Stade rennais - Angers : « On n’a pas le droit à l’erreur dimanche », l’intense conf’ de presse de Genesio

Groupe : Martin (Terrier) et Adri (Truffert) toujours en soins, Xeka en réathlétisation. Désiré est indisponible pour dimanche, avec sa blessure au psoas. Pour le reste tout le monde est sur le pont. Désiré possible retour avant la fin de saison ? Oui je pense oui, j’espère. J’ai bon espoir pour les derniers matchs qu’il soit opérationnel. Xeka aussi.

Désiré Doué : Il y a sûrement un quiproquo qui a été réglé par le dialogue. Comme souvent ça se règle par le dialogue. Je crois que le premier à en avoir souffert c’est lui. Il a été « accusé » de choses qu’il n’a pas faites. Simplement, aller voir un match de foot avec son agent parce qu’il en avait besoin. Quand on est très jeune, qu’on n’a pas de vacances, qu’on enchaine les saisons, qu’on passe le bac, qu’on a de très bonnes choses qui se passent puis des choses un peu moins marrantes, on a besoin de s’évader. Moi je lui avais conseillé d’ailleurs de prendre un peu de repos avant sa blessure, car je sentais qu’il était las. Il a choisi d’aller voir un match, ce qui n’est pas en soi une catastrophe, sauf que ça a été mal interprété, peut-être mal préparé. En tout cas, peut-être qu’une communication en amont aurait évité une mauvaise interprétation. C’est juste ça. Il y a une mauvaise interprétation qui a été faite du fait de sa présence à Barcelone, parce que ça n’a pas été expliqué en amont. Mais ça s’arrête là. C’est un stade de foot, un club qu’il aime bien, il avait envie de s’aérer l’esprit, comme ça peut arriver quand on est parfois un peu las. Ça arrive à tous les joueurs. Encore une fois, peut-être que ce n’était pas le bon endroit, mais c’est surtout la mauvaise interprétation qui en a été faite, plus par un manque de préparation et de communication en amont. Si on avait communiqué, ou que son entourage avait communiqué qu’il avait voir un match à Barcelone parce qu’il avait repos dans sa phase de soins et qu’il avait besoin de… Certainement qu’il n’y aurait pas eu cette mauvaise interprétation qui n’avait pas lieu d’être finalement. Voilà, je pense que ça servira de leçon à tout le monde. 

Calendrier le plus facile pour Rennes : Ça ne veut rien dire les matchs, il faut les jouer pour les gagner, on ne joue pas au loto sportif. Chaque journée il y a des matchs qui nous montrent qu’il n’y a pas de calendrier facile. Lille a perdu à Angers, nous on a perdu certains matchs à l’extérieur où on était grands favoris. Il faut jouer les matchs et les gagner avant de tirer des conclusions sur le calendrier.

Analyse après Montpellier : Pour moi il y a deux parties. Une à 11 contre 11, où ce qu’on a fait est plutôt cohérent, mais on manque d’efficacité dans ce qu’on montre en première mi-temps, un comme à Lyon. On a des situations pour mener. Après il y a l’expulsion qui paradoxalement nous a plus posé de problème qu’elle ne nous a avantagé. Pour deux raisons : Montpellier a joué beaucoup plus bas, nous a énormément fermé l’axe, et qu’on n’a pas su trouvé les solutions. On est venus beaucoup trop souvent butter dans cet entonoir et à chaque fois qu’on a pu passer par l’extérieur, soit il y a eu des centres trop approximatifs pour qu’on puisse être dangereux, soit nous avons manqué de présence devant le but lorsque les centres étaient de qualité. On a été quasiment jamais dangereux à 11 contre 10. Pour que les centres soient repris, il faut des profils de joueurs de tête qu’on n’a pas forcément. J’ai vu qu’on était la plus petite équipe de Ligue 1 par la taille. Il y a d’autres manières de centrer, on a manqué de présence, d’agressivité dans la surface adverse à 11 contre 10.

Différence d’état d’esprit à partir de l’expulsion et/ou du but de Montpellier : On a essayé, on a réussi à passer par l’extérieur, à amener le ballon dans de bonnes zones pour être en danger.

Attaquants peu conquérants dans la surface : Il faut qu’ils se forcent, je pense qu’ils peuvent le faire. Ce sont des courses difficiles à faire, il faut anticiper la réussite aussi. Il y a de bons centres où on ne devance pas notre adversaire direct, on attend derrière qu’ils ratent le ballon ou se trouent. Il faut anticiper la réussite, passer devant, couper les trajectoires. Peut-être qu’une fois, 2 fois, 3 fois, le ballon n’arrivera pas. La 4e fois où il arrivera ce sera une occasion ou un but. On doit travailler là-dessus, ce sont aussi des courses mentales, des courses difficiles à l’image des courses en profondeur servies ou pas, mais qui permettent de libérer des espaces. Ce sont des courses difficiles à faire mentalement. Je pense que c’est ce qui nous a manqué notamment à 11 contre 10.

