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12 octobre 2013 | à 15h54

Un œil dans le rétro : Gyula Visnyei, dit Juli Veee

Un œil dans le rétro. Gyula Visnyei, dit Juli Veee, vous connaissez ? Non ? C’est normal. Et pourtant, cet attaquant hongrois passé par le Stade rennais au cours de la saison 1971-1972 a réalisé une carrière remarquable et remarquée aux États-Unis en NASL (North American Soccer League) puis MISL (Major Indoor Soccer League).

Un œil dans le rétro : Gyula Visnyei, dit Juli Veee

Son année rennaise

Gyula Visnyei est né le 22 février 1950 à Budapest, en Hongrie. Durant son adolescence, il doit faire un choix entre le tennis de table et le football. Il choisit le football et intègre rapidement l’équipe des moins de 21 ans de la Hongrie. Du fait du régime communiste de l’époque, il décide de fuir son pays natal lors d’une tournée en Europe de l’Ouest de l’équipe hongroise des moins de 21 ans et d’un match en Italie. Il rejoint alors les États-Unis où il rencontre sa future femme (originaire de Bretagne, selon la légende). Il revient en Europe et débarque au Stade rennais au début de la saison 1971-1972. Attaquant pétri de talent, dribbleur, ses qualités indéniables vont le desservir en Bretagne.

En effet, le Stade rennais vient de gagner sa seconde Coupe de France et certaines individualités encore présentes dans l’effectif rouge et noir ont du mal à accepter qu’un jeune joueur puisse s’amuser aussi facilement avec des professionnels renommés. La rumeur, qui a passé les décennies, relate même que lors d’un entraînement de l’époque, le jeune Gyula se serait amusé à faire le doublé coup du sombrero puis petit pont au gardien rouge et noir de l’époque Marcel Aubour, excusez du peu. Vrai ou faux, peu importe, mais cela reflète son insouciance ainsi que sa facilité balle au pied.

En lever de rideau d’un match contre le Stade brestois, il inscrivit même un but « à la Messi » en dribblant toute l’équipe devant des spectateurs du vieux stade de la Route de Lorient pleins d’admiration. Mais malgré ses qualités reconnues, il n’apparaît que lors des matchs amicaux et en équipe réserve et n’arrive pas à convaincre Jean Prouff, encore entraîneur à l’époque.

Son retour aux États-Unis et son départ en Belgique

Joueur dans l’âme, il ne supporte pas cette situation et retourne de l’autre côté de l’Atlantique. On retrouve sa trace deux ans plus tard aux Los Angeles Aztecs (équipe inscrite à la North American Soccer League où évolueront notamment un peu plus tard Johan Cruijff puis Georges Best), où il joue 20 matchs et inscrit 6 buts au cours de la saison 1974-1975. Il rejoint ensuite les San Jose Earthquakes où il dispute 13 matchs. C’est lors de cette saison 1975-1976 qu’il découvre le football indoor. Il joue seulement 4 matchs en salle mais inscrit tout de même la bagatelle de 8 buts.

L’année suivante, son agent le convainc de retenter sa chance en Europe. Il s’engage alors dans le championnat belge au Lierse SK (Koninklijke Lierse Sportkring). Il y joue 28 matchs et marque à 8 reprises. Le Standard de Liège le remarque alors et l’engage pour la saison 1977-1978. Il jouera 25 matchs pour les « Rouches » et inscrira 5 buts. Il a alors l’opportunité de disputer la Coupe de l’UEFA avec l’équipe wallonne en compagnie des Gerets et Ceulemans et sera éliminé en huitième de finale.

Son retour vers le soccer puis le football indoor

La fin des années 1970 voit le « soccer » relancé aux États-Unis par des anciennes gloires du football comme Pelé, Cruijff, Beckenbauer, Carlos Alberto. Il décide donc de retraverser l’Atlantique et devient joueur pour les San Diego Sockers à partir de la saison 1978-1979. Hormis un passage aux New York Arrows lors de la saison 1979-1980 et aux Las Vegas Americans en 1984-1985, il restera fidèle aux San Diego Sockers jusqu’à la fin de sa carrière. Devenu citoyen américain sous le nom de Juli Veee, il est sélectionné 4 fois en équipe nationale et inscrit 2 buts pour la sélection américaine.

