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10 janvier 2022 | à 11h59

ENTRETIEN / Fred Cavayé : « Dès que tu portes le maillot du Stade rennais, tu es mon ami »

Mercredi, le réalisateur Fred Cavayé sort son nouveau film « Adieu Monsieur Haffmann », projeté vendredi dernier en avant-première à Rennes, sa ville natale. L’occasion pour ce supporter inconditionnel du Stade rennais de parler foot, cinéma, derby Rennes-Nantes, et d’Adrien Hunou. Entretien en rouge et noir.

ENTRETIEN / Fred Cavayé : « Dès que tu portes le maillot du Stade rennais, tu es mon ami »

Vous avez pour habitude de placer une référence au Stade rennais dans chacun de vos films. On imagine que celui-ci ne fait pas exception ?

C’est vrai, j’essaye de placer de manière judicieuse un clin d’oeil au Stade rennais. Là, c’était plus compliqué parce que l’action se passe en 1941. Dans mes autres films contemporains, s’il y a une télé, je peux mettre des images du Stade rennais, forcément des buts ou des victoires. Mais là il fallait trouver l’axe pour pouvoir en parler. C’est plutôt rigolo, car quand j’ai fait la première projection du film, le premier commentaire qu’il y a eu, avant toute critique, c’était « il a réussi à parler du Stade rennais ». Peut-être que de ma filmographie, c’est ce qu’il restera : supporter du Stade rennais ! Je trouve ça plutôt pas mal. (rires)

Pourquoi cette volonté de placer ce clin d’oeil dans chacun de vos films ?

Ça m’amuse et puis étant Rennais j’ai forcément un attachement fort à la ville, au club. C’est un truc de famille le Stade rennais. Mon grand-père allait à tous les matchs, à cette époque là les gens allaient à pied route de Lorient. Il ne ratait aucun match. C’est un clin d’oeil mais il y a un truc aussi lié au cinéma, c’est-à-dire à des plaisirs d’enfant, et des souvenirs d’enfant. J’ai la chance de faire ce métier qui est une passion d’enfance. Tout ça est lié, et comme j’ai commencé à le faire la première fois, je l’ai refait une deuxième fois. Maintenant quand j’écris un film, je me dis « tiens, où est-ce que je vais le mettre ? » Ça devient obligatoire. Hitchcock se montrait dans chacun de ses films, et comme je n’ai pas son talent, je cite le Stade rennais.

Justement, quel est votre premier souvenir d’enfant lié au Stade rennais ?

Je dois avoir 11-12 ans, je vais voir un match, on était en division 2, et je suis juste au niveau du panneau d’affichage. Je porte un blouson avec des manches blanches. Le lendemain je regarde Téléfoot, et dans la foule, on voit deux petits bras blancs, au-dessus du score ! J’étais super fier, on avait vu mes bras à Téléfoot. L’autre souvenir, je suis en CM2. Avec des copains à la sortie de l’école, on va au Monoprix à Maurepas, et il y a Pierrick Hiard qui signe des autographes. Il m’en signe un , avec écrit « Amitiés sportives ». A l’époque il jouait à Bastia, il venait de faire la finale de la Coupe d’Europe, c’était le premier joueur de foot que je voyais en vrai de ma vie.

« Dans mon travail, j’essaye d’arriver au même niveau de plaisir et d’émotions que le match Rennes-Nantes, quand on gagne à la 97ème »

Quels autres joueurs ont marqué votre histoire avec le Stade rennais ?

Il y en a beaucoup… Laurent Pokou, Pierrick Hiard, Stéphane Guivarc’h, Mickaël Pagis, il y a tellement de grands joueurs, de grands souvenirs. Encore plus récemment, Romain Danzé. C’est un joueur exemplaire et légendaire du Stade rennais.

Le Stade rennais ces dernières années, ce sont beaucoup de finales. Comment les avez-vous vécues ?