Difficulté d’apprendre de ses erreurs : Ce n’est jamais facile, même à 11 contre 10. Souvent l’adversaire se regroupe très bas, avec une grosse densité. Ce n’est jamais facile de trouver des solutions lorsqu’il y a très peu d’espaces. Ce que je regrette c’est qu’on n’a pas tout fait pour au moins se créer des occasions (après l’expulsion, ndlr). Frapper de loin peut aussi être une arme supplémentaire quand les équipes sont regroupées. C’est trop insuffisant pour une équipe comme nous qui veut ambitionner de se qualifier en coupe d’Europe de se créer si peu d’occasions. Après on les met ou pas. Et surtout, on doit être capable de prendre un point quand on n’est pas capables de gagner. Ça c’est la deuxième chose qui m’a mis en pétard.

Equipe qui baisse les bras facilement : Non, ce n’est pas une équipe qui baisse les bras, je ne sens pas une équipe qui lâche. Je ne sens pas du tout ça, ni en match, ni à l’entraînement. Mais je pense qu’on a besoin aussi d’avoir un peu plus de caractère dans les matchs où tout ne tourne pas comme on aurait envie. C’est un match qu’on a dominé, il faut en faire un peu plus, avoir un esprit un peu plus de guerrier pour aller dans cette surface de réparation, marquer des buts un peu de raccroc. J’ai l’impression que tous nos buts sont des buts bien construits qui peuvent faire le tour du monde parce qu’ils sont beaux, mais il faut aussi savoir en marquer suite à un tacle, un ballon relâché par le gardien, ce sont des buts qui comptent comme les autres.

Equipe traumatisée par les déceptions de la saison : Non, après peut-être que des situations qu’on a déjà vécues nous freinent un peu mais ce n’est pas le discours que je leur tiens. Je n’arrête pas de leur parler du détachement de l’objectif et du résultat car je reste persuadé que c’est comme ça qu’on l’atteindra. Des matchs ne tournent pas à notre avantage. Celui-ci en fait partie.

Pourquoi cela arriverait maintenant, début mai : Parce qu’il va faire beau. (sourires)

Désabusé après Montpellier : Pas désabusé, mais un peu surpris. C’est pour ça que je réponds avec humour, car c’est difficile de répondre à ce qui va changer. Des moments ça change, on a joué Reims, vous étiez les premiers à vous enflammer après Reims. Je vous ai dit attention. Il faut être régulier. Et puis après Montpellier, on est de nouveau dans le catastrophisme. Je ne sais pas dans quel était on sera dimanche, enfin vous serez, mais c’est comme ça. Le foot, le sport est fait de choses inexplicables qu’on cherche toujours à expliquer. Il y a des explications, des choses qui nous ont été contraires cette saison. C’est factuel. Il y a aussi des choses difficiles à expliquer.

Lassé de répéter son discours : Non jamais, si je me lasse il vaut mieux que je prenne ma retraite. Notre job c’est aussi de répéter, ça fait aussi partie de la pédagogie.

Deuxième partie de saison difficile : Une fois qu’on a dit ça, c’est le constat. Moi ce qui m’intéresse c’est de savoir pourquoi, et comment faire. C’est ça mon métier. Ce n’est pas de dire « ce n’est pas normal », « on est 15e ». Ce qui m’intéresse, c’est qu’on est encore à proximité des équipes qui se qualifient en coupe d’Europe aujourd’hui, et qu’on a 53 points, et qu’on peut faire encore mieux que l’année dernière en terme de points, en fin de saison. Il y a toujours deux façons de voir les choses. Mais on est conscients, si on ne l’était pas on serait irresponsables. Rien ne sert de rabâcher ou de répéter qu’on n’est pas à notre place, que ce n’est pas normal. Des investissements, tout le monde en fait, toutes les équipes devant nous en ont fait. Certains sont derrière nous et en ont fait aussi. Ces bilans-là on les fera à la fin de saison. Aujourd’hui, de tirer des conclusions, faire des bilans sur les investissements, le classement, le point pris ou non, c’est prématuré.

