Christian Brüls, « Tintin » au pays des Bretons

Cela faisait 27 ans qu’un joueur belge n’avait plus porté les couleurs du Stade rennais. Le dernier en date était un certain Eddy Voordeckers, international belge aux 22 sélections qui, hormis son passage à Rennes, n’aura jamais quitté le championnat belge qu’il a notamment remporté avec le Standard de Liège. Avec Christian Brüls, la nouvelle recrue des « Rouge et Noir », Eddy Voordeckers n’a que deux points communs : la nationalité, évidemment, et le fait d’avoir évolué sous les couleurs du "Koninklijke Atletieke Associatie Gent", également connu sous le nom de La Gantoise. Christian Brüls a rejoint La Gantoise en 2011, mais pour comprendre l’histoire de ce joueur il faut revenir quelques années en arrière, bien avant qu’il ne signe chez le septième (sur seize) de la dernière édition de la Jupiler League.

Premiers pas en Belgique et expatriation

Christian Brüls naît le 30 septembre 1988 à Malmedy, dans l’est de la Belgique, dans une famille belge germanophone. Commune d’environ 12 000 habitants, Malmedy est situé dans la province de Liège, en région wallonne. En plus de l’allemand, Christian Brüls maîtrise le français et le flamand, Malmedy étant une commune francophone. Le jeune Christian débute le football à l’âge de quatre ans au FC Grün-Weiss Amblève, où il fait ses classes jusqu’aux minimes avant de rejoindre le KAS Eupen. À coté de sa jeune carrière de footballeur, le joueur - qui est surnommé Tintin pour sa forte ressemblance (houpette, cheveux roux, belge) avec le célèbre personnage d’Hergé - suit une formation de menuiserie. Dans une interview à Nice Matin, il explique ce choix. « Construire quelque chose, ça me plaît. Chez mes parents, en Belgique, j’ai fait une grande partie du mobilier ».

Brüls fait ses premiers pas chez les professionnels en 2008, en deuxième division belge et à seulement 16 ans. En trois saisons avec le KASE, il se forge une réputation de joueur travailleur et surdoué techniquement. À 20 ans, il est déjà une valeur sûre de son championnat avec 64 matchs de deuxième division au compteur. Il attise les convoitises et rejoint la deuxième division néerlandaise et le MVV Maastricht, continuant de prouver son talent à l’étranger.
Durant son séjour à Maastricht, il est prêté en Turquie, à Trabzonspor (actuellement entraîné par Vahid Halidhozic) mais il ne joue pas et revient aux Pays-Bas. Après deux passages très convaincants en deuxième division, il est cependant temps de passer un cap pour Christian Brüls, et le joueur opte pour un retour en Belgique, mais cette fois dans l’élite, en Jupiler League.
Le KWC Westerlo l’accueille et, en une saison, il participe à 48 matchs et est recruté par La Gantoise, illustre club de première division. Régulier, important, décisif, il fait durant trois saisons le bonheur des supporters pour sa précision technique diabolique et son sens du jeu.

Après la Belgique, les Pays-Bas et la Turquie, pourtant, Christian Brüls veut découvrir un nouveau championnat quand une opportunité de prêt en Ligue 1 se présente, à l’OGC Nice. Il y portera pour la première fois les couleurs rouges et noires... Prêté avec option d’achat, son entente avec Dario Cvitanitch régale. « Moi je fais des passes décisives, Dario marque », dira-t-il d’ailleurs. Auteur de cinq "assists" sur la Côte d’Azur dont trois pour "Super Dario", élu meilleur joueur du mois de septembre par les supporters niçois, il inscrit 4 buts pour les pensionnaires de l’Allianz Riviera dont un en Coupe de France face au FC Nantes.
Lors de la première partie de saison, il s’impose comme un taulier de l’équipe de Nice, en prenant part aux 19 rencontres de championnat. Mais la deuxième partie de saison va être beaucoup plus compliquée : hormis un coup franc direct marqué face à Ajaccio, son influence sur le jeu des Aiglons se réduit. Il perd bientôt sa place de titulaire et est fréquemment placé sur le banc des remplaçants par Claude Puel. Aux alentours du mois de mai, ce dernier annoncera que l’option d’achat de "Kuifje" (Tintin en flammand) ne sera pas levée. Puel avance alors différents arguments : « C’est une décision sportive et financière. Christian ne continuera pas avec nous. J’ai beaucoup apprécié l’homme et le joueur qui possède un gros potentiel et qui doit encore s’inscrire dans l’efficacité ».
Après cette intervention, plusieurs raisons viennent expliquer une deuxième partie de saison durant laquelle il n’aura été que très peu utilisé. La première étant, peut-être, que son entraîneur ne souhaitait pas aligner un joueur pour lequel il n’aurait pas la possibilité de lever l’option d’achat pour des raisons d’ordre financier.

Doué techniquement, travailleur et "teigneux"

Capable d’évoluer à tous les postes du milieu de terrain, à l’aise avec ses deux pieds (même si son pied fort est le droit), Brüls est « aussi capable de tirer les coups de pied arrêtés » dixit Philippe Montanier.
Sa vision du jeu va amener de la clairvoyance au centre du terrain et le joueur, capable de faire la bonne passe au bon moment, devrait permettre à son équipe d’aller de l’avant. Il est d’ailleurs le joueur qui a créé le plus d’occasions de buts pour le Gym en 2013-2014, malgré son temps de jeu réduit en seconde partie de saison.
Christian Brüls souhaite, comme tout footballeur, intégrer un jour sa sélection nationale, les "Diables Rouges". Mais la concurrence est féroce à son poste où il se retrouve face à des joueurs évoluant dans des grands clubs européens tels que Axel Witsel (Zénith Saint-Pétersbourg), Kevin de Bruyne (VFL Wolsburg), Marouane Fellaini (Manchester United) ou encore Steven Defour (FC Porto). Il fut tout de même présélectionné à plusieurs reprises ces dernières années. Joueur travailleur et peu excentrique, il viendra en tout cas renforcer un milieu rennais en manque de leaders techniques.

À son arrivée, Philippe Montanier décrit ce supporter de Schalke 04 comme « un joueur qui est très à l’aise techniquement et qui a aussi beaucoup de cœur. Il est complet et teigneux dans le bon sens du terme » explique le technicien rennais, ajoutant suivre « Christian depuis longtemps ». Depuis son arrivée, l’ancien entraîneur de la Real Sociedad tente de bâtir un Stade rennais à son image avec des joueurs techniques. Il n’est donc pas étonnant de voir arriver Christian Brûls qui répond parfaitement à ces caractéristiques.
Présent dans le repli défensif et combatif, adepte des grands et des petits ponts, celui qui portait le numéro 10 à Nice est capable d’éliminer les défenseurs grâce à son jeu de jambes. Dans certains de ses gestes, il ferait presque penser à Jonathan Pitroipa ou Yacine Brahimi, dans une position plus reculée et capable de faire la bonne passe. Les supporters rennais en salivent d’avance.

- Crédit photo : Mirasol / Wikimedia Commons