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2 février 2011 | à 15h17

Un œil dans le rétro : Paul Le Guen

En marge de la rencontre opposant le Stade rennais au Paris Saint-Germain, pour le compte de la 22e journée du championnat de France de Ligue 1, Stade Rennais Online vous propose de revisiter la carrière stadiste d'une personnalité commune entre les deux clubs, en l'occurrence celle de Paul Le Guen.

Un œil dans le rétro : Paul Le Guen

À l’aube de l’exercice 1998-1999 et via l’arrivée à la tête du club stadiste de Paul Le Guen, le SRFC et François Pinault mettent le prix et investissent près de 80 millions de francs (soit 12 millions d’euros environ) sur le marché des transferts au cours du mercato estival. Rennes enrôle les ex-parisiens Christophe Revault et Édouard Cissé, David Sommeil, Jean-Luc Dogon, Dominique Arribagé, Cédric Bardon, Shabani Nonda, Ronan Salaün et se montre ambitieux. Un recrutement qui s’avère rapidement judicieux, et qu’il faut en partie mettre sur le compte de Jean-Michel Moutier, qui joue un rôle prépondérant lors des transactions grâce à ses nombreux contacts.

Un apprentissage réussi

Celui qui réalisa le plus gros de sa talentueuse carrière de joueur au Paris Saint-Germain, et à qui on donnera le surnom de "Patate de Pencran", en référence à sa puissante frappe de balle et à sa ville natale, débute sa nouvelle profession d’entraîneur avec le Stade Rennais FC, alors qu’il vient tout juste de raccrocher les crampons quelques semaines auparavant. L’originaire du Finistère succède ainsi à Guy David et signe un contrat de cinq ans avec le club breton. Dès le début du championnat, le Finistérien décide de construire son équipe autour de joueurs qui sortent d’une chaotique saison et complète celle-ci avec quelques nouveaux éléments qui connaissent la précarité du monde footballistique. C’est rarement du délire dans les vestiaires lors des premières victoires, mais la mayonnaise prend illico presto. Sous son égide, le Stade Rennais FC réussit un magnifique et inespéré début de saison. Sûr de ses choix, Paul Le Guen fait de suite confiance à Édouard Cissé dans l’entrejeu rennais, reléguant ainsi Laurent Viaud, le capitaine de l’exercice précédent, sur le banc. "C’est avec beaucoup d’envie et de concentration que nous avons réussi à accrocher la victoire" dira l’entraîneur finistérien après une victoire sur Lorient (1-0). Voilà qui résume totalement les prestations collectives du SRFC cuvée 1998-1999, sans génie mais avec une abnégation de tous les instants et une solidarité à toute épreuve.

Les "Rouge et Noir" accrochent de suite le wagon de tête. Paul Le Guen fait cependant preuve de bon sens et d’humilité. Malgré le bon début de saison de son équipe, l’expérimenté finistérien sait bien que son équipe est en phase de construction et il ne souhaite pas s’enflammer : "On accumule des résultats positifs grâce à l’état d’esprit conquérant des joueurs, qui se trouvent ainsi récompensés de tous leurs efforts". Toujours pondéré dans ses analyses, Paul Le Guen ne cessera de répéter durant son mandat que l’important est de travailler dans la continuité, une sorte de leitmotiv pour le jeune entraîneur finistérien. À la mi-saison, le club de la capitale bretonne crée la sensation et se positionne à la troisième place du classement, se montrant pourtant plus souvent solide que brillant. En effet, c’est bien dans la solidité de son équipe que le club stadiste puise sa force et ses résultats. Défense de fer lors de sa plus belle période (avec Revault, Sommeil, Arribagé, Rossi et Réveillère), attaque jouant à merveille la... contre-attaque, avec Nonda et également Bardon sur le front de l’offensive, et un milieu de terrain qui se montre plus récupérateur et bosseur que créateur et inventeur de beau jeu. Fort de cette réussite, Paul Le Guen lance également dans le bain plusieurs jeunes joueurs du centre de formation : Anthony Réveillère, Fabrice Fernandes, Julien Escudé, Cyril Yapi - puis plus tard, Jean-Félix Dorothée, Gaël Danic et Makhtar N’Diaye notamment.

