Rennes-Metz / Bruno Genesio : « Un début de saison comporte une part d’inconnu »

Bruno, après cette préparation, êtes-vous maintenant impatient de reprendre ?
Oui, on a fait une préparation un peu plus courte qu’habituellement. On est tous très excité, très impatient de reprendre la compétition, retrouver le championnat et notre public pour cette saison qui s’annonce passionnante. Je trouve qu’il y a beaucoup d’équipes qui se sont bien renforcés, d’autres qui ont conservé beaucoup de leur ossature de la saison dernière. Elle a déjà été très serrée, très vivante la saison passée, je pense que deux ou trois autres clubs vont venir se mêler à la lutte pour les premières places.

Que pensez-vous de la dynamique dans laquelle arrive l’équipe pour la reprise ?
Je suis toujours prudent sur les préparations, on est plutôt sur une bonne dynamique dans les entraînements et dans le contenu des matchs. Il n’y a pas forcément de corrélation entre ce qu’on fait pendant la préparation et dans le championnat. On a une histoire avec le mois d’août assez chaotique au Stade rennais, on est prudents, confiants, on sait aussi qu’un début de saison comporte toujours une part d’inconnu.

Vous avez souvent souligné l’impact négatif du mercato les saisons précédentes, pensez-vous que votre groupe peut être moins touché cette saison ?
Non car on a des joueurs dans des situations encore incertaines, ça impacte forcément le groupe. On est habitué, ce n’est pas la première année qu’on vit ça, il faut faire avec et essayer d’être le plus juste possible et avoir des échanges avec les joueurs concernés.

« C’est comme dans un Grand Prix de Formule 1, c’est quand le drapeau à damiers s’agite qu’on sait quand on a fait bien le travail. »

On a quand même l’impression que votre groupe offre plus de garanties qu’en début de saison dernière.
Je n’aime pas trop le terme certitude dans le foot, elles sont démontées d’un match à l’autre. C’est comme dans un Grand Prix de Formule 1, c’est quand le drapeau à damiers s’agite qu’on sait quand on a fait bien le travail. On a gardé une ossature assez importante de la saison passée, on a recruté très tôt des joueurs ciblés qui correspondent à l’esprit de notre équipe. On sait aussi qu’on a des axes de progression à travailler pour être plus performant.

Dans quelle mesure le mois d’août est déterminant pour votre saison ?
On sait que ça va encore bouger dans les vingt jours qui restent. Pour moi, les quatre premier matchs jusqu’à la première trêve vont montrer si on a évolué, progressé et si on est capable de surmonter ces premières petites difficultés dues essentiellement à la période de mercato.

Le club a annoncé la prolongation de Désiré Doué cette semaine, a-t-il déjà passé un cap dans son jeu ?
C’était prévu je crois depuis quelque temps qu’il resigne. En ce qui concerne son jeu, il évolue, il a encore des axes de progression, c’est normal il est jeune mais je vois qu’il fait des efforts par rapport à ce que je lui demandé dans son jeu. C’est toujours intéressant de voir un jeune tenir compte des remarques qu’on lui fait.

Est-ce que le fait qu’il n’aura plus à aller à l’école en parallèle des entraînements peut aussi l’aider cette saison ?
C’est bien d’avoir l’équilibre école-football, mais c’est vrai que c’est coûteux aussi au niveau mental et physique, ce sont parfois des journées assez longues avec des réveils très tôt et une charge de travail assez importante entre l’école et le foot. Il a eu le bac sans problème et il va maintenant pouvoir se consacrer à cent pour cent au foot et avoir des temps de récupération plus importants qui laisseront plus de place pour éviter des petites blessures.

« On ne peut pas s’improviser du jour au lendemain comme un candidat au titre ou à la Ligue Europa. »

Florian Maurice a évoqué l’objectif Ligue des champions cette saison, on imagine que tu souscris à cette ambition.
Je ne souscris à rien, j’ai déjà dit à un de vos confrères que je n’aime pas afficher des objectifs en public. On a des ambitions, le club est ambitieux, je suis ambitieux, mon groupe est ambitieux. Oui, on veut jouer la Ligue des champions, mais comme une dizaine de clubs, comme il y en a trente-deux qui veulent gagner la Ligue Europa. À nous de bien travailler, comme le fait depuis quelques temps le Stade rennais. Il y a des bonnes choses faites depuis sept ou huit ans et ça se traduit régulièrement dans les résultats. Les travaux de la Piverdière ont aussi commencé, c’est une étape supplémentaire dans le développement du club, il faut en tenir compte aussi. On ne peut pas s’improviser du jour au lendemain comme un candidat au titre ou à la Ligue Europa. On en a franchi pas mal, cette année on doit en franchir une supplémentaire qui doit nous permettre d’être en Ligue des champions, mais ce n’est pas garanti. Je préfère protéger mon groupe de tout ça.

