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2 juin 2009 | à 18h48

Au revoir Guy, bonjour « Anto »

Frédéric Antonetti est le nouvel entraîneur du Stade Rennais ! Après une saison et demie contrastée, Guy Lacombe quitte la Bretagne, avec un bilan mi-figue mi-raisin. En route vers Monaco, l'Aveyronnais laisse derrière lui quelques regrets, mais beaucoup de rancœurs. En recrutant Antonetti, le Stade Rennais fait lui le choix d'un pari avec un technicien à l'image sulfureuse, mais qui pourrait apporter beaucoup au club breton.

Au revoir Guy, bonjour « Anto »

Lacombe, un bilan paradoxal

Plus longue série d’invincibilité de l’histoire du club, plus grand nombre de points obtenus pour une saison en Ligue 1, une année entière sans avoir perdu un seul match Route de Lorient, une finale de Coupe de France, chose qui n’était pas arrivée depuis 1971... Si l’on s’en tient à ces faits, le bilan de Guy Lacombe à la tête du Stade Rennais pourrait être qualifié d’excellent.
Le technicien l’a d’ailleurs souvent rappelé devant la pluie de critiques (certaines justifiées, d’autres moins), qui se sont abattues sur lui par moments.

Fin décembre, alors que le Stade Rennais vient de boucler l’une des meilleures phases aller de son histoire, les "Rouge et Noir" peuvent légitimement nourrir des ambitions. On parle de Ligue des Champions, on parle de titre, tout en étant bien conscient que la concurrence est particulièrement exacerbée en haut du classement.
En l’espace de cinq mois, tout s’écroule. La défaite contre Lille a des relents de fin d’époque, quand celle - catastrophique - au Havre, vient confirmer que quelque chose s’est définitivement cassé. En Haute-Normandie, les Rennais laissent filer les places européennes, sans savoir que ce sera de façon définitive.
Malgré quelques résultats ramenés "au courage" (à Lyon ou au Mans), les nuls à l’extérieur du début de saison se transformeront bientôt en défaites parfois cinglantes, et le bilan positif Route de Lorient ne rattrapera pas l’ensemble.

Reste la Coupe de France. Rien de tel pour prendre par les sentiments un public qui attend un titre depuis près de quarante ans, et alors que les dates de 1965 et 1971 résonnent de façon presque magique dans les esprits. Le parcours jusqu’au Stade de France est parfait, l’adversaire semble prenable, et l’ambiance bretonne rajoute à la fête.
Et puis patatras. Deux errements défensifs et deux coups de patte d’Eduardo plus tard, les "Rouge et Noir" repartent la queue entre les jambes.

Lacombe lui, perd plus qu’une finale. Il perd son bilan rennais. Il aurait pu avoir l’un des meilleurs bilans jamais obtenus par un entraîneur dans l’histoire du club. Il restera dans les mémoires comme celui qui a mené son équipe à une défaite honteuse contre Guingamp dans un match qui aurait dû être historique.

Arroseur arrosé

Guy Lacombe, au final, fut l’entraîneur de la frustration. Celle de voir le Stade Rennais toucher du doigt ses objectifs avoués (la découverte de la Ligue des Champions et un palmarès enfin enrichi), avant que la porte ne se referme au dernier moment et de la façon la plus cruelle possible.

À force de chercher des bouc-émissaires pour justifier ce qui va de travers (l’arbitrage en premier lieu, mais aussi l’absence de recrutement cet hiver, les médias, ou l’attitude du public du Stade de France réclamant Pagis), Guy Lacombe en sera finalement devenu un, celui sur le compte duquel restera toujours cet épisode cruel, et l’immense frustration qu’il aura engendrée.

Le bilan sportif aurait pu éclipser tout le reste. Par la force des choses, le bilan humain sera lui aussi mis en avant, et il est peu glorieux. Mois après mois, Guy Lacombe aura donné l’impression qu’il se mettait tout le monde à dos, quelques joueurs et son staff excepté. Les sorties médiatiques de nombreux joueurs, parfois même ceux qui ne provoquent jamais de remous (par exemple Olivier Sorlin, qui aura clairement brocardé Lacombe à son arrivée en Grèce) ne laissent guère de doutes quant à sa popularité globale dans le vestiaire.
Au niveau des instances dirigeantes, pas mieux. Le départ de Lacombe semble s’accompagner d’un ouf de soulagement, au terme de derniers mois tendus. On souhaite bien du courage à l’AS Monaco, sa prochaine destination.

