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20 novembre 2010 | à 01h45

L’autre Yoann...

Si on vous dit Yoann, vous pensez irrémédiablement à Gourcuff. Mais, avant l'avènement du jeune ploemeurois, un autre Yoann, sorti tout droit du centre de formation rennais, était aussi prédit à une carrière prometteuse après ses premières foulées en équipe première. Il s'agit de Yoann Bigné, aujourd'hui sous contrat au Stade brestois et qui revient, pour l'occasion, sur les terres qui l'ont vu grandir.

L'autre Yoann...

En ce 13 mai 2000, la route de Lorient retient son souffle lors de la dernière journée de championnat. Premier non-relégable avec un point d’avance sur Nancy, qui reçoit Auxerre, le Stade rennais se retrouve embourbé dans une situation délicate à l’heure d’affronter Metz. Une descente en division inférieure serait alors vécue comme un camouflet pour le groupe Pinault, actionnaire majoritaire du club.

L’anxiété est à son paroxysme quand Tony Cascarino délivre les Nancéens et permet ainsi à son équipe de passer devant Rennes au classement. Mais, l’inquiétude sera vite dissipée par l’effervescence, quand Yoann Bigné, cinq minutes après le repos, trompe Lionel Letizi de près pour redonner un nouvel élan à son club formateur. Suivi par Christophe Le Roux après l’heure de jeu, Bigné et les "Rouge et Noir" sauvent donc leur peau en gagnant un match couperet, devenu alors une vilaine habitude de la maison les années précédentes.

Comme pour montrer que le lutin breton est en quelque sorte l’un des artisans de la montée en puissance du Stade rennais de cette dernière décennie. Un club qu’il rejoint en 1990, en provenance de l’US Saint-Sulpice-la-Forêt pour se perfectionner sous la coupe de Patrick Rampillon, et avec lequel il signe son premier contrat professionnel cinq ans plus tard : "De ma génération, à part Mikaël Silvestre et Ousmane Dabo, on n’est pas beaucoup à être sortis du centre et ces deux joueurs sont ensuite partis de Rennes rapidement" déclare t-il pour rappeler que ses deux compagnons de formation avaient profité de l’Arrêt Bosman pour rallier l’Inter Milan en juin 1998.

Un an plus tôt, Bigné inscrit une ligne à son palmarès, tout comme le gardien Ludovic Roy et le défenseur Mikaël Silvestre, en remportant le titre de champion d’Europe des -19 ans, surclassant l’Espagne en finale. Par la suite, tout s’enchaîne pour le milieu de terrain breton puisqu’il est lancé dans l’élite contre Lille le 7 décembre de la même année en remplaçant Laurent Huard : "On gagne 2-1. On perdait 1-0 (NDLR : en fait, le Stade rennais gagne 2 à 0 et était alors tenu en échec) , Yves Colleu me fait rentrer à vingt minutes de la fin, il y a faute sur moi. Kjetil Rekdal devait tirer le coup-franc et me dit vas-y. Je le tire, Patrice Carteron arrive et ça fait but. C’était un bon début. J’avais fait onze matches cette année-là. Puis toute la saison d’après comme titulaire" relatait-il cette semaine dans les colonnes de Ouest-France.

Le futur Deschamps ?

Petit par la taille, Bigné se démarque néanmoins dès ses débuts professionnels. Il prend définitivement son envol la saison d’après en se muant buteur lors des deux matchs face à Nantes, dont un coup-franc magnifique au match aller à Rennes lors d’une victoire salvatrice (3-0 avec des buts de Nicolas Goussé et Loïc Lambert). Après un nouveau maintien acquis dans la douleur, et plus précisément grâce à un coup de tête de Kaba Diawara, le numéro 7 rennais aura tout connu sur les bords de la Vilaine. A contrario des saisons précédentes, Rennes veut s’installer en 1998-1999 dans la cour des grands et, pour cela, les moyens sont mis à la disposition de Paul Le Guen.

Le recrutement est ambitieux et les résultats suivront, puisque Bigné et ses coéquipiers terminent tout près du podium, auquel ils auront longtemps aspiré et lorgné tout au long de cette saison. Le Stade rennais est qualifié pour la Coupe Intertoto, qui lui permet d’écrire une belle page de son histoire en rencontrant la Juventus de Turin. Défaits à l’aller sur un doublé de Filippo Inzaghi (2-0), les Rennais font naître un brin d’espoir au retour en ouvrant le score avant que les Italiens remettent le scénario dans le bon sens (2-2, buts d’El-Hadji Diouf et Shabani Nonda). Un souvenir impérissable pour l’ancien international espoir tricolore, qui en parle avec beaucoup d’humilité : "Paul Le Guen m’avait dit de m’en charger (NDLR : de Zinedine Zidane) au match retour . Il m’avait fait sa petite roulette. Je la vois encore à la vidéo. Mais ça m’avait permis d’avoir son maillot".