Un parfum d’Europe

"Le Guen ? c’est la langue de bois" lâchent pourtant laconiquement certains supporters à l’époque. L’entraîneur rennais n’est pas le genre à sortir des formules chocs, le Breton maîtrise le poids des mots et se nourrit d’anti-frime. Ce fan des Tri Yann est un rassembleur d’hommes qui lui ressemblent. Un personnage qui avance dans ses certitudes, avec une idée en tête à l’heure de l’Europe des régions : "Renforcer si possible l’identité bretonne du Stade rennais" autour des Jocelyn Gourvennec, Stéphane Guivarc’h et Nicolas Ouédec de demain. C’est alors politiquement correct. Le changement de décor tant espéré est enfin intervenu, avec l’arrivée promise d’une nouvelle équipe dirigeante aux ambitions soutenues financièrement par François Pinault. Un groupe aux souches rennaises qui a su dénicher en Paul Le Guen, tout nouvel entraîneur, l’homme idoine. Sous des airs de timidité, le Breton sait aussi se faire respecter et rappelle avec courtoisie mais fermeté à qui veut bien l’entendre, que tous les joueurs doivent se plier à la règle de la concurrence. Ceux qui se plaignent d’être trop souvent sur la touche sont invités par le coach breton à venir discuter d’un éventuel départ. Le message est clair, le natif de Pencran souhaite conserver la bonne dynamique de sa formation. Dans sa foulée, le SRFC réalise sa meilleure saison depuis de longues années (cinquième place) et se qualifie finalement pour la Coupe Intertoto, après avoir longtemps espéré un accessit direct en Coupe d’Europe. Christian Gourcuff [1] dira de lui : "Paul Le Guen, c’est un Breton dans son comportement. Il est tout à fait à l’image de la caricature du Breton. C’est un entraineur calme et sûr de ses idées". Pour sa deuxième saison à Rennes, Paul Le Guen se veut rassurant et motivé. La saison démarre d’ailleurs sous les meilleures auspices, puisque le SRFC atteint la finale de la Coupe Intertoto. Le club breton est en ébullition durant plusieurs semaines car il est opposé à la Juventus de Turin de Zinedine Zidane. Rennes ne se montre pas ridicule mais est battu sur l’ensemble des deux oppositions (0-2 à Cesena, puis 2-2 à Rennes). Le Guen jouit alors d’une forte cote de popularité en Bretagne. Malheureusement pour lui, les prestations rennaises en championnat ne sont pas bonnes. Les recrues comme El Hadji Diouf ou Franck Gava ne donnent pas leur plein rendement... Rennes s’enfonce inexorablement. Toute la saison sera un véritable supplice pour la formation stadiste. L’équipe de Paul Le Guen doit finalement patienter jusqu’à la dernière journée pour assurer son maintien parmi l’élite, au travers d’une victoire face à Metz (2-0) grâce à des réalisations de Yoann Bigné et de Christophe Le Roux. Le Stade rennais termine à la 13ème place à un point seulement du premier relégable.

Une fin en eau de boudin

Lors de la saison 2000/2001 et pour son centenaire d’existence, le Stade rennais a cassé sa tirelire durant l’intersaison, en s’attachant les services d’un attaquant brésilien (recruté sur vidéo)... Severino Lucas (140 millions de francs) et d’un argentin, Mario Hector Turdo (80 millions de francs). Et pourtant cette saison-là, c’est Cyril Chapuis (transféré pour 7 millions de francs... en provenance de Niort) qui se révèle comme l’homme fort de l’attaque stadiste (meilleur buteur du club avec 9 buts). Rapidement mal en point dans son championnat, le club de la capitale bretonne est 15ème à la mi-saison et ne compte qu’un seul point d’avance sur le premier relégable... l’Olympique de Marseille. À cette époque, le bruit court que Paul Le Guen serait sur la sellette. Lors du premier match de la phase retour, Rennes s’impose pour la première fois de son histoire au Parc des Princes et se rassure. C’est décidément sur cette pelouse que le Finistérien aura connu ses plus belles joies. Le destin a voulu saluer à sa manière une histoire qui va certainement prendre fin. Malgré cette belle victoire, le sort de Paul Le Guen est assez trouble : "Sur un plan personnel, je vais aller à l’entraînement demain matin, mais je ne suis au courant de rien. J’ai envie de continuer. J’ai plaisir à entraîner, mais s’il faut partir, je partirai. Je ne me plains pas. Quand je suis devenu entraîneur, je savais à quoi m’attendre", dira le Finistérien le lendemain de ce succès de prestige.

