors des cinq joueurs cités précédemment, de nombreux autres footballeurs de renom ont manqué le Ballon d’Or malgré une carrière exceptionnelle. Gianluigi Buffon, par exemple, est considéré comme l’un des meilleurs gardiens de but de tous les temps. Finaliste du Ballon d’Or en 2006 après une Coupe du monde brillante, il n’a pourtant jamais remporté la récompense.
Zlatan Ibrahimović, autre exemple frappant, a marqué plus de 500 buts dans sa carrière et remporté de multiples titres dans cinq grands championnats européens. Son caractère clivant et son absence de Ligue des champions sont souvent cités comme raisons de son absence au palmarès. Michael Laudrup, Dennis Bergkamp ou encore Raul figurent également parmi les oubliés, chacun pour des raisons différentes : profil discret, concurrence intense ou absence de grand tournoi remporté.
Cette liste d’exclus démontre à quel point les critères d’attribution du Ballon d’Or sont multiples et parfois opaques. Elle alimente un sentiment d’injustice et nourrit les discussions entre supporters, analystes et anciens joueurs.

L’impact du Ballon d’Or sur l’héritage d’un joueur
Remporter le Ballon d’Or peut transformer une carrière et figer un joueur dans la légende. Mais son absence n’efface en rien les performances ou l’influence d’un footballeur sur son époque. Maldini, Iniesta ou Xavi restent des références dans leurs postes respectifs, et leur aura dépasse souvent celle de certains lauréats du trophée.
Le Ballon d’or agit comme un amplificateur de notoriété médiatique. Les sponsors, les fans et les clubs valorisent fortement ce type de distinction. Pourtant, certains joueurs ayant marqué l’histoire n’ont jamais eu besoin de cette reconnaissance pour asseoir leur influence durablement.
Dans certains cas, l’absence du Ballon d’Or renforce même le mythe : cela leur confère une forme d’injustice légendaire, qui les rapproche du public et forge leur réputation d’oubliés magnifiques. À l’ère des réseaux sociaux et de la redécouverte des archives, ces joueurs trouvent une nouvelle reconnaissance auprès des nouvelles générations.
Pourquoi cette liste suscite toujours autant de débats ?
Au-delà du trophée, ces absences alimentent la passion du football. Elles rappellent que ce sport ne se résume pas à des statistiques ou à un palmarès individuel. L’aura, la longévité, le rôle dans une génération sont des éléments tout aussi importants pour juger un joueur.
Et surtout, ces cas mettent en lumière l’importance de diversifier les critères d’évaluation. Peut-être que dans un avenir proche, de nouveaux prix viendront compenser les lacunes du Ballon d’Or et offrir un hommage plus complet aux différentes formes de grandeur sur le terrain.