Post-formation plutôt que formation ?

Publié le 23 août 2011 à 13h48 par Sylvain

Relégué en CFA2, le groupe espoirs du Stade rennais s'est renforcé cet été, notamment avec l'arrivée de jeunes joueurs africains aux « vrais potentiels », dixit Pierre Dréossi. Stratégie temporaire pour combler un trou générationnel, ou vrais débuts d'une politique prolongée à l'avenir ?

Samedi dernier, la réserve du Stade rennais a débuté sa saison en CFA2. Un vrai événement pour une équipe qui évoluait au quatrième échelon national [1] depuis 1981. À cette date, la réserve vient d’enchaîner deux montées consécutives, après avoir été reléguée en Division d’honneur suite aux gros problèmes financiers du club à la fin des années 1970. À cette date, la plupart des joueurs de l’effectif pro actuel n’étaient même pas nés, et Pierre Dréossi comme Frédéric Antonetti ou Patrick Rampillon foulaient les terrains crampons aux pieds.
Après trente années sans relégation, la saison 2010-2011 est venue ébranler quelques habitudes. Une faillite qui doit autant à l’élévation du niveau de la division qu’à plusieurs autres facteurs propres au Stade rennais. Au premier chef, deux générations 1991 et 1992 insuffisantes en nombre et en qualité. Des insuffisances déjà vues chez de précédentes générations (la 1987 par exemple), mais que l’épidémie de blessures combinée à la réduction du nombre de joueurs dans l’effectif professionnel n’ont pas permis de gommer.

Formation : un trou générationnel

« Si l’on rentre au cœur des raisons, le problème est qu’il y avait un petit trou dans la qualité de nos joueurs sur les promotions 1991 et 1992 », confirmait début août Pierre Dréossi sur les ondes de RMC. « L’an dernier, le nombre réduit de joueurs dans l’effectif pro a ajouté une difficulté au trou générationnel, les pros ne venant plus renforcer l’effectif espoirs ». Avec un groupe réduit et l’absence de renforts venus de plus haut, difficile pour Laurent Huard de composer avec les aléas de la saison, ce qui l’a même conduit, sur certaines rencontres, à faire appel à des joueurs âgés de 16 ans.
Sur un plan chiffré, le fameux trou générationnel se vérifie bien. Parmi les 1988-1989, rares sont les joueurs qui ont finalement alimenté dans la durée le groupe professionnel (seuls Kembo et Théophile-Catherine étant toujours présents), mais la plupart ont débuté une honnête carrière professionnelle [2]. Leur échec relatif fut rapidement compensé par la très bonne génération 1990, symbolisée par Yann M’Vila et Yacine Brahimi, mais qui a pu également s’appuyer sur Abdoul Camara et Vincent Pajot. Pour les 1991 en revanche, la chute est brutale, avec un nombre réduit de contrats professionnels signés (un chiffre qui est même faussé par la signature de Slimane Sissoko, dont le club souhaite se débarrasser deux mois après son passage chez les pros), et même un nombre réduit de contrats stagiaires [3].

Une caractéristique partagée par la génération 1992, laquelle compte un nombre quasi-identique de contrats stagiaires, et qui ne devrait pas voir émerger un nombre très important de professionnels, malgré la présence d’Abdoulaye Diallo. Fait significatif, pour la première journée de CFA2 samedi dernier, aucun des cinq stagiaires de cette génération n’était titulaire, trois d’entre eux débutant la partie sur le banc [4].
Heureusement, les prochaines générations semblent ne pas emprunter la même voie. Cet été, pas moins de dix joueurs issus de la génération 1993 ont signé des contrats stagiaires, et même un contrat professionnel pour le prometteur Abdoulaye Doucouré. Tous ne passeront pas professionnels, mais la plupart d’entre eux seront la base de la réserve en 2012-2013.

Nombre de contrats stagiaires et de contrats pros signés par génération

 [5]

Cette saison, grâce à l’apport déjà visible de la génération 1993, mais aussi avec la réduction espérée du nombre de blessés en équipe première, la réserve rennaise devrait nettement mieux se porter. « Si on veut une bonne équipe réserve, il faut absolument que notre effectif pro soit en nombre suffisant. Là, on n’aura pas trop de problèmes, affirme Dréossi. On a un groupe espoirs de vingt-deux joueurs, l’année dernière il était de quinze. En nombre et en qualité, cette équipe sera presque autonome, et n’aura pas besoin de descentes de joueurs professionnels ».

