Un œil dans le rétro : Gérard Soler

Publié le 9 février 2012 à 02h47 par Rodighiero

En marge de la rencontre opposant le Stade rennais au FC Sochaux-Montbéliard, pour le compte de la 23e journée du championnat de France de Ligue 1, Stade Rennais Online vous propose de revisiter la carrière d’une personnalité commune à l’histoire des deux clubs, en l’occurrence celle de Gérard Soler.

De Poissy à l’équipe de France

Enfant d’une famille de « pieds-noirs », Gérard Soler est né le 29 mars 1954 à Oujda, une importante ville du Maroc. Ses parents sont ensuite contraints de quitter le pays pour rejoindre la France et la ville de Poissy, alors qu’il n’est âgé que de seulement trois ans. C’est donc dans cette banlieue de l’ouest de Paris qu’il tape dans ses premiers ballons, et où il va connaître une fulgurante ascension. À 16 ans et demi, il est déjà surclassé, si bien qu’il évolue en Division d’honneur avec l’équipe fanion de l’AS Poissy. Le club banlieusard accède ensuite à la D3, et ses performances y sont telles qu’il est déjà remarqué par tous les grands clubs français de l’époque.
Jeune garçon au tempérament de feu, mais toujours très disponible, il a le désir de toujours faire mieux. Puis, à l’aube de la saison 1972-1973, il quitte finalement Poissy et opte pour le club de Sochaux. Après s’être donné une année de réflexion, Gérard Soler termine donc son aventure avec le club qui l’a vu grandir et où il s’est révélé au football. Il explique alors les raisons de son choix : « En allant à Sochaux, je savais que j’avais moins de chance de remporter tout de suite un titre ou une coupe que dans un autre club. Mais cela m’était égal. Je voulais surtout ne pas être « utilisé », exploité, mais continuer ma formation, apprendre. Je sais que j’ai fait un bon choix ». Gérard Soler débarque ainsi en Franche-Comté à seulement dix-huit ans. Et malgré son inexpérience du haut niveau, il ne tarde pas à se faire une place au soleil dans l’effectif professionnel du FCSM. 

Dans le Doubs, il devient rapidement l’une des étoiles montantes du football hexagonal. Sa spontanéité et sa gentillesse sont les principales caractéristiques de ce jeune surdoué du ballon rond. Son premier match professionnel à Nice n’est cependant pas un bon souvenir, puisque les Francs-Comtois sont sévèrement battus au stade du Ray. Gérard Soler s’en souvient bien et raconte : « Face à Nice, mon adversaire direct s’appelait André Chorda dont la réputation de « rudesse » était bien établie. D’entrée, je lui ai fait un « petit pont » ce qui a provoqué un coup franc de sa part et un but pour nous. Malheureusement, nous avons été battus quatre buts à un ». Au terme de sa première saison de D1 avec le FC Sochaux, il dispute une quinzaine de matches avec l’équipe professionnelle, et trouve même le chemin des filets à cinq reprises. Jeune attaquant particulièrement puissant et rapide, il devient un titulaire indiscutable la saison suivante, devenant par la même occasion le meilleur buteur du club avec seize réalisations. Gérard Soler régale le public du stade Bonal, et confirme ainsi toutes ses qualités de buteur. Un talent naissant et pourtant déjà reconnu par les experts du football français. Il se prépare sans doute une sublime carrière.
Dans sa foulée, Sochaux termine à la septième place du championnat de D1, et atteint également les demi-finales de la prestigieuse Coupe de France. À cette époque, l’attaquant méditerranéen évolue notamment en compagnie de Rolland Courbis, et s’éclate sur le rectangle vert. Son poste de prédilection est avant-centre, mais lors de sa seconde saison dans le Doubs, Gérard Soler se transforme avec succès en un véritable ailier de talent, et se distingue par ses qualités de percussion. Particulièrement intéressant dans le jeu, il se rend toujours disponible pour ses partenaires. Fort de débuts en fanfare au sein de l’élite hexagonale, il est déjà considéré par les observateurs avertis comme l’ailier le plus rapide du championnat français.

Puis, au cours de sa troisième saison professionnelle, c’est la consécration pour l’ancien de Poissy. En effet, le jeune prodige est convoqué pour la première fois chez les « Bleus » durant l’exercice 1974-1975. L’équipe de France est un rêve qui se réalise pour le jeune et talentueux Gérard Soler. Sous le maillot bleu frappé du coq, il effectue d’excellents débuts internationaux face à la RDA (2-2), le 16 novembre 1974, alors qu’il n’est âgé que de seulement 20 ans. Une récompense logique pour un joueur qui avait été précédemment international juniors, puis « moins de 21 ans » et « B ». Volontaire et battant, il est clairement la révélation tricolore de l’année. Sa fraîcheur et sa promptitude sont une véritable bouffée d’oxygène pour la sélection nationale.