Antonetti, un pari

En remplacement de Lacombe, c’est donc un autre entraîneur réputé pour son bouillant caractère qui arrive aux commandes. Un technicien corse à la tête d’un club breton, le mélange semble incongru de prime abord.

À y regarder de plus près, la nomination d’Antonetti à Rennes ressemble à un vrai pari. « J’aimerais savoir où sont mes limites. J’ai toujours entraîné des clubs qui étaient dans le troisième tiers au niveau des moyens financiers, j’ai souvent fini dans les dix premiers, donc je veux voir ce que je peux donner dans une équipe avec un peu plus de moyens », affirmait Antonetti il y a trois semaines.
Bastia, Saint-Étienne (alors en L2), Nice, il est vrai que les clubs sous ses ordres ne jouaient pas naturellement les premiers rôles. Résultat ? Un Bastia régulièrement installé dans la première moitié du classement de ce qui était alors la D1, assorti d’un seizième de finale de Coupe UEFA après avoir sorti Benfica ; un Saint-Étienne à la dérive, reprise en L2 et dont il fera un promu avant d’être débarqué de façon injustifiée ; et enfin un OGC Nice qu’il aura tenu à bouts de bras en continuant à obtenir quelques bons points, tout en faisant connaître au "Gym" les frissons du Stade de France (finale de la Coupe de la Ligue 2006, perdue contre Nancy).

Transposé à Rennes, on demande à voir ce que peut donner le travail de Frédéric Antonetti. Pour le club breton, il s’agit également d’un pari. Le Corse donne à la fois le sentiment d’être un entraîneur expérimenté (ses quinze ans dans le métier sont un gage de fiabilité) tout en laissant un doute sur sa capacité à mener un club plus ambitieux que ceux qu’il a déjà pu entraîner jusqu’à présent. Bref, tout cela n’est évidemment pas sans risques.

Un personnage entier

Reste - au-delà de ses résultats - l’image que laisse le technicien. On s’amuse d’avance du contraste que son caractère sanguin et entier pourra donner en comparaison avec la prudence et la langue de bois d’un Dréossi et d’un Saint-Sernin. Les conférences de presse risquent d’être parfois animées, Route de Lorient...

Vu de l’extérieur, Antonetti semble aimer s’entourer de joueurs de devoir, parfois besogneux. Lui dit aimer l’école nantaise de Suaudeau, le Brésil des années 1980. À y regarder de plus près, on sent une certaine philosophie de jeu chez Antonetti. « J’essaie d’aider les joueurs en leur donnant des automatismes. Je pense qu’il y a des circuits du ballon dans un match », affirme le technicien corse. « Avec lui, quand on reçoit le ballon, on sait ce qu’on doit en faire au millimètre près, et ce n’est pas le cas avec tous les entraîneurs que j’ai croisé », renchérissait Cyril Jeunechamp il y a quelques temps.
Une philosophie de jeu à laquelle se rajoute une bonne dose de grinta pour transformer les revers en succès.

Et puis il y a les rapports avec les joueurs. Certains le disent grand meneur d’hommes, quand d’autres soulignent ses prises de bec régulières. « En général, à 95%, ça se passe bien avec les joueurs. Parfois, c’était un peu chaud, mais je me suis bien calmé depuis », confiait Antonetti il y a quelques mois au magazine So Foot.
On aura cependant relevé sa dernière brouille avec un certain... Cyril Jeunechamp, qui aura fini la saison avec la réserve après un accrochage verbal à l’entraînement.

Pari gagnant ou pari perdant ? Réponse à venir dans quelques mois. D’ici là Frédéric Antonetti devra façonner sa future équipe. Reste à voir de quelle façon le technicien s’adaptera au contexte rennais.

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