Costil, la revanche modeste

Si on doutait de la richesse et de la qualité du vivier existant en Ligue 2, l’exemple de Benoît Costil apporte un nouvel argument de poids en faveur du deuxième échelon national. Après Jean-Armel Kana-Biyik et avant - peut-être - Sadio Diallo, l’ancien gardien de Sedan est le parfait exemple du joueur évoluant à cet échelon, capable de s’imposer rapidement en Ligue 1.
Une bonne revanche pour ce joueur dont le club formateur, le Stade Malherbe de Caen, n’a plus voulu en 2009, préférant miser sur Alexis Thébaux. Ironie du sort, alors que Costil brille désormais sous les couleurs rouges et noires, Caen continue sa période d’ascenseur avec une relégation qui fait suite à deux années passées dans l’élite. Mais ne comptez pas sur Benoît Costil pour s’en réjouir : l’homme garde des attaches profondes avec sa ville de naissance et son « club de cœur », et n’a qu’un souhait : revoir très vite Malherbe en Ligue 1.
Avant la fatidique dernière journée de championnat, c’est tout son entourage qui l’encourageait afin que Rennes puisse vaincre Dijon, facilitant du même coup les desseins caennais. "Ma famille, des amis, m’ont demandé un petit coup de main !, se marrait le gardien dans les colonnes de Ouest-France, à la veille de cette ultime rendez-vous. Cela m’a fait sourire, je leur ai répondu qu’on allait déjà essayer de gagner pour nous !". Une mission aisément remplie côté rennais, tandis que les Normands chutaient inopportunément à Valenciennes.

Cet épisode aura été l’aboutissement d’une saison où Benoît Costil se sera illustré à de nombreuses reprises dans les cages rennaises. Un poste devenu soudainement exposé, le coffre-fort de la saison dernière ayant parfois pris des allures de passoire cette année. Du reste, sur le plan statistique, le portier rennais a fait beaucoup moins bien que son devancier Nicolas Douchez : rares sont les fois où Costil est parvenu à garder sa cage inviolée durant toute une rencontre (dix fois cette saison en L1, contre seize fois à Douchez en 2010-2011), et sa moyenne de buts encaissés par match est bien supérieure à celle de son devancier (1,1 but par match, contre 0,8 à Douchez).
Mais, au-delà des chiffres, l’impression laissée aura été excellente. Et Costil a rapidement fait taire les sceptiques en livrant quelques prestations de haut niveau, notamment à Marseille en début de saison. Imbattable ce soir-là, le portier rennais avait reçu – tout gêné – le bruyant hommage de ses coéquipiers dans le vestiