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18 mai 2011 | à 12h58

Pokou célèbre son « mariage d’amour » avec Rennes

De retour à Rennes pour une semaine qui rend hommage à sa grande carrière, Laurent Pokou honorera de sa présence le match Stade rennais - Nancy, entre les deux clubs dont il a porté les couleurs en France. L'occasion pour ce « Breton d'adoption » de montrer tout son attachement pour le Stade rennais, le « club de sa vie ».

Pokou célèbre son « mariage d'amour » avec Rennes

Depuis plusieurs jours, le Stade rennais et la ville de Rennes vivent au rythme de « l’événement Laurent Pokou », pour une semaine hommage au buteur ivoirien. Une grande manifestation qui met en lumière l’héritage laissé par un joueur à compter parmi les plus talentueux qu’ait compté l’histoire du football.
Pourtant, à feuilleter les ouvrages ou à regarder les documentaires consacrés aux grands noms de notre sport, on retrouve les Pelé, Maradona, Cruyff, Beckenbauer ou Puskas bien sûr, mais il est rarement fait mention de Laurent Pokou, pourtant illustre international ivoirien, longtemps recordman des buts marqués en Coupe d’Afrique des nations. Même lorsque l’on évoque les grands footballeurs du continent noir, ce n’est pas non plus le nom de Laurent Pokou qui occupe le premier plan dans la mémoire collective.
Malgré cela, la semaine qui s’annonce matérialise un hommage tout simplement inédit pour un joueur en Europe, selon les dires de Jean-Yves Augel, initiateur de l’événement. Laurent Pokou abonde en ce sens, et dit son bonheur d’être célébré de cette manière. « Aucun joueur africain n’a jamais bénéficié d’un accueil de cette envergure, se réjouit l’ancien attaquant du Stade rennais. C’est une joie immense qui m’anime ».

Drogba : "Je l’appelle la légende vivante"

« Breton d’adoption », Laurent Pokou a longtemps craint de ne pouvoir retrouver cette semaine cette deuxième maison, qui l’a si bien accueilli en 1974, compte-tenu de la crise politico-militaire qui a secoué son pays ces derniers mois.
Arrivé finalement mercredi dernier à Rennes, l’international ivoirien va pouvoir mesurer sa popularité durant toute la semaine, enchaînant notamment les séances de dédicaces pour la publication de sa biographie. Point d’orgue de son séjour breton, le match qui opposera samedi Rennes à Nancy, les deux seuls clubs dont il ait porté les couleurs dans l’hexagone, et dont il donnera le coup d’envoi.

L’ampleur de l’hommage qui lui est rendu est en tout cas à la mesure de l’empreinte que le joueur a laissé sur le football breton. Dans les années 1970, le suivi du ballon rond à la télévision n’en est qu’à ses balbutiements, et les retransmissions en direct sont rares, d’autant plus pour un club alors en bas de tableau comme le Stade rennais. C’est donc par le bouche-à-oreille ou par la presse que le "phénomène" Pokou attire les foules au stade, davantage que par l’image. À l’époque, on vient de toute la Bretagne pour assister aux exploits de l’Ivoirien route de Lorient, des cars entiers de Costarmoricains faisant par exemple le voyage pour voir les matchs des "Rouge et Noir". L’annonce de la seule présence de Pokou peut alors doubler le nombre de billets vendus pour un simple match amical...
En Côte d’Ivoire, l’empreinte laissée par Laurent Pokou est également immense. Avant son départ pour la France fin 1973, le joueur est un « trésor national », que le président Félix Houphouët-Boigny ne laisse tout simplement pas partir. Peu avant son départ pour Rennes, il est en contact avancé avec le FC Nantes et doit rejoindre la France, mais est reconnu à l’aéroport par des militaires ivoiriens qui l’empêchent de quitter le pays. Interrogé il y a quelques jours dans les colonnes du Télégramme, Didier Drogba donnait un aperçu de la popularité de Pokou dans son pays natal. « C’est notre Zidane à nous ! [...] Il impose le respect, la classe, expliquait l’attaquant de Chelsea. Son nom a été transmis de génération en génération. Tout le monde a entendu parler de lui et sait ce qu’il a apporté au foot ivoirien. Moi, je l’appelle la légende vivante... »

"Le destin m’a choisi"

Le manque de reconnaissance du grand public - spécialement hors de Bretagne et de Côte d’Ivoire - semble finalement le fait de plusieurs facteurs.
Dans les années 1960 et 1970, le football africain est beaucoup moins médiatisé qu’aujourd’hui, et les occasions de se mettre en lumière sont beaucoup moins nombreuses. La Coupe d’Afrique des nations a moins de retentissement qu’actuellement et, surtout, la place des équipes africaines en Coupe du monde est beaucoup plus restreinte, ce qui écarte de nombreux pays, dont la Côte d’Ivoire de Pokou [1].
Pokou est également longtemps réticent à l’idée de quitter la Côte d’Ivoire pour l’Europe, chose qu’il finit par faire à l’âge de 26 ans. Pourtant, ses exploits en Coupe d’Afrique des nations ont depuis longtemps attiré le regard des clubs français, qui lui font durant des mois une cour effrénée. C’est finalement le Stade rennais, un club alors moribond, qui décroche la timbale. Nul doute que si l’AS Saint-Étienne, alors club phare de l’hexagone, avait réussi à s’attacher ses services, le statut de Pokou aurait été autre dans la mémoire collective.