Remplaçants pas décisifs : Ça, ça m’inquiète plus. Car je dis souvent que la santé d’une équipe s’évalue aussi par rapport aux joueurs qui rentrent en cours de jeu et impactent le match. Soit pour aller chercher un résultat, ou le garder. J’en parle à chaque causerie. C’est un vrai impact sur l’équipe. Le fait qu’aujourd’hui les joueurs rentrés en cours de jeu, soient très peu décisifs alors qu’à un moment donné, c’était quelque chose de récurrent chez nous, ça c’est plus inquiétant pour moi. Je prends toujours ma part de responsabilité, c’est mon job, je ne peux pas me défausser sur les joueurs ou je ne sais quoi. Si ceux qui rentrent en cours de jeu ne sont pas décisifs, c’est peut-être certainement que je n’ai pas tout fait pour les mettre dans les meilleurs conditions, pour que quand ils rentrent ils soient suffisamment en confiance, ou motivés pour faire mieux. C’est normal que j’ai cette réflexion là.

Changements : Honnêtement, ce sont des discussions qui n’ont pas d’intérêt pour moi. Je regarde beaucoup de matchs de haut niveau, des entraîneurs ne font pas de changements, de très grands entraîneurs. Ou qui en font peu. Faire des changements pour faire des changements, ça ne sert à rien. Si je les fais, c’est que je pense que des joueurs sont fatigués ou moins performants, que ceux qui vont rentrer vont nous apporter quelque chose, sinon ça ne sert à rien de faire des changements. Les changements sont faits pour apporter quelque chose à l’équipe. Je fais la compo d’équipe pour qu’elle soit la meilleure possible pour affronter un adversaire. Je ne prends pas compte du reste.

Autres équipes instables : À part les 3 premiers, qui sont d’une régularité et tournent plein pot, Marseille et Lens font un parcours extraordinaire en terme de régularité, de jeu et de performance, mais oui les autres, Monaco, Lille, Lyon, Nice ou nous, on voit des performances assez irrégulières avec des périodes fastes et moins fastes. Je pense que la coupe du monde a fait provoqué beaucoup de choses.

Jouer Angers condamné à la Ligue 2 : La plus grosse erreur, c’est de penser que les matchs sont gagnés avant de rentrer sur le terrain. C’est le gros danger qui nous guette pour dimanche. En face c’est une équipe condamnée, c’est sûr, mais elle va venir complètement libérée, avec des joueurs qui vont avoir envie de se montrer car ils savent qu’en fin de saison s’ils veulent partir, ça passe par de bons matchs de Ligue 1 sur les derniers matchs. Si nous on a le moindre relâchement dans la préparation, dans notre motivations, dans le niveau d’agressivité qu’on devra mettre dans ce match, on va vers une désillusion. Car le football reflète souvent ce que vous méritez. Il faut se préparer à jouer Angers comme si on jouait le PSG, Lens, Marseille. On rentre dans le sprint final, les points valent très cher. On n’a pas le droit à l’erreur dimanche. Sur leurs derniers matchs, on peut penser qu’on va avoir une possession importante avec une équipe qui va être assez basse et progresser avec des attaques rapides. On sait à quoi s’attendre, on a travaillé cette situation-là toute la semaine pour se préparer avec le ballon et être prêt à la perte pour éviter d’être mis en danger.

Joueur contre des blocs bas : C’est pour ça qu’il faudra qu’on soit plus juste techniquement, plus efficaces dans la surface adverse. Ce sera un enjeu très important. Face à des blocs bas, quasiment toutes les équipes ont du mal. C’est difficile de jouer avec une grosse densité de l’adversaire. Il faudra plus de mouvement, de justesse technique.

Groupe qui vit moins bien : Sur le terrain je suis complètement d’accord. Les stats des joueurs qui rentrent reflètent souvent cet état d’esprit de l’équipe sur le terrain. En dehors du terrain, j’ai connu des groupes qui n’étaient pas forcément les meilleurs amis du monde, mais qui sur le terrain ont gagné des titres de champions de France, voire d’Europe. Ce qui est important c’est ce qu’il se passe sur le terrain.

Problème avec Florian Maurice : J’entends beaucoup de choses sur ce qu’il se passerait entre Flo (Maurice) et moi. C’est faux, c’est archi-faux. Flo avant d’être la personne qui m’a fait venir ici, et d’être directeur sportif, c’est d’abord mon ami. J’ai quelques valeurs dans la vie, et l’amitié et la fidélité sont supérieurs au football, chez moi en tout cas. Donc il n’y a pas l’ombre d’un problème entre Flo et moi. Il y a parfois, et comme ça je serai parfaitement sincère, mais comme dans tous les clubs, des sujets, notamment sur des joueurs où on peut ne pas être d’accord, comme on peut en avoir avec tout le monde. Un joueur me plaira peut-être plus, ou l’inverse. Mais ça, et heureusement, car si un jour ça n’existe plus, il ne faudra pas qu’on travaille ensemble. J’aime la contradiction dans mon travail, sinon on n’avance pas. Mais il n’y a aucun espèce de problème, et je ne sais pas d’où on a pu sortir ça, je ne le sais pas, je vous le dis, et je suis très content qu’on me pose la question, parce que c’est faux et archi-faux. J’ai la chance d’avoir un directeur sportif qui est aussi mon ami. C’est un vrai privilège pour les entraîneurs, pour moi. Après il y a des dossiers sur lesquels on n’est pas tout le temps d’accord mais c’est comme ça qu’on avance, qu’on progresse, lui et moi.