Quels seront les signaux qui diront que vous avez justement franchi cette étape ?
Deux points très important pour moi : la régularité, notamment à l’extérieur, mais plus globalement dans les résultats. Puis aussi je dirais cette faculté à être plus solide dans les temps faibles, ça va un peu de pair. On sait que les équipes qui jouent les premiers rôles sont celles qui traversent le mieux leurs temps faibles et font le moins d’erreurs possibles. Il faut qu’on soit plus solides au niveau défensif, même si on est troisième défense la saison dernière.

Comme les coups de pied arrêtés où vous avez été en difficulté pendant la préparation. Avez-vous changé votre manière de fonctionner dans ce domaine ?
On s’est interrogé, on a travaillé cette semaine sur ce point là car on est conscient qu’on a été défaillant dans la préparation, même si l’année dernière ce n’était pas forcément le cas parce qu’on prenait des buts suite à des deuxièmes ballons. On a modifié certaines choses, on verra si c’est bénéfique dès dimanche.

Avez-vous aussi travaillé différemment sur le plan physique pour mieux lancer la saison ?
On a fait une préparation un peu plus courte, les joueurs avaient un programme à appliquer pendant les vacances pour qu’on puisse aller un peu plus vite. On a fait une alternance de préparation intégrée avec ballon et des exercices dissociés sans ballon pour travailler à la fois le physique et le mental. On a l’avantage de ne pas avoir d’Europe au mois d’août donc qu’un match par semaine jusqu’à début septembre, ça permet de continuer la prépa avec des semaines complètes.

Le club a annoncé la résiliation de contrat de Xeka. Que s’est-il passé ?
Ce sont des décisions qu’on prend en interne, je ne veux pas les commenter ici

Au sujet du latéral droit, est-ce définitif dans votre esprit de ne pas recruter ?
Oui.

Ne craignez-vous pas que la ligne défensive manque un peu d’expérience après le départ de Hamari Traoré ?
On a Steve, on a aussi des joueurs, c’est vrai un peu plus jeunes, mais qui ont acquis de l’expérience depuis quelques saisons. Je pense à Adrien Truffert, à Warmed Omari, il sont une centaine de matchs de championnat derrière eux donc une expérience supplémentaire. On a fait ce choix pour le côté droit de faire confiance à Guela car on a vu des choses, ce n’est pas une décision qu’on a prise à la légère et on a bien analysé la globalité de la situation et on pense que c’est le meilleur choix pour le groupe.

« C’est très important de se renouveler, c’est la grosse difficulté de notre métier aujourd’hui : amener des nouvelles choses sans se perdre en recherche scientifique et avoir un discours qui reste le même dans les grandes idées avec des méthodes peut-être un peu différentes pour responsabiliser davantage les joueurs. »

Vous faites partie des coachs avec la plus grande longévité dans le championnat de France avec Pascal Gastien, est-ce qu’il est important de réussir à se réinventer pour durer ?
C’est très important, c’est la grosse difficulté de notre métier aujourd’hui, c’est se renouveler : amener des nouvelles choses sans se perdre en recherche scientifique et avoir un discours qui reste le même dans les grandes idées avec des méthodes peut-être un peu différentes pour responsabiliser davantage les joueurs. Il n’y a pas une bonne méthode. Si l’entraîneur reste plusieurs raisons, il faut un renouvellement régulier de l’effectif, ou alors vous changez d’entraîneur pour avoir de la nouveauté. On sait que le message peut être lassant quand ça dure trop longtemps, à nous de travailler là-dessus.

Avez-vous eu des doutes au moment de repartir pour une saison de plus à Rennes ?
Non, ce ne sont pas des doutes, on se pose des questions, on est un peu comme les joueurs, ça fait deux saisons et trois mois qu’on est ici, on se pose plein de questions, on se remet en question aussi, ce sont des réflexions normales.