RC Strasbourg, saison 1984-1985

Quatrième de la Coupe du monde 1982

Mais cette saison-là, Le FC Sochaux-Montbéliard se maintient péniblement au sein de l’élite hexagonale, accrochant une médiocre dix-septième place au classement général final. D’un point de vue individuel, Gérard est lui aussi beaucoup moins en verve que la saison précédente. En effet, il n’inscrit finalement que huit buts, faisant montre d’une certaine irrégularité tout au long du championnat. Heureusement, l’année suivante ne sera pas du tout du même acabit. L’équipe doubiste termine même sur le podium de la D1. Gérard Soler, quant à lui, retrouve comme par magie sa redoutable efficacité en inscrivant un total de quinze buts au cours de l’exercice 1975-1976.
En l’espace de quelques saisons sous le maillot des « Lionceaux » sochaliens, Gérard Soler s’est affirmé comme l’un des meilleurs attaquants du championnat de France. Mieux, dans la vie, comme sur le terrain, Gérard est une crème. Il évolue deux saisons supplémentaires sous la tunique sochalienne, avant de finalement changer d’air. Au total, il aura marqué soixante-sept buts en championnat avec le FC Sochaux.

Très demandé sur le marché des transferts, il démarre une nouvelle aventure à l’aube de l’exercice 1978-1979. Après moult réflexions, il donne en effet son accord au club du « Rocher », l’AS Monaco. En principauté, il ne reste finalement qu’une seule saison, et marque neuf fois en vingt-huit apparitions. Malgré de bonnes statistiques, sa saison s’avère plutôt décevante. Il décide alors de rejoindre les Girondins de Bordeaux, dans le but de redonner un peu de hauteur à sa carrière. Recruté par l’emblématique président bordelais Claude Bez, il évolue aux côtés de grands joueurs, avec Alain Giresse, Marius Trésor et consorts. À cette époque, il est régulièrement convoqué en équipe de France, consolidant ainsi son statut d’international en puissance. Gérard Soler est définitivement revigoré sur les bords de la Gironde.

Dans la foulée de ses bonnes prestations girondines, il participe activement à la qualification des « Bleus » pour la Coupe du monde 1982. En avril 1981, il inscrit même un doublé face à la Belgique, et obtient par la même occasion sa sélection pour la compétition reine. En Espagne, Gérard Soler débute la phase finale comme titulaire contre l’Angleterre dans la fournaise de Bilbao. Alors en pleine confiance, il égalise à la 25ème minute de jeu, et redonne de l’espoir à de pâles joueurs tricolores, surpris par le but de l’Anglais Bryan Robson dès la vingt-septième seconde de jeu. Malheureusement, son but ne fait qu’illusion, et permet seulement à la France de sauver l’honneur. En effet, les joueurs tricolores sont battus sur le score de trois buts à un. Gérard Soler, quant à lui, gagne une place de titulaire pour la suite de la compétition. En effet, il prend définitivement part à la magnifique épopée des « Bleus », disputant toutes les rencontres à l’exception de la demi-finale mythique contre l’Allemagne.
Quatrième de la Coupe du monde, il veut dorénavant goûter à un autre challenge. Après trois années passées à Bordeaux (et 16 buts à son actif), il a bouclé la boucle. Et lorsqu’il revient d’Espagne, Gérard Soler s’empresse de signer un contrat plus en amont sur la Garonne. Il a alors 29 ans et souhaite surfer sur sa belle réussite personnelle, mise en évidence du côté de la péninsule ibérique. Toulouse vient juste de remonter en première division et réalise une très belle opération en faisant signer l’attaquant international.

Sous la houlette de Daniel Jeandupeux, le TFC termine onzième de D1 la première année, puis cinquième la saison suivante. Gérard Soler participe ainsi avec succès au maintien de l’équipe toulousaine dans l’élite du football français (58 matches de D1, 18 buts) et rapporte : « Notre disposition sur le terrain ressemble à des pièces de puzzle qui s’emboitent. Si l’une d’elles se perd ou n’accroche pas, le dispositif s’effrite et peut même s’écrouler. Mais, quand tout marche bien, c’est tellement passionnant d’être porté constamment sur la relance et l’attaque ». En 1984, il marque contre les Girondins et souligne avec humour : « À Bordeaux, ils vont croire que je me suis fait opérer des deux pieds ». Mais un conflit avec Christian Lopez le pousse à quitter le club occitan à l’issue de l’exercice 1983-1984. Par la suite, Gérard Soler multipliera les clubs de l’élite : Strasbourg (32 matches, 6 buts), Bastia (23 matches, 6 buts), Lille (16 matches, 9 buts) - où il ne fait qu’un passage éclair, et forme avec Bernard Bureau une paire d’attaquants redoutablement complémentaires - puis enfin Rennes.

