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12 avril 2011 | à 14h27

Jean-Pierre Darchen : « Nous étions tous attirés par le Stade rennais »

Interview. Natif de Douarnenez dans le Finistère, Jean-Pierre Darchen a évolué trois saisons sous les couleurs des « Rouge et Noir », et a remporté la Coupe de France en 1965, avant de jouer au FC Lorient. Il revient pour Stade Rennais Online sur ses parcours stadistes et lorientais.

Jean-Pierre Darchen : « Nous étions tous attirés par le Stade rennais »

Stade Rennais Online : À l’aube de l’exercice 1964-1965, vous êtes recruté par le SRUC (NDLR : Stade rennais université-club, qui deviendra SRFC en 1972) en provenance du FC Lannion. Pourquoi avez-vous choisi de rejoindre le club de la capitale bretonne ?

Jean-Pierre Darchen : « En fait, cela s’est passé en deux étapes : Lorsque j’étais cadet de l’Ouest en 1956, le Stade rennais m’avait sélectionné pour participer à une semaine de détection. J’ai alors joué quelques matches avec les meilleurs jeunes joueurs de l’Ouest. À l’époque, tous les jeunes footballeurs n’avaient qu’une seule idée en tête, celle de jouer pour le club phare breton. Quelques années plus tard, je joue alors en DHR au FC Lannion, et Rennes s’intéresse encore à moi. Après mon service militaire que j’effectue en Algérie, je signe finalement au SRUC. J’ai alors 24 ans lorsque je parachève mon contrat. Je signe une sorte de "CDI" puisque c’est finalement le club qui décidait de résilier ou pas le contrat. Je me souviens également que c’est François Pleyer (ancien joueur du SRUC puis recruteur) qui m’avait recruté à l’époque, sur les conseils avisés d’Antoine Cuissard ».

SRO : À l’époque, d’autres clubs professionnels étaient-ils intéressés par vos services ?

JP.D : « Oui, il y avait les clubs de Nantes (D1) et Brest (CFA) qui étaient intéressés et voulaient me faire signer. Ceci dit, je ne l’ai su que quelques mois plus tard en allant jouer à Nantes en championnat. J’avais alors appris par un recruteur des "Canaris" qu’ils étaient motivés pour me faire venir. De toute façon, mon choix était fait, je souhaitais vraiment jouer à Rennes. C’était LE club qui m’intéressait le plus ».

SRO : Avant votre engagement, que connaissiez-vous du Stade rennais ?

JP.D : « Nous (les jeunes joueurs bretons) étions tous attirés par ce club mythique. À l’époque, le football était véritablement le seul sport que nous pratiquions, tu suivais forcément les résultats du Stade avec attention. De plus, j’avais un cousin germain, René Billon (joueur du club de 1952 à 1964), que je voyais chaque été en vacances à Ploumanac’h, et qui avait joué quelques années plus tôt au SRUC. Il me répétait souvent qu’il fallait que je vienne jouer à Rennes. J’avais, de ce fait, toujours le SRUC en point de mire ».

SRO : Lors de votre deuxième année au club, vous inscrivez cinq buts en championnat. Est-ce votre meilleure saison sur le plan personnel ?

JP.D : « Oui, bien sûr. La première année, je n’avais encore que le statut amateur et je ne dispute que quatorze matches. Jean Prouff me fait surtout jouer en attaque, alors que j’évoluais au poste de milieu de terrain à Lannion. La deuxième saison, c’est l’année de la coupe d’Europe, je joue 29 matches de championnat et je réalise de bonnes prestations. D’ailleurs, Henri Guérin (sélectionneur des Bleus à l’époque) m’avait présélectionné en équipe de France parmi 40 autres joueurs. Rapidement, Jean-Claude Lavaud se blesse, et je joue alors en position d’arrière latéral durant une dizaine de rencontres. Quand il revient, je retrouve mon poste de prédilection au milieu de terrain ».

SRO : Au final, vous avez évolué trois saisons sous les couleurs "Rouge et Noir", quel est votre meilleur souvenir de cette époque ?

