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7 août 2022 | à 15h28

ENTRETIEN / Adrien Truffert : « C’est important d’avoir de la concurrence »

Il y a presque deux ans, Adrien Truffert se révélait aux yeux du grand public, à la faveur d’une première inoubliable en pro. Avant de débuter sa 3e saison dans l’élite avec le Stade rennais, le défenseur s’est confié à SRO. Son statut, la concurrence, son rapport aux critiques, seconde partie d’entretien avec un joueur déjà plus tout jeune, à seulement 20 ans.

ENTRETIEN / Adrien Truffert : « C’est important d’avoir de la concurrence »

Comment s’est déroulée la préparation ?

Bien, je pense qu’on a fait une bonne préparation. On est bien préparés à faire une saison qui va être dense, avec la Coupe du Monde.

Comment abordes-tu cette nouvelle saison à Rennes ?

Jouer le plus de matchs possible. Jouer, progresser, pour encore être plus fort.

Quel est l’objectif fixé par le coach ?

C’est de faire la meilleure saison possible. On ne dit pas dire qu’on va jouer la première ou deuxième place. La saison dernière, on a vraiment fait une grosse saison. On a battu beaucoup de records, marqué énormément de buts. Ça va être difficile de faire pareil, mais c’est ce qu’on veut faire. On est prêts à faire une très grosse saison. On veut forcément tendre à être européen cette saison.

Tu as terminé la dernière saison titulaire devant Birger Meling, après avoir pas mal bataillé pour cette place. A posteriori, comment analyses-tu ta saison dernière ?

Je pense que j’ai eu des débuts compliqués, peut-être avec la blessure. On a eu une saison où on alternait beaucoup entre Biggy et moi. Je ne jouais pas beaucoup en début de saison, jusqu’à novembre. Après j’ai beaucoup rejoué jusqu’à décembre. Puis pendant un mois et demi, je n’ai pas beaucoup joué, à rentrer 5-10 minutes par match. Puis j’ai fait quasiment toute la fin de saison. Il y a eu des hauts et des bas, mais je pense que dans l’ensemble j’ai plutôt fait une bonne saison, j’ai engrangé de l’expérience, engrangé des matchs, progressé offensivement ou défensivement. J’ai encore des choses à travailler, mais cette saison m’a encore fait avancer, passer des caps.

Penses-tu que tu aurais pu t’installer définitivement numéro 1 dès le mois de décembre, quand tu enchainais les titularisations ?

J’avais comme objectif de jouer le maximum de matchs. On a une bonne concurrence avec Biggy, le coach a mis en place une alternance qui fait que le meilleur va jouer. S’il estimait à ce moment là que Biggy était le meilleur, c’est pour ça qu’il a joué. Ça veut dire que j’aurais peut-être dû être plus performant pour m’installer en tant que titulaire.

À ton retour de blessure, te sentais-tu à 100% ?

Oui. Peut-être que de reprendre la condition a pu jouer au début. Mais au mois de novembre-décembre, j’étais à 100%. Il y a eu des bons matchs et des moins bons. Je pense que j’ai fait une bonne fin de saison.

Est-ce que tu t’attendais à une telle concurrence avec Birger Meling ?

Oui, Biggy est un très bon joueur. La concurrence fait avancer de toute façon. Dans tous les grands clubs il y a de la concurrence. Aujourd’hui je pense que ça le fait avancer lui comme moi. C’est important d’avoir de la bonne concurrence car si les deux concurrents ont un niveau égal, ils vont se pousser vers le haut. Si tu as trop d’avance par rapport à ton concurrent, peut-être que tu vas te reposer sur tes lauriers. Là, Biggy est un très bon joueur et ça nous pousse à avancer, à être plus performant. Le coach veut que le meilleur joue, tout simplement.

Pourtant, après une première saison où tu étais passé devant Faitout Maouassa et Dalbert, tu n’étais pas plus confiant ?

Quand j’ai eu ma blessure, je savais qu’ils n’avaient pas recruté pour rien. Rennes a des ambitions. Ils ont recruté pour faire jouer. Je savais que lorsque j’allais revenir, je n’allais pas être titulaire comme ça et jouer tous les matchs de la saison. J’étais préparé à ça. C’est ce qui nous fait avancer, c’est important d’avoir de la concurrence.

« Les réseaux sociaux peuvent jouer un rôle psychologiquement »

Est-ce que tu as senti une certaine pression de l’opinion publique, qui t’attendait au tournant, après ta première saison ?