Doté d’un talent évident, d’un sens du dribble déroutant, ses qualités lui permirent d’exploser en football en salle (Indoor Soccer), sport très développé de l’autre côté de l’Atlantique. Il alternera les deux spécialités avec réussite jusqu’en 1984 puis se consacrera uniquement au football indoor. Il gagne le championnat NASL indoor en 1981-1982 puis 1983-1984. Suivront 5 titres dans le nouveau championnat de football en salle MISL (Major Indoor Soccer League) où Juli Veee devient la vraie star de son équipe. Il est le premier joueur à s’adapter aussi facilement au football en salle en venant du football traditionnel. Il sera sacré meilleur joueur (MVP, Most Valuable Player) lors des saisons 1981-1982 et 1982-1983.

Au total, il dispute 136 matchs pour 28 buts en championnat de football NASL avec les Sockers, et inscrira 254 buts en 214 participations à des matchs de football en salle. À ce titre, il fut le premier footballeur à intégrer en 1997 le Hall des Champions de la Ville de San Diego qui recense les grands noms du sport de la ville. Seuls trois footballeurs y sont désormais cités. Son empreinte dans l’équipe des San Diego Sockers fut tellement importante que le maillot n°22, qu’il porta pendant la majorité de sa carrière, est retiré depuis des numéros de l’équipe.

Il arrête sa carrière en 1988 à l’âge de 38 ans et entamera une carrière d’entraîneur par la suite. En parallèle, il devient aussi un artiste peintre reconnu et fut choisi comme artiste officiel lors de la SoccerFest organisée pendant la Coupe du Monde aux États-Unis en 1994.

Son passage au Stade Rennais n’a certes pas marqué les esprits, c’est le moins que l’on puisse dire. Mais 40 ans plus tard, on peut se poser la question de ce que ce joueur aurait pu apporter aux "Rouge et Noir" si la chance lui avait été donnée de jouer en Première Division pour le Stade rennais, surtout quand on se rappelle les prestations rennaises du milieu des années 1970.

Sources :
Claude Loire, Le Stade rennais : fleuron du football breton 1901-1991, Rennes, Éditions Apogée, 1994.
Alain Prioul, Le foot, c’est le pied, Éditions Bénévent, 2004.
Magazine « But ! » du 16 janvier 1988.

Crédit photo : Par Pattymooney (Travail personnel) [CC-BY-SA-3.0 ou GFDL], via Wikimedia Commons.

Vos réactions (6 commentaires)Commenter
Louis G12 octobre 2013 à 17h08

Je ne me souviens que très vaguement de ce joueur...Mais il était très jeune à l’époque ; il aurait fallu qu’il patiente un peu pour avoir sa place en 1ère...c’est hélas parfois cette impatience qui « grille » certains bons éléments...et aujourd’hui avec l’omniprésence des Agents et de l’argent à gagner tout de suite ; le phénomène est bien pire qu’au début des années 70 !!...

Roudoudou12 octobre 2013 à 20h16

Absolument aucun souvenir... alors que je suis sûr de me souvenir de tous les joueurs qui ont joué au moins un match depuis 52 ans.
Roudoudou

rougénoir12 octobre 2013 à 22h59

@ Matthieu
Pourriez-vous préciser le fond de votre pensée sur votre conclusion et votre dernier paragraphe de votre article ? Je m’intérroge.
Merci

herve Bauge13 octobre 2013 à 10h20

Je ma rappelle très bien de ce joueur, encore un grand talent non utilisé à l’instar de Luis Fabiano

Bibi peau de chien13 octobre 2013 à 10h46

Perso , j’avoue ne pas me souvenir de cette « pépite » , & pourtant j’en ai vu passer depuis le temps .
Quoi qu’il en soit , il avait surement du potentiel , en tous cas selon ce qu’on en dit .
Butteur efficace , dribbleur surprenant , il ne reste plus qu’à espérer qu’un de ses petits fils ayant hérité de ses qualités foncières , se prenne d’amour pour la Bretagne & donc pour le Stade Rennais pour y atterrir bientôt .
Pourquoi pas puisque sa grand’mère serait « bretonne » !
Un butteur fracassant , çà manque .
Faut bien rêver & rigoler de temps en temps !

Amzer11 novembre 2021 à 11h19

Bonjour,

Sa femme bien que née aux États-Unis, sa belle-mère était Bretonne, née à Dourdain. Quand Gyula VISNYEI et sa femme ont vécu à Rennes, ils ont eu une fille qui est donc née à Rennes, maintenant Gyula VISNYEI vit aux États-Unis après avoir eu 2 filles, il a 3 petits-garçons, bien qu’ils soient encore jeune, peut-être des futurs joueurs de foot.

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