Laurent Pokou s’en plaindra t-il ? Certainement pas. « Le destin m’a choisi », ne cesse de marteler l’ancien joueur, comme pour signifier qu’il ne regrette rien. Ni le fait d’avoir tenté sa chance en Europe si tard, ni le fait d’avoir choisi Rennes, ni les différents écueils qui ont perturbé son passage en Bretagne.
« Je suis arrivé en étant considéré comme celui qui allait sauver le Stade rennais, rappelle Pokou. Quelques jours après mon arrivée, le 29 décembre (1973) au Bourget, Rennes devait jouer à Troyes, un déplacement périlleux (NDLR : le Stade rennais se traîne alors en fin de classement de D1). Il fallait être costaud dans sa tête ». Avant le début de la rencontre, Pokou croise le regard d’un compatriote ivoirien dans la tribune du stade de l’Aube, une présence qui lui « donne un coup de fouet » et un surplus de confiance. Au final, Rennes l’emporte et Pokou marque son premier but sous la tunique rennaise, égalisant après l’ouverture du score des Champenois. « Ça nous a relancé », raconte l’attaquant. Le début d’un grand « mariage d’amour », selon Pokou, une union qui dure encore aujourd’hui, et qui sera célébrée comme il se doit jusqu’à dimanche.

Un "grand chez les petits"

Qu’importe donc si l’ampleur de l’événement peut sembler incongrue aux yeux du profane. Adulé par le public, "son" public, Laurent Pokou va pouvoir assouvir son amour pour un club et une région qui le lui rendent bien. « À Rennes, j’étais bien entouré, se plaît à rappeler l’ancien international ivoirien. Nous étions une équipe de copains, où il régnait de la solidarité, et une très bonne ambiance. C’est cet amour-là qui m’a fait rester alors que le club descendait en Division 2 ». C’est aussi cet amour-là qui le fera revenir en 1978, après son court exil à Nancy.
Président du club à l’époque, Alfred Houget n’aura pas eu besoin d’un grand argumentaire pour convaincre Pokou de quitter sa galère nancéienne pour retrouver sa deuxième maison. « Je lui écris pour lui dire : +Laurent, je pense que vous seriez mieux en grand chez les petits, qu’en petit chez les grands+ », raconte l’ancien dirigeant rennais, aujourd’hui président d’honneur de l’Association Laurent Pokou, et lui-même grand admirateur de son ancien protégé.

Un appel qui aura trouvé un écho rapidement favorable. « Quand dans un club on ne trouve pas les conditions favorables pour bien s’exprimer, ce n’est pas la peine de s’entêter, affirmait Pokou à l’époque, suite à son transfert. J’ai longtemps joué les figurants à Nancy, j’en avais assez ». Samedi donc, pas de mystère concernant les préférences de la star ivoirienne. « Je souhaite que le Stade rennais gagne ce match, espère Pokou. L’ASEC Abidjan et le Stade rennais sont les deux clubs de ma vie ».

Notes

[1Jusqu’en 1982, l’unique apparition d’une équipe d’Afrique noire en phase finale est celle du Zaïre en 1974. Pendant longtemps, un seul pays africain pouvait alors se qualifier. La Côte d’Ivoire ne se qualifie pour la première fois pour la compétition que lors de l’édition 2006.

Vos réactions (6 commentaires)Commenter
Louis G18 mai 2011 à 14h26

Laurent POKOU n’était pas seulement un grand footballeur , c’était aussi une personne très sympathique et il l’est toujours...cet article mais en lumière l’attachement d’un joueur à son club ...c’était je pense le cas de plusieurs au Stade Rennais dans les années 60 et 70 et je me souviens très bien d’eux comme par ex. L. Pokou...aujourd’hui les choses ont bien changé : c’est le fric d’abord et on ne respecterait même pas le club qui vous verse un très bon salaire !!...quant au public on dit aussi qu’il a changé mais avec des L. Pokou ,Takac , Kéruzoré etc...il y aurait encore aujourd’hui de l’ambiance route de Lorient !!...

chris93518 mai 2011 à 19h35

Laurent Pokou, tout simplement un joueur et un bonhomme énorme. J’espere qu’il sera feté comme il se doit samedi.

the miz19 mai 2011 à 20h33

Je remarque que les médias nationaux s’en fiche totalement !

mais il est vrai que Pokou n’a pas évolué a Marseille ou a Paris !

Un petit effort monsieur les journaleux

Korrigan19 mai 2011 à 20h44

C clair the miz,
je suis pas tjrs d’accord avec toi, mais là sur ce coup ci on parlera à l’unisson...
Sylvain envoie ton article à FF, histoire qu’ils parlent de L. POKOU que je n’ai jamais connu... et oui, je suis trop jeune... (mais je ne vais pas m’en plaindre...)

Sylvain19 mai 2011 à 21h01

Il y a une double page sur Pokou et cet événement dans le France Football sorti mardi dernier ;-)

Korrigan19 mai 2011 à 22h20

Oups... mais je ne lis que SRO c’est pour ça :)

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