Non, pas du tout. Je ne regarde pas du tout les réseaux sociaux, je me concentre sur moi et mon football. Je ne me suis pas dit « ils m’attendent ». Les attentes, je me les mets moi-même, j’ai bossé pour jouer, et je n’ai pas besoin des autres pour me dire d’être performant. Quand je ne suis pas performant, je le sais.

On a senti un vrai clivage entre les supporters désirant te voir titulaire, et ceux préférant voir Birger Meling, avec un climat assez critique, sur les réseaux sociaux. Comment as-tu vécu ça ?

En vérité, je ne regarde pas. Je ne suis pas sur Twitter. Avec mes proches, j’essaye d’éviter d’en parler, ils le savent. J’essaye de me détacher de tout ça, pour ne pas que ça joue. Je pense que ça fait plus de mal à mes parents de lire des choses comme ça, qu’à moi. J’essaye vraiment de me détacher de tout ça. L’année dernière, j’avais bien démarré la saison, avec mon premier match à Monaco, donc je regardais un peu Twitter. Je tapais mon nom dans la barre de recherche, et ça ne disait que des choses bien. Mais à partir du moment où tu es moins performant, tu retapes ton nom, et forcément ça dit des choses moins bien. À partir de ce jour, j’ai dit que je ne voulais plus. Vraiment, je ne regarde pas. Je poste sur Instagram car c’est important d’entretenir ses réseaux, mais je ne cherche pas à regarder les commentaires ou critiques.

Comment on y arrive sur le long terme quand on est une personnalité publique ?

Je ne l’évite pas forcément. Quand un article sort sur moi, je regarde, forcément. Mais je ne vais pas chercher à regarder les critiques. Je ne vais pas regarder les commentaires sous les photos. Ce n’est pas compliqué. Je ne me dis pas qu’il faut absolument que je regarde ce que les gens ont dit sur moi. Je sais quand j’ai été bon, ou pas. Les gens disent ce qu’ils veulent sur moi, ça me passe au-dessus. Je dis à ma compagne de ne pas me dire ce qu’il se dit sur moi, que ce soit bien ou pas. Même les notes dans les journaux, je ne les regarde pas, et je dis à ma famille de ne pas les regarder. Quand je mérite un 2, je sais que je mérite un 2. Ma bulle je me la suis créée après avoir fait un mauvais match, et vu les critiques sur moi.

Est-ce que vous parlez de ce sujet avec tes coéquipiers ?

Oui on en parle, les réseaux sociaux peuvent jouer un rôle psychologiquement. Un joueur dans une mauvaise passe, ça arrive. S’il regarde les réseaux, il se fait trucider, mais il doit arriver à faire la part des choses. Parfois ça donne envie de regarder, mais tu sais si tu es nul ou non.

Cette saison, la concurrence devrait encore être rude. L’Equipe évoquait il y a deux mois ton envie d’y « voir plus clair ». Est-ce que c’est le cas ?

Ça je l’ai lu (rires). En fait je voulais avoir des réponses par rapport à la concurrence, par rapport à la saison. La saison dernière, il y a eu des hauts et des bas. Je pense qu’à chaque saison, il faut parler, voir comment le coach voit la saison car chaque saison est différente. Là, c’est clair, le coach fera jouer le meilleur. À moi d’être le meilleur pour jouer. Il compte sur moi, et je vais faire en sorte d’être le plus performant possible pour jouer tous les matchs. Ça n’a jamais vraiment été « pas clair ». Je n’aurais pas dit ça comme ça.

« Si on avait été en Conference League, on aurait été très déçus »

Tu vas entamer ta troisième saison en pro, quelle est ta place dans le groupe ?

Je pense que je ne suis plus un jeune, j’ai assez d’expérience. Les anciens ont aussi fait en sorte que je ne sois plus un « jeune ». J’ai assez de matchs pour donner mon expérience aux plus jeunes. J’ai passé un cap. Je ne suis plus un jeune, mais pas encore un cadre, je suis entre les deux. Le cap du jeune qui a encore des choses à prouver pour montrer qu’il a le niveau, je pense que je l’ai passé. Mais j’ai encore d’autres caps à passer.

Un de tes objectifs personnels est-il de changer de statut ?

Bien sûr, c’est aussi un objectif. J’espère que les gens ne me considèrent plus comme un jeune, pour moi je n’en suis plus un.