Grand artisan du maintien du club en 1999-2000, les apparitions et le temps de jeu de Bigné se réduisent à cause d’une nouvelle concurrence. Il est même écarté par le successeur de Le Guen lors de la saison 2001-2002 : "Christian Gourcuff m’avait dit qu’il ne comptait pas sur moi. Et, les résultats n’étant pas là, il avait fait changer une bonne partie de son équipe. En Intertoto, à Aston Villa, j’avais fait un gros match, j’avais ensuite joué jusqu’en décembre. Puis il m’a écarté du jour au lendemain, sans explications. Je n’ai pas compris, ce sont les aléas du foot" explique t-il alors que ses performances, à ce moment là, au poste de milieu récupérateur sont saluées par tous les observateurs. À la suite de son match face à Monaco (3-0, triplé d’Olivier Monterrubio), les médias oseront même la comparaison avec l’entraîneur monégasque de l’époque : Didier Deschamps.

"Bien finir ma carrière..."

Lassé de jouer les utilités, il prend ses cliques et ses claques, en août 2002, en passant de la pluie bretonne au soleil azuréen avec Christophe Meslin. Désiré par Gernot Rohr à Nice, son adoption ne se fait pas attendre et il devient la coqueluche du stade du Ray qui apprécie ses qualités intrinsèques et son sens du dévouement. Bigné serait-il un brin rancunier ? Pour son retour à la route de Lorient avec ses nouvelles couleurs, le Sulpicien se fait un malin plaisir de ne pas passer inaperçu en inscrivant un but (passe décisive de... Kaba Diawara) et en délivrant une passe décisive.

Définitivement transféré l’année d’après, Bigné s’engage à Nice pour trois saisons afin de s’installer sur du long terme. Seulement voilà, Rohr parti, il ne fait pas partie des plans de... Frédéric Antonetti, qu’il retrouvera demain, et avec lequel il fut finaliste de la Coupe de la Ligue en 2006. Peut-être mélancolique de sa région natale, il répond favorablement à l’intérêt de Brest en fin de saison, club de Ligue 2 qui a la farouche volonté de monter à l’étage supérieur sous deux ans. Pas épargné par les blessures depuis son arrivée dans le Finistère, Bigné semble vivre une seconde jeunesse avec un groupe quasi-inchangé depuis l’accession, ce qui s’est matérialisé par la montée tant attendue.

Samedi, Bigné prendra place sur la feuille de match mais il débutera sur le banc. Tout juste remis de ses ennuis physiques à répétition, le milieu brestois a refoulé une pelouse de Ligue 1 le 23 octobre dernier lors du succès de son équipe à Bordeaux (0-2). Leader surprise de ce début de saison, l’ancien rennais avait connu cette situation au cours de son passage à Nice avant que les Aiglons ne baissent le pied. Plus près de la fin, il profite de ses derniers instants de footballeur avec divers objectifs singuliers : « À 33 ans et alors que mon contrat court jusqu’en juin 2012, j’ai envie de bien finir ma carrière. Je veux vivre intensément tous les moments et prendre le maximum de plaisir » rapportait-il dernièrement dans Le Télégramme. Notion de plaisir qui comprenait certainement son retour à la route de Lorient. Quatorze ans après y avoir débuté...

Crédit photo : Bruno Fablet - France Football, 24 août 2001

Vos réactions (2 commentaires)Commenter
Léon20 novembre 2010 à 19h00

Très bel hommage à Yoann Bigné,une fidélité sans faille au stade rennais contrairement à ses potes( Dabo et Sylvestre), bien que sollicité, il signe pour quatre ans chez son club formateur. Un joueur que j’ai adoré et d’une simplicité et gentillesse extrême à l’égard des supporteurs.Un joueur de club, un vrai, à l’image d’un Fabien Lemoine qui manque terriblement à son club.

Je suis ravi de le revoir route de Lorient et j’espère que le public lui réservera un belle ovation.

20 novembre 2010 à 23h56

très bon article sur un des grands joueurs rennais des années 90, vraiment un joueur que je n’oublierais pas, sinon petit message pour antonnetti, si il veux un public qui soutienne ses joueurs, continuez a jouez après avoir marqué un but et surtout, dites à vos dirigeants d’acheter des attaquants.

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