A mon grand désespoir, je n’ai pas raté beaucoup de matchs, mais je n’étais pas à la finale de la Coupe de France 2019. Quand j’ai dit à mon copain Eric Besnard (journaliste Canal+, ndlr) que je ne pourrai pas être au match car j’avais réservé des vacances avec ma copine, il m’a dit que si on gagnait, je le regretterai toute ma vie. Il a raison, je le regretterai toute ma vie de ne pas avoir été là. Je l’ai quand même regardé à la télé, c’était tellement fort. D’ailleurs, me sachant peiné de ne pas avoir été là, Jacques Delanoë m’avait fait la surprise au Roazhon Park un jour, d’aller chercher la Coupe et de me la mettre sur les genoux. C’est tellement énorme. Quand je vais au Stade rennais, je me sens comme un vrai privilégié, comme si je touchais du doigt mes rêves d’enfant. Rien qu’aller en bas près de la pelouse, c’est comme si j’allais aux Oscars. Toute ma vie je serai le petit gars de Rennes, fan du club. Approcher ça de près, c’est énorme.

Qu’est-ce qui vous procure le plus d’émotion, le foot ou le cinéma ?

En live, c’est le foot. Si on prend un match récent, la victoire face à Arsenal à Rennes (3-1, Ligue Europa, 7 mars 2019, ndlr), le troisième but je n’ai jamais vécu ça dans une salle de cinéma. Ce truc ressenti, quand on marque le troisième but, quelle soirée. Heureusement celui-là j’y étais en vrai. Ce sont des émotions différentes, mais il y a des scénarios de match, notamment celui face à Nantes (3-2, Ligue 1, 31 janvier 2020, ndlr) avec les deux buts dans les arrêts de jeu… Des scénarios comme ça, ça n’existe pas au cinéma, avec autant de suspense. Dans mon travail, j’essaye d’arriver au même niveau de plaisir et d’émotions que le match Rennes-Nantes quand on gagne à la 97ème.

Avez-vous déjà pensé à solliciter des joueurs pour vos films ?

J’avais rencontré Adrien Hunou avant qu’il s’en aille aux Etats-Unis, et je lui avais proposé de venir faire de la figuration dans le film. Il avait accepté, et malheureusement avec le covid, je n’ai pas pu tourner les scènes dans lesquelles il aurait été. Ça aurait été plutôt drôle ! Là je n’ai pas réussi, mais j’espère dans les prochains films !

Aimeriez-vous faire tourner certains joueurs en particulier ?

Je les aime bien tous, c’est comme quand j’étais enfant… Toute l’équipe ! Dès que tu portes le maillot du Stade rennais, tu es mon ami, limite de ma famille.

Que pensez-vous de la saison actuelle du Stade rennais ?

Je trouve qu’on a encore passé un cap. L’équipe prend une dimension qu’elle n’a jamais eu. Le match contre Lyon à Rennes (4-1, Ligue 1, 7 novembre 2021, ndlr) par exemple, j’ai très rarement vu l’équipe jouer à ce niveau là, vraiment. Sur ce match, il y avait un niveau, une fluidité dans le jeu, une rapidité, des choses simples en une touche de balle… Entre Genesio et les individualités qui arrivent à créer véritablement une équipe, cette année on est forts. Après le foot, c’est compliqué. Tu as beau être fort, ça se joue beaucoup dans la tête. C’est compliqué d’assumer d’être maintenant parmi les leaders, de ne plus être outsider. C’est encore l’étape qu’il faut réussir à franchir.

Vous mettez une référence au Stade rennais dans chacun de vos films, mais avez-vous déjà imaginé faire un film sur le Stade rennais ?