François Pinault et Pierre Blayau finissent par céder à la pression populaire et ne débarquent pas le coach stadiste. Le club breton réalise finalement une bien meilleure poule retour en championnat, mais se fait éliminer en seizièmes de finale de la Coupe de France à Amiens. L’ambiance est alors délétère à la Piverdière pour la reprise de l’entraînement. Les supporters rennais, venus en nombre, n’ont pas digéré la défaite. Après un footing, les joueurs rennais sont accueillis sur le terrain d’entraînement par une véritable bordée de sifflets, chose assez rare à Rennes pour être soulignée. Le faux-pas picard ayant semble-t-il fait déborder le vase. Dans la tourmente, le jeune breton Gaël Danic connaît sa première titularisation en D1 lors de la 27ème journée à Lens (victoire 2-1), se permettant même le luxe de distribuer une passe décisive sur le premier but de Philippe Delaye. Rennes perd cependant tout espoir d’accrocher l’Europe après une énième défaite au stade de la route de Lorient face à l’ennemi et futur champion de France nantais (0-2).
Sous le regard de son actionnaire François Pinault, le Stade rennais réalise ce soir-là qu’il ne lutte pas dans la même catégorie que son voisin. L’un joue le titre, et l’autre est une équipe de milieu de tableau qui vise l’Europe mais n’en a pas l’étoffe. Cette équipe 2000-2001 se montre surtout très peu performante offensivement, Cédric Bardon se morfond sur le banc, Lucas lutte avec vaillance mais sans réussite, et Chapuis tire la langue, et ce à quelques encablures de la fin de la saison. Le tableau vire alors au gris sombre. Heureusement, Rennes s’impose pour la première fois de son histoire au Roudourou en D1, par le biais d’un succès historique (6-1). Rares ont été les fois où la formation de Paul Le Guen a abordé un match avec autant de « gnac » et d’envie de faire le jeu. Positionnés très haut dès le coup d’envoi, les Rennais asphyxient les Guingampais et déploient un football fait d’échanges rapides et de technique. Avec huit succès hors de ses bases, l’équipe stadiste bat le record de l’histoire du club en la matière et s’impose également pour la première fois de son existence dans l’Yonne face à l’AJA (1-0, but de Lucas). Le mandat de Paul Le Guen avec le club stadiste se termine par une défaite face à Lyon (3-4) au stade de la route de Lorient. Sixième au classement final, le Stade rennais disputera la Coupe Intertoto.

De son côté, Paul Le Guen, en conflit avec ses dirigeants (les deux parties se renvoyant la responsabilité des campagnes de recrutements ratés) quitte le club breton après trois années où il n’aura pas réussi à remporter de trophée. Le Finistérien prend alors une année sabbatique pour se consacrer à sa famille et ses amis. Il se relance l’année suivante dans le Rhône, où il remportera plusieurs titres nationaux avec l’Olympique Lyonnais.

Stade Rennais 1998-2001


102 matches : 44 victoires, 20 nuls et 38 défaites.

Sources :
- Archives Ouest France
- « Le Stade rennais, fleuron du football breton » de Claude Loire, Ed. Apogée.

Crédit photo : mustapha_ennaimi / Flickr

Notes

[1Signe du destin, le Morbihannais lui succédera à tête du club rennais, avec la réussite que l’on connaît.

Vos réactions (1 commentaire)Commenter
fada294 février 2011 à 09h46

Bonjour.Bon joueur,bon entraineur,bon Breton,une figure footballistique de notre belle région,reviendra t’il entrainer le SRFC un jour ?Bon vent à la « patate de Pencran ».

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