Êtes-vous confiant pour la venue de Nemanja Matic ?
J’ai confiance en mes dirigeants qui travaillent sur le dossier âprement et durement. Mais vous le savez bien, tant que rien n’est officiel et acté, on ne peut pas s’avancer. Je le répète, j’ai confiance en mes dirigeants, au joueur et au club dans lequel il évolue.

Vous avez donc un accord avec le joueur ?
Je ne peux pas vous en dire plus, on n’est pas là pour parler du mercato, je suis là pour parler du match de dimanche. Je vous en ai déjà dit beaucoup.

Un mot justement sur cette équipe de Metz ?
C’est une équipe invaincue depuis le début de l’année je crois, qui a une dynamique positive. Quand vous montez, vous avez souvent une dynamique positive qui vous porte. Ils ont aussi un entraîneur expérimenté, un système de jeu bien huilé avec des principes définis. On sait que ces premiers matchs sont toujours très difficiles, on est un peu dans l’inconnu même si on a des habitudes, une ossature, des principes de jeu, mais il y a toujours une part d’inconnu quand on démarre une saison. On ne repart pas de zéro, mais quasiment on est toujours un peu dans l’expectative. On est confiant, mais il y aura un adversaire coriace.

Au niveau des nouvelles consignes de l’arbitrage, il y aura un temps de jeu normalement plus long. Qu’est-ce que vous en pensez et qu’est-ce que ça change ?
Je trouve qu’il y a de bonnes idées, on est plutôt dans une bonne diction dans les intentions d’arbitrage. Sur le temps additionnel, c’est aussi intéressant d’en avoir un qui corresponde de mieux en mieux à ce qui s’est passé et aux événements du match. Comme toute bonne chose, il y a le revers de la médaille, il peut y avoir un abus dans l’autre sens, on verra, mais c’est plutôt une bonne direction. Et ça peut bien sûr changer des choses quand on sait qu’un match peut durer une centaine de minutes, notamment au niveau des changements et de leur gestion.

Vous attendez-vous à perdre des joueurs convoités, comme Lovro Majer ou Jérémy Doku ?
On s’attend à tout, c’est le mercato, jusqu’au premier septembre. On s’attend à voir des joueurs qui nous quittent. Pour l’instant ils sont sous contrat avec Rennes, Biggy risque de jouer son dernier match dimanche. On s’attend à tout, on est prêt à tout, on a anticipé tout ça, on est serein. Ça fait partie de la vie d’un club dans cette période là.

Dans un scénario idéal, vous aimeriez garder Lovro ?
Je veux garder tous les bons joueurs, mais il y a les désirs des uns et des autres, il faut composer avec ça. Il faut prendre en compte l’équilibre du groupe et les désirs des joueurs. Ce n’est pas si binaire, c’est une réflexion globale qu’on doit avoir.

La tribune Mordelles basse sera fermée dimanche, est-ce que ça peut vous pénaliser ?
Oui c’est pénalisant parce qu’on connaît le contexte de nos matchs ici avec un public qui nous aide énormément, on est à l’aise à domicile aussi grâce à eux. On aurait préféré qu’ils soient présents, maintenant c’est une décision qui est prise et qui est justifiée je pense. On fera sans, mais c’est vrai qu’on aurait préféré qu’ils soient tous derrière nous, il y aura beaucoup de monde quand même. Il faut souligner cet engouement, on m’a fait passer le message que c’était une affluence record pour un match amical contre West Ham. Il y a beaucoup d’attentes, à nous de répondre de manière positive.

Paris reste-t-il le grand favori pour le titre ?
Oui, je l’ai dit, pour moi Paris reste le grand favori du championnat. On peut dire ce qu’on veut sur leur saison dernière, ils ont été champions. Lens fait une saison extraordinaire et pourtant ils ne finissent que deuxièmes. Et on dit que Paris fait une saison très moyenne, ils ont la marge pour terminer premiers même avec des trous d’air. Après, tout est possible dans le foot, je ne dis pas que c’est impossible qu’il y ait un autre champion. Mais au départ, ça paraît peu probable.

Quelles autres équipes pourraient les concurrencer ? Rennes ?
Il y a plein d’équipes renforcées, qui gagnent en expérience et travaillent bien. Il y en a aussi comme Marseille qui ont une histoire et sont des grands clubs. Donc ils peuvent concurrencer Paris à condition qu’il ne soit pas à son niveau, c’est la première condition. S’ils sont à leur niveau, je ne vois pas trop qui peut les inquiéter.