Non, il y a déjà Antoine Biard qui fait des films formidables sur le Stade rennais, la barre est haute, je ne pourrai pas faire mieux. Les Américains font des films sur le baseball, le football américain, de grands films sportifs avec du suspense, mais en France on ne fait pas ça. C’est dommage car le foot est le sport le plus populaire. Hormis « Coup de tête » (1979) ou « Trois zéros » (2002), il n’y a pas de films de sport en général, et encore moins sur le foot. Pourquoi pas ! Ça t’amène du vrai suspense, et c’est quand même un microcosme intéressant, car ça mélange tous les milieux, le foot. En tribunes, tu as de l’ouvrier au patron. Ça touche tout le monde, donc pourquoi pas. Après, je n’ai pas raté un match du Stade rennais depuis 4-5 ans, donc, si en plus je me mets à faire un film dessus… Il faut que je fasse d’autres trucs quand même. Je suis déjà mono-maniaque, je vais peut-être l’être trop.

« Adieu Monsieur Haffmann », sorti le mercredi 12 janvier, réalisé par Fred Cavayé, avec Gilles Lellouche, Daniel Auteuil et Sara Giraudeau.

Vos réactions (13 commentaires)Commenter
happy 3510 janvier 2022 à 12h38

Je ne porte pas le maillot et j’aime le STADE-RENNAIS
Depuis KHENNANE MAHI JACKY FAIVRE THEO
Tous les anciens supportaires vont se reconnaitre.

Yann5010 janvier 2022 à 12h55

S’il pouvait écrire le scénario de chaque match, on gagnerait à chaque fois...est-ce qu’on continuerai d’aller au stade pas sûr...en tous les cas fier d’appartenir à ce genre de supporter, supporter un jour supporter toujours voilà pour moi la vraie devise d’un supporter...allez Rennes !!!!!!

Xavier10 janvier 2022 à 15h51

C’est un super réalisateur. Semaine passée le film « LE JEU » est visionné sur les écrans de la TV ( un repas ou tout le monde pose son portable sur le centre la table ) et la dernière image est un des 7 héros du film regardant son portable en survêtement avec le logo du stade rennais !
Instant très drôle !
Sujet très bien écrit.

pheonal 5810 janvier 2022 à 16h45

Bravo et bonne chance a lui .
Il me fait penser au père d’Elliot dans la série « MR ROBOT » .
Allez Rennes !

Lulu Berlu10 janvier 2022 à 16h51

On voit bien que le gars,il adore le Stade Rennais et ça c’est pas du cinoche !!!
Sur le 3eme but de Saar contre les Gunners je partage totalement son sentiment. Moment presque aussi fabuleux que celui où N’Kunku expédie son ballon dans les nuages au Sdf. Juste avant le sprint supersonique de Thomas Koubeck !!

PhenixRoazhon10 janvier 2022 à 17h24

Article sympa, un réalisateur qui aime les histoires, et notre histoire est longue et belle, on sait tous ce que supporter du stade rennais veut dire, il n’y a plus de classe sociale plus de différence, un lien invisible mais bien réel unit tout ceux qui partagent ces moments de gloire, ses frustrations multiples et cette passion dévorante qui nous rends les fin semaines plus ou moins joyeuses.
Comme lui, mes premiers souvenirs datent de 1971 et de cette finale de coupe écoutée à 10 ans sur les premiers transistors de poche, le stade a failli disparaître après, il faut avoir connu les soirées froides d’hiver de la D2 dans les années 80 avec un stade sans toit par endroits, 13 saisons de D2 entrecoupés de remontées puis de descentes à nouveau, il fallait du courage pour continuer à supporter dans ces conditions quant nos voisins lavallois brillaient en D1, tous les amateurs de foot étaient des spectateurs assidus à la télé de l’épopée stéphanoise fin des années 70 ou par la suite des voisins nantais qui rayonnaient par leur beau football, mais pour autant le club de cœur est toujours resté le stade rennais, le stade ou on se sent bien en famille, avec des amis ou des collègues en buvant une bière et en mangeant une galette saucisse, beaucoup d’entre nous ne pourrons jamais être les supporters d’un autre club.
Nous attendons beaucoup aujourd’hui, et il faut le dire aux plus jeunes aussi, nous sommes tous devenus plus exigeants et impatients, c’est bien normal, le club a continué à grandir et s’est mis la barre plus haut, cependant n’oublions jamais d’où nous venons, sans renier notre histoire parfois difficile et tourmentée, c’est de cet instinct de survie du club et de cette histoire mouvementée que les joueurs doivent aujourd’hui se nourrir collectivement pour franchir un nouveau palier, et aujourd’hui avec les mercenaires du foot professionnel c’est pas forcément gagné, mais on espère que le club conservera bel et bien son âme.