JP.D : « Les deux matches de coupe d’Europe face à Prague restent de très bons souvenirs. En finale de la Coupe de France en 1965, je suis sur le banc les deux fois. À l’époque les remplaçants ne rentraient que très rarement. Il était donc difficile de faire ses preuves lorsque tu étais 12ème homme... ».

SRO : Le 29 septembre 1965, Rennes rencontre le Dukla de Prague pour le compte du premier tour de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe, au stade de la route de Lorient. Malgré l’élimination sur l’ensemble des deux matches, cette rencontre aller est-elle à classer du côté des bons souvenirs ?

JP.D : « C’était vraiment un évènement. Le stade était bien plein, 13 000 spectateurs environ étaient présents dans les travées de la route de Lorient ce jour-là. François Pleyer avait même rajouté 6 000 places de plus pour l’occasion. Il y avait beaucoup d’effervescence autour de cette rencontre. Je joue aussi le match aller à Prague, où l’on perd 2-0 sans démériter ».

« Henri Guérin m’avait présélectionné en équipe de France parmi quarante autres joueurs »

SRO : En 80 matches officiels avec le SRUC, vous avez marqué à 13 reprises. Vous souvenez-vous de votre plus beau but ?

JP.D : « Je me souviens avoir marqué un très beau but face à Saint-Étienne (NDLR : le 11 juin 1966), qui était déjà l’une des meilleures équipes de France à l’époque ».

SRO : Durant votre passage à Rennes, y’a t-il eu des joueurs qui vous ont impressionné ?

JP.D : « Oui : Marcel Loncle, Daniel Rodighiero qui a fait une très belle carrière, il mouillait le maillot et avait une adresse phénoménale devant le but. Giovanni Pellegrini était aussi un fabuleux technicien, et évidemment Sylvester Takac. Ce joueur, c’était la classe à l’état pur ! Il travaillait sur le front de l’attaque sans discontinuer. Qui plus est, il était très sympathique. Les joueurs étrangers respiraient le professionnalisme et travaillaient généralement beaucoup. On apprenait énormément à leurs côtés ».

SRO : Vous avez eu la chance d’être entraîné par Jean Prouff. Qu’avait-il de si spécial ?

JP.D : « C’était plus qu’un entraîneur, il était d’abord un grand manager. Les entrainements n’étaient pas forcément très poussés, mais c’était un grand tacticien et un amoureux du beau jeu. Il savait préparer les joueurs sur le plan psychique. Quand il arrive à Rennes, il a déjà de la "bouteille" mais il apporte son savoir-faire. J’ai été très content de travailler avec lui, ce fut aussi un grand footballeur avec un physique hors norme. Sa carrière et son palmarès parlent pour lui ».

Stade rennais, exercice 1966-1967

SRO : Après trois saisons à Rennes (1964-1967), vous avez ensuite joué au FC Lorient. Ce périple morbihannais vous a t-il apporté d’un point de vue personnel et footballistiquement parlant ?

JP.D : « À Rennes, je suis placé sur la liste des transferts alors que j’aurais aimé rester. Le Stade rennais recrute beaucoup de nouveaux joueurs cette saison-là, car je pense que les dirigeants voulaient renouveler les cadres. Finalement, Rennes ne fera pas une bonne saison. Je signe donc à Lorient, toujours grâce à Antoine Cuissard, qui montait une équipe professionnelle à l’époque (NDLR : alors que le club morbihannais évoluait alors en DH, il se retrouve soudain en D2). J’arrive en compagnie d’Yves Boutet, d’André Ascencio, de Rolland Guillas qui vient de Bordeaux, de Khennane Mahi qui arrive de Toulouse - et qui avait encore plus que de beaux restes - et de Nello Sbaiz transfuge de Saint-Étienne. On fait une bonne saison et terminons à la neuvième place. On peut même monter... mais Khennane Mahi, qui est alors l’un des meilleurs avant-centre de l’hexagone, se blesse. Jean-Pierre Larnicol le remplace, et le club s’intéresse alors à Michel Stiévenard qui jouait à Angers, mais financièrement le FCL ne fait pas l’effort. C’est vraiment dommage car nous étions encore dans le coup. J’évolue finalement pendant quatre années à Lorient, et lors de mes deux dernières saisons, j’entraine également l’équipe amateurs qui évolue en DH. Durant deux années, je cumule les deux postes (joueur de l’équipe première et entraîneur de l’équipe réserve) avant de raccrocher les crampons ».

