BILLET / FC Lorient - Stade rennais : Rennes, ce dauphin qu’on ne voit pas échouer

« Pour jouer les premiers rôles, il faut faire partie des meilleures défenses du championnat. » C’est après un 10ème clean-sheet toutes compétitions confondues que Bruno Genesio faisait ce constat hier après-midi, dans les entrailles du Moustoir. Quelques minutes plus tôt, le dauphin rennais venait de s’offrir un banc de Merlus, sans encaisser de buts. Après 15 journées, Rennes (2ème) est avec Nice (3ème) l’équipe ayant encaissé le moins de pions (12) depuis le début de saison. Avant de retrouver les Aiglons dans deux semaines, force est de constater que les Bretons avancent avec une réussite insolente, mais révélatrice d’un statut de postulant au podium s’affirmant de journées en journées.

« On ne peut pas toujours être flamboyants, mais quand on est capables de gagner ce genre de matchs ça commence à être intéressant. On progresse, mais on sait qu’on a besoin de parfois gagner des matchs comme celui-ci. » Ce genre de match où l’équipe en pleine bourre n’arrive pas à imposer son jeu, où son maestro Flavien Tait manque à l’appel, où les éléments intégrés dans le onze s’adaptent plus ou moins bien, où le système adverse pose finalement beaucoup plus de problèmes que prévu. Oui mais voilà, depuis deux mois, le football en Ligue 1 se joue sur 90 minutes, et à la fin, c’est le Stade rennais qui gagne, ou ne perd pas.

Une réussite de presque-champion

A l’image de son match nul (3-3) concédé dans la frustration jeudi, Rennes repart toujours avec un objectif atteint, cette fois-ci la qualification directe en huitièmes de finale de Ligue Europa Conférence avec la tête du groupe. Merci Mura, et merci la réussite ne quittant plus le SRFC depuis le 19 septembre et sa dernière défaite, à Marseille. Depuis les démonstrations ont été nombreuses (Clermont, Bordeaux, Paris, Metz, Lyon, Montpellier), et les déconvenues évitées. A Arhnem le 30 septembre (2-1), les hommes de Genesio avaient livré un premier acte très décevant avant de renverser la vapeur en seconde période. Un match décevant dans le contenu, mais à la fin duquel la victoire avait été validée, comme face à Mura (succès 2-1, puis 1-0). Face à Strasbourg (1-0), Rennes avait dû s’armer de patience pour trouver la faille, comme hier face à Lorient. A Troyes, les Bretons avaient été contraints de puiser dans leurs réserves pour décrocher un nul (2-2) au finish.

Aucun scénario de ces 13 rencontres sans perdre ne se ressemble, et c’est bien ça qui fait la force du Stade rennais depuis maintenant 70 jours : il existe toujours une solution pour ne pas perdre. Ce mojo, c’est un peu celui des équipes sensations des dernières années, du Lille de Galtier au Nice de Puel, en passant par le Monaco de Jardim ou même en remontant au Montpellier de Girard. Le résultat n’avait pas été le même pour ces collectifs ayant marqué cette dernière décennie de Ligue 1, dominée outrageusement par l’ogre parisien. Bruno Genesio et Florian Maurice l’ont répété à juste titre hier, inutile de s’enflammer en évoquant une infime possibilité de viser le titre. Non. Le duo fort du Stade rennais garde sa ligne directrice, « être dans les 6 premier », « se qualifier pour une coupe d’Europe ». Le discours est huilé, on s’y est habitués, surtout en Ligue 1.

Mais cette place de dauphin n’est peut-être pas si « anecdotique » que Genesio l’entend. « Le championnat reste long », Maurice le dit bien, seulement Rennes ne suscite plus seulement l’admiration de par son jeu, sa façon de travailler, ou ses individualités fortes, Gaëtan Laborde en tête. Il a d’ailleurs récupéré toutes ses armes ou presque, en tout cas une de taille avec Jérémy Doku. Il ne génère pas uniquement l’appréhension découlant d’une force collective palpable sur le carré vert. Le Stade rennais provoque la chance, la réussite. Il trouve depuis plus de deux mois l’ouverture, la faille, le point de bascule. Il le fait avec ce petit je-ne-sais-quoi d’insolence, de générosité, de cohésion, de culture de la gagne. Ce quelque chose en plus d’un dauphin qu’on ne voit pas échouer.