Stade rennais, saison 1986-1987

Un difficile périple breton

À l’image de toute l’équipe rennaise lors de cet exercice 1986-1987, son unique saison en Bretagne s’avère catastrophique. En fin de carrière, Gérard Soler ne marque qu’une seule fois en une vingtaine de matches disputés sous la tunique des « Rouge et Noir ». En effet, il ne trouvera le chemin des filets qu’au cours de la huitième journée de championnat face à son club formateur... le FC Sochaux-Montbéliard (1-0). C’est ainsi que, le plus logiquement du monde, et alors que le Stade rennais est relégué en D2 après avoir terminé dernier de D1, Gérard Soler quitte le club de la capitale bretonne, laissant derrière lui pléthore de regrets.

Grand voyageur (un terme dorénavant remplacé à torts et à travers par celui de « mercenaire »), il termine finalement son parcours de footballeur en seconde division, et effectue une dernière saison sous les couleurs de l’US Orléans (23 matches, 9 buts). Dans la foulée, il endosse le costume de dirigeant de club et devient président de l’Olympique avignonnais entre 1988 et 1991. Après une courte parenthèse en tant que commercial, il prend ensuite la direction de l’AS Saint-Étienne quelques années plus tard, où il devient le président délégué (de 1997 à 2001) des « Verts ». Entre temps, il est nommé meilleur dirigeant de club de la Ligue 1 par le magazine France Football, en compagnie d’Alain Bompard en 2000.
Il se retrouve ensuite impliqué dans l’affaire des faux passeports (Alex, Aloisio, Levytsky) qui touche de plein fouet l’ASSE au cours de l’exercice 2000-2001. La sanction sera sans commune mesure. Le 16 janvier 2001, Gérard Soler est ainsi suspendu de toute fonction sportive pendant douze mois par la LFP (Ligue de football professionnel). Et quelques semaines plus tard, le 18 avril 2001 très exactement, il est mis en examen à Saint-Étienne. Dans la foulée, il est placé sous contrôle judiciaire, pour complicité d’usage de faux documents administratifs (passeports) et complicité d’obtention indue de documents administratifs (licences de joueurs).

Ses démêlés judiciaires ne sont pas encore terminés, puisque le tribunal correctionnel de Saint-Étienne le condamne, le 20 juin 2002, à deux années de prison avec sursis et 50.000 euros d’amende. En mai 2009, et faisant fi de ses déboires d’antan, il devient le parrain du projet d’un second club de football en Île-de-France lors du rapprochement entre le Racing club de France et le Levallois Sporting Club, qui donnera naissance au club du Racing Club de France - Levallois 92. Depuis, l’ancien international tricolore aux seize sélections pour quatre buts, vit entre Toulouse, où il dirige une société spécialisée dans les biotechnologies, et Montbéliard où se trouve son usine de production.

Parcours de joueur :

1968-1972 : AS Poissy
1972-1978 : FC Sochaux-Montbéliard
1978-1979 : AS Monaco
1979-1982 : Girondins de Bordeaux
1982-1984 : Toulouse FC
1984-1985 : RC Strasbourg
1985 - janvier 1986 : SEC Bastia
janvier 1986 - juin 1986 : Lille OSC
1986-1987 : Stade rennais FC
1987-1988 : US Orléans

Sources :
forum footnostalgie
- « Le Stade rennais, fleuron du football breton » de Claude Loire, Ed. Apogée.
- Wikipedia

Sources photos :
worldcupfifa12.tripod.com
forum footnostalgie
srfc.frenchwill.fr

Vos réactions (3 commentaires)

  • Louis G

    9 février 2012 à 11h33

    Merci pour cette rétrospective sur Gérard Soler...il est toujours intéressant de connaitre le devenir de footballeurs que nous avons connus en « activité » !...j’ai bien le souvenir de Soler en tant que footballeur y compris en équipe de France ; par contre j’avoue avoir complètement occulté son passage , bref au demeurant, au Stade Rennais !...je lui souhaite de bien réussir dans sa fonction actuelle de « producteur » dont la France en a bien besoin !!...

  • 10 février 2012 à 17h49

    Super article.J’aimerais bien savoir ce que devient Christophe,talentueux,un petit article serait le bienvenue.

  • 24 février 2012 à 12h04

    étant passionné de football, j’ai eu la chance de côtoyer gérard soler qui fut mon patron pendant deux ans a montbéliard. c’est quelqu’un de droit et direct ce pourquoi je m’entendait bien avec lui et ou ce sont été mes meilleures années en tant que salarié. aujourd’hui je vole de mes propres ailes......

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