SRO : Suivez-vous toujours de près l’actualité du Stade Rennais FC ? Côtoyez-vous toujours d’anciens joueurs du Stade ?

JP.D : « Aujourd’hui, je fais partie de l’amicale des anciens joueurs du Stade rennais et du FC Lorient. À ce titre, je retrouve régulièrement avec plaisir mes anciens coéquipiers, comme Louis Cardiet, Robert Rico, Alain Cosnard, Michel Beaulieu, Yves Audigane et Khennane Mahi. Je m’intéresse toujours aux résultats du Stade rennais. D’ailleurs je suis allé voir plusieurs matches cette saison (contre le PSG, Brest, Lyon et Marseille). En général, je me déplace quatre à cinq fois par saison au stade de la route de Lorient, et autant de fois à Lorient ».

SRO : Que pensez-vous de l’équipe actuelle et de l’entraîneur en place, Frédéric Antonetti ?

JP.D : « J’aime bien les entraîneurs qui tiennent leur équipe, un peu à la manière d’un Guy Roux ou d’un Rudi Garcia à Lille. Ce n’est pas évident d’entrainer une équipe de haut niveau. Dommage que le club ait laissé partir Asamoah Gyan et Moussa Sow. J’aime beaucoup Sylvain Marveaux, et c’est frustrant de le voir aussi souvent blessé. Brahimi et M’Vila sont également de superbes joueurs. Il y avait aussi Mickaël Pagis, ça c’était la grande classe ! Et Leroy dans un grand jour est capable de changer la physionomie d’un match à lui tout seul ».

SRO : Depuis plusieurs années maintenant, le Stade Rennais s’est pérennisé en Ligue 1 mais n’a toujours pas remporté le moindre titre. À votre avis, que manque-t-il au club breton pour enfin franchir ce palier ?

JP.D : « Rennes a une très bonne défense, mais aussi un futur grand joueur au milieu de terrain (Yann M’Vila). Cependant, il manque peut-être un organisateur et une pointe. Les joueurs actuels ont probablement tous un peu trop le même registre. Il manque ce joueur de talent, capable de faire la différence à tout moment, du genre d’un Mickaël Pagis. Le SRFC a aussi la chance d’avoir un très bon gardien. Ceci dit, il y a vraiment un coup à jouer cette année ! »

FC Lorient, saison 1967-1968

Merci à Jean-Pierre Darchen pour sa disponibilité.

Source photos : Collection personnelle de Jean-Pierre Darchen.

Vos réactions (4 commentaires)Commenter
Louis G12 avril 2011 à 14h56

Cela fait du bien de lire cette rétrospective sur Jean-Pierre Darchen car c’est l’amour du foot et de sa région Bretagne avec son club phare de Rennes qui parlent !...nous sommes loin des « mercenaires » actuels qui ont surtout l’amour du fric !!...

damvanou12 avril 2011 à 15h43

@ louis On peut toujours me dire ceux qu’on veut mais l’entraineur à le meilleur de ses joueurs que s’ils sont utilisés à leurs places de prédilection et actuellement comme la saison passée ce n’est pas le cas.

john11 septembre 2011 à 19h06

Un grand plaisir de rappeler le parcours sportif de Jean-Pierre que j’ai personnellement connu au collège de LANNION . A l’époque, il était, de mémoire, licencié au Stade lannionais où il avait pour coéquipier Claude Le Trocquer ex-joueur du Stade Brestois. J’estime qu’il n’a pas eu la carrière sportive qu’il pouvait espérer eu égard aux qualités techniques notamment don t il était doté. Enfin, c’était une autre époque...Salut Jean-Pierre.

Barbé jean pierre3 avril 2019 à 14h40

on s’est connu en Algerie 1962,j’etais dans l’equipe des fusiliers marins du fort de Mers el kebir,j’etais stagiaire au racing club de paris a cette epoque.on a fait quelques rencontres sur le stade de la Marsa a Oran et mers el kebir .quel joueur.on aurait peut etre joués dans l’equipe de la marine si cela avait existée .il etait au dessus de nous. amitiés.

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