Maurice discret : Flo est quelqu’un de discret de nature, qui travaille, dans l’ombre souvent, qui fait très bien son travail, mais qui n’est pas quelqu’un qui aime la lumière, être devant les caméras. Tout le monde est touché par les critiques. Lui comme moi, comme les joueurs, on est tous touchés. Notre métier est fait de compliments 10% du temps, et 90% du temps de critiques. Si ces critiques vous impactent au point de ne plus dormir, faire votre métier, il vaut mieux ne pas faire ce métier. Ce n’est pas le cas, ni pour Flo, ni pour moi. Je vais vous faire une confidence, quand on perd je ne lis plus la presse, ni les magnifiques revues de presse qu’on me fait. (avec humour, ndlr). Vous pouvez écrire ce que vous voulez, je ne lis rien. Quand on gagne je lis tout. 

Prêt à repartir pour une saison supplémentaire comme cela : Oui. Le jour où je n’aurai plus l’énergie, ou que je ne me sentirai pas bien, je saurai quoi faire. Ce n’est pas arrivé encore. 

6e place possiblement européenne : Je crois que tous les Rennais sont derrière Toulouse (rires). Honnêtement les deux entraîneurs sont des gars que j’apprécie énormément. Je n’aime pas souhaiter du mal aux gens et aux équipes, que le meilleur gagne. Si c’est Toulouse et que ça nous permet d’être qualifiés en terminant 6e, tant mieux, mais c’est encore loin d’être acté. J’ai vu que c’était arrivé une fois aux équipes de Red Bull et qu’ils avaient réussi à trouver une parade. On est encore loin de ça. Le mieux pour nous c’est de finir dans les 5 premiers.

Manchester City - Arsenal : Deux choses ont beaucoup évolué pour moi dans le jeu de City. La présence d’un attaquant de fixation et buteur. Et une animation défensive maintenant aussi bien voire mieux rodée que le jeu offensif. Ça en fait une équipe quasiment injouable. Je suis très impatient de voir la demi-finale face au Real car ça va être un cran au-dessus. Honnêtement on s’est régalés avec ce qu’ils ont proposé dans le jeu, mais aussi avec ce qu’ils ont dégagé défensivement, à la fois dans leur faculté à presser et dans leur faculté à défendre plus bas et à être très solide défensivement, et l’impact athlétique que dégage cette équipe, en terme de puissance, dans les duels et la faculté qu’ont les joueurs à faire des courses longues avec et sans ballon. Adaptable à Rennes ? Oui, il faut toujours s’inspirer des meilleurs. Après il faut rester humble mais il faut s’en inspirer. On a montré il n’y a pas si longtemps beaucoup de bonnes choses dans le jeu, des phases intéressantes avec ballon. On doit s’améliorer sur la solidité défensive, notamment sur les phases arrêtées.

Recruter un spécialiste des coups de pieds arrêtés : Non, je ne pense pas que ce soit nécessaire, j’ai des gens qui s’occupent des coups de pied arrêtés. L’année dernière on a très peu encaissé de buts sur coups de pieds arrêtés. Ça vient aussi des joueurs que vous avez ou pas.

Recruter un joueur qui a ce profil : Des joueurs. Il y a les deux, le frappeur, le receveur, puis des courses. Evidemment que quand vous avez Nayef Aguerd, Martin Terrier, Gaëtan Laborde et Serhou Guirassy, c’est plus simple de marquer des buts de la tête. Mais c’est aussi un choix qu’il faut assumer.

Refus de l’IFAB de sonoriser les arbitres / les arbitres qui s’expliquent sur leurs choix : Sur la sonorisation, je ne pense pas que ça changera quoi que ce soit, si ce n’est pour le public, mais pas pour nous. Par contre je crois davantage au comportement des arbitres, du 4e arbitre. Le dernier match contre Reims, je me suis un peu énervé car la VAR était en grève et que l’arbitre de touche ne levait pas le drapeau sur des hors-jeu qui me semblaient évidents. Il a été top, est venu m’expliquer pourquoi, finalement c’est terminé, vous vous calmez et tout s’est passé dans une ambiance correcte. Si on arrive à avoir un respect entre arbitres et joueurs, arbitres et entraîneurs, un dialogue, que chacun reconnaisse qu’il puisse y avoir des erreurs et qu’on ait les attitudes en conséquence… Après quand vous avez un arbitre qui vous prend de haut, veut être la star du match, forcément vous avez un comportement moins bienveillant, des deux côtés.