Un renforcement par la post-formation

Outre l’arrivée des 1993, un gros effort a été porté sur le recrutement cet été. Quatre arrivées ont été dénombrées, pour deux catégories de joueurs distinctes. D’un côté, le défenseur Fabien Boyer et l’attaquant Yacine Qasmi, tous les deux issus de la génération 1991, tous les deux présentant un profil de "paris" fait à peu de frais. Le premier s’est relancé l’an dernier avec Jura Sud (CFA) après avoir connu l’échec dans plusieurs centres de formation, le second a été laissé libre par le Paris Saint-Germain à l’issue de son contrat stagiaire. S’ils ne présentent a priori pas un potentiel ébouriffant, les deux joueurs peuvent se féliciter d’avoir leur chance dans un club pro, et auront le mérite de donner un peu d’expérience à une équipe qui en a cruellement manqué l’an dernier.
De l’autre côté, un recrutement qui s’inscrit dans une logique déjà inaugurée l’été dernier, celle d’un renforcement de l’effectif espoirs par l’arrivée de jeunes joueurs africains, « des joueurs étrangers qui ont de vrais potentiels », selon Dréossi. L’été dernier, le milieu relayeur ghanéen Kamal Issah avait ainsi été recruté, suivi en janvier par le défenseur central sénégalais Pape Malick Kandji. En juillet, ce sont le milieu offensif malien Cheick Fantamady Diarra et l’attaquant sénégalais Abdoulaye Sané qui ont posé leurs valises en Bretagne. Les deux recrues, comme leurs deux prédécesseurs, sont toutes les deux issues de la génération 1992 et ont directement obtenu des contrats professionnels. « Je pense qu’on est reparti sur de bonnes bases avec ces jeunes, et qu’on les verra dans un ou deux ans intégrer l’effectif pro », affirme le manager général.

S’il pose forcément des questions éthiques, le recrutement massif de jeunes joueurs en Afrique est une pratique courante dans de nombreux clubs français et européens. À Rennes, la pratique a déjà été éprouvée, parfois même pour des joueurs beaucoup plus jeunes, à l’instar de Stéphane Mbia - arrivé du Cameroun à dix-sept ans -, ou du Gabonais Stéphane N’Guéma, débarqué à quinze ans après avoir été repéré au tournoi de Montaigu.
« On a essayé de remédier au trou générationnel par un recrutement étranger, parce qu’en France on a beaucoup de mal à trouver ces joueurs-là quand on ne les a pas eu quatre ou cinq ans avant », se justifie Dréossi. Autrement dit, des joueurs qui sont plus accessibles financièrement que des joueurs formés en France, ceux-ci étant également mieux protégés sur le plan contractuel.

Reste que ces arrivées en "post-formation" peuvent laisser craindre un horizon encore plus embouteillé pour les joueurs issus du centre de formation. Une concurrence accrue qui n’est pas mauvaise, a priori, et qui doit tirer le niveau général vers le haut, mais qui pourrait à terme contrarier en amont les arguments de recrutement du centre de formation. Aujourd’hui, ces arrivées ne viennent pas spécialement freiner la progression des jeunes issus du centre, mais plutôt compléter un effectif comptant de nombreux manques. Dans le secteur offensif par exemple, les arrivées de Sané et Diarra, plus celle de Qasmi viennent renforcer une attaque où (si le départ de Sissoko se confirme) ne figurait plus que le seul Boukaka sur l’ensemble des générations 1991, 1992 et même 1993.
À voir cependant si le Stade rennais choisira ou non de continuer son "recrutement africain" dans le futur, même si les générations à venir sont assez fournies en quantité et en qualité. Au vu de son faible coût et de l’immense réservoir africain, un tel choix peut être tentant. Les dirigeants bretons l’avaient déjà emprunté en recrutant en 2007 Benjamin Moukandjo et Fabrice N’Guessi en post-formation, et ce alors que les besoins à leurs postes n’étaient pas des plus pressants.

Crédit photo : srfc.frenchwill.fr

Vos réactions (5 commentaires)

  • Louis G

    23 août 2011 à 17h10

    Maintenant il reste à faire un bon parcours en CFA2 et à remonter si possible en CFA !!...mais pour le 1er match dimanche dernier , c’est mal parti !!...espérons que cela ne se reproduira pas ??...

  • jylb

    23 août 2011 à 20h14

    la réussite avec les jeunes africains n’est pourtant pas avérée.
    souvenons nous des maktar n’diaye,papakouli diop,do marcolino, n’guéma,et les derniers arrivés:katongo,echiéjilé, n’guessi et moukandjio.
    m’bia est la seule vraie réussite,souhaitons que celà se passe mieux. pour les 4 qui arrivent.

  • vincent

    23 août 2011 à 20h51

    Ce changement de politique avec un recrutement a fort potentiel africain dans les équipes jeunes puis dans l’équipe premiere ferme un peu la porte aux jeunes de la région.
    Puis apres si on parle du maillot, de la région , du club, c est sur qu un joueur venu de l’étranger s en fout un peu...
    Et surtout pour le moment dans les espoirs recrutés par Dréossi , il n y a pas vraiment eu de révélation...il nous avait venir aussi un joueur d’un pays africain que personne ne connaissait , il avait du faire une can pas mal , il est venu a REnnes et est reparti un apres...
    je sais plus son nom. J’ai l ’impression que des fois Dréossi s’emballe pensant avoir trouver la perle rare, c est un peu le cas avec Verhoek qu on nous présentait comme un futur grand.

  • vincent

    23 août 2011 à 20h53

    oui c etait Katongo, un pari de DRéossi.....

  • Katongo Doumbia

    24 août 2011 à 13h24

    Heureusement que Le Lay avait « promis » une identification régionale plus forte aux supporters rennais. J’ai envie de dire « LOL » quand j’y repense.
    Que le SRFC recrute des Africains ou des Soviets, ça ne me dérange pas - mais que l’on ne vienne pas me vendre un de ses foutus drapeaux à 1€ lorsque je me présente au stade avant un « derby » comme celui entre Rennes et Brest la saison dernière. Je risquerai de m’agacer un petit peu. Ooh.

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