anafal10 janvier 2022 à 19h07

Même âge, même histoire d’amour avec le club que toi phenixRoazhon !
71 et la coupe, la braderie du centre ville avec tous les commerçants en maillots du stade et les vitrines en rouge et noir ! Je suis resté marqué à jamais et ce ne sont pas les matchs de D2 , et la sacro sainte mauvaise blague ( qu’est ce qui monte et qui descend) qui ont refroidi ma passion. Bien au contraire ! d’où peut être une frustration moindre aujourd’hui quand nos couleurs traversent une mauvaise série...

Davikenmabro10 janvier 2022 à 21h56

Jonas Martin semble plutôt partant pour prolonger l’aventure avec le Stade Rennais. C’est la récente révélation du journaliste Thomas Rassouli à France Bleu Armorique au sujet du milieu de terrain. Le club breton devra néanmoins trouver un terrain d’entente avec le joueur de 31 ans, la durée du futur contrat pouvant être un élément important dans les négociations.
J’espère que c’est une blague......

Marcel Loncle 11 janvier 2022 à 00h04

Comme il lira cet article et les commentaires, j’en profite pour lui dire que j’ai adoré « le jeu » que j’ai vu cette semaine à la télévision. Je crois même que c’est la première fois que ça arrive : j’ai demandé à mes enfants s’ils l’avaient vu. Effectivement, et de manière quasi subliminale, j’ai « aperçu » le logo du Stade Rennais. Je n’en croyais pas mes yeux ! Il faut savoir qu’il y a des gens, dans tous les milieux et dans toutes les professions, qui, à travers le monde, sont comme lui et moi des amoureux inconditionnels du stade rennais. On se croit seul, lorsqu’on est loin de Rennes, et puis finalement on se rend compte (c’est aussi une grande vertu du forum) qu’on ne l’est pas.

Lolo11 janvier 2022 à 08h00

Un amoureux du stade Rennais
Un vrai supporter
Bonne chance à son film

CondateFan 11 janvier 2022 à 09h42

En voilà un entretien passionnant avec un passionné, et ce, juste après un défaite.
La dernière c’est Lens de samedi soir. Fred en pense quoi ? Il a sans doute pas réalisé.
Ou ça l’obscure ? Et le rideau sur les grands est tombé. Coupé. Moteur. Avec, on l’espère, un peu plus d’actions à Bordeaux.
Et encore merci à Thomas pour ce coup de projecteur sur LE réalisateur rennais, et ce, comme par hasard, poil-poil au début du festival de CAN.

Bardon 11 janvier 2022 à 19h30

Étant aussi fan de cinéma je salue l’initiative de SRO de mélanger les disciplines et de relier le foot au cinéma, même si le football est notre passion commune nous pouvons l’enrichir de plein de choses !
Beaucoup d’écrivains ( comme F Begaudeau), journalistes (Mickael Correia) ou photographes, artistes, adorent le football et peuvent en parler pendant des heures, nous raconter leurs vision du foot, leurs souvenirs, c’est quand même plus agréable que d’entendre l’inculte et non moins reac Daniel Rigolo s’exprimer sur le foot !

thabor3513 janvier 2022 à 19h53

Quelle passion pour le stade rennais, cela fait toujours plaisir de lire de tels propos sur Notre stade et le clin d’œil de l’écusson du stade rennais dans son film « Le Jeu ».. Grand pére, pére ont été supporters debout sur les tribunes bois, éloigné de Rennes je suis assidument tous les matches et reste toujours inconsolable lorsque Rennes perd.
Bravo à SRO pour cet article.

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