Beaucoup de tes coéquipiers du centre ont dû écrire leur histoire ailleurs. Est-ce une fierté de réussir à t’imposer au Stade rennais ?

C’est une fierté oui. Quand je suis arrivé au centre de formation, mon objectif était de finir sur le Roazhon. C’est une fierté de finir dans ce groupe. Après, chacun a des parcours différents. On en parle avec Lorenz et Warmed, c’est ce qu’on voulait quand on était petit, donc on profite.

Est-ce que vous jouez un rôle avec les plus jeunes comme Jeanuel Belocian ou Désiré Doué ?

Oui, comme nos débuts en pro sont frais, je pense qu’on peut les aider à s’intégrer, et à leur dire qu’il ne faut pas qu’ils se mettent une pression monstre. Ils ont les qualités pour, vraiment.

Sens-tu que le club a changé de dimension depuis ton arrivée au centre ?

Oui, largement. On joue l’Europe depuis 5 années de suite. Le club a eu envie de changer de dimension et l’a fait. Quand je suis arrivé au centre de formation, on ne jouait pas la coupe d’Europe, et ce n’était pas forcément l’objectif. Aujourd’hui ça l’est.

Ce changement de dimension, c’est aussi ce but de Serhou Guirassy à la dernière minute face à Lille, pour aller chercher la Ligue Europa. Que ressens-tu au moment de centrer pour lui ?

Je me suis dit « il arrive bien » (rires). Si on avait été en Conference League, on aurait été très déçus. On a tellement été proches de la Ligue des Champions toute la saison, que descendre en Conference League, même si c’est une bonne coupe d’Europe, on aurait été déçus. On a cherché ce but, c’est toute la saison qui a fait qu’on est allés le chercher. On a mis énormément d’énergie pour aller chercher cette coupe d’Europe. En plus, des buts à la 90e, on en a pris, on en a pas marqué beaucoup. On est allés la chercher. Mais moi j’étais de l’autre côté du terrain, je ne connaissais pas les scores des autres matchs. À 2-2, j’étais content, mais je me disais « il faut qu’on re-marque ! » (rires).

Tu es suivi par plusieurs clubs anglais. Partir pour un challenge à l’étranger, est-ce que tu y es prêt ?

Prêt ? Je pense. Après, est-ce que c’est ce qu’il va se passer ? Là, je ne pense pas. Aujourd’hui, mon avenir il est à Rennes. Je suis encore en contrat jusqu’en 2025, je suis bien ici. Après je ne sais pas ce que l’avenir nous réserve. Mais ce n’est pas quelque chose qui me fait peur.

Est-ce que tu imaginais te poser toutes ces questions à 20 ans ?

J’espérais me les poser. Je voulais tout faire pour me les poser. Depuis tout petit, j’ai envie d’aller le plus haut possible. J’espérais me les poser, et je suis content de me les poser. Ce sont des bonnes questions.

À LIRE : Retrouvez la première partie de notre entretien avec Adrien Truffert sur SRO.

Vos réactions (5 commentaires)Commenter
Erasmus 355 août 2022 à 14h25

Excellent article. Entretien intelligent,questions pertinentes,les réponses du joueurs sont intéressantes et à la mesure de la conversation entamée. Portrait véritable et sincère. Bravo !

Lolo 5 août 2022 à 16h16

Faut savoir il
y à un mois il disait qu’il ne voulait pas être mis en concurrence
On parlait même transfert, mais pour aller en Angleterre il y a encore du boulot Adrien

candide5 août 2022 à 20h40

Mine de rien il « en a claqué » quelques uns sur les commentaires des réseaux sociaux et « il sait s’il a été bon ou pas » après un match, il n’a pas besoin d’ètre noté comme à la foire aux bestiaux... très bel entretient rafraichissant.

CondateFan6 août 2022 à 00h19

En deux entretiens, enfin le meme peut-etre, il y en un qui, en tout cas, est en train de s’ imposer comme le titulaire du poste.
Bravo a Thomas. Meme s’il n’a pas, lui, a lutter contre Meling, ses interventions sont de plus en plus precises. Et il devrait,cette saison,nous regaler de ses commentaires. Celui la, avec Truffert, etait tres bien.

pheonal 586 août 2022 à 17h40

Je suis D’accord avec toi « Lolo ».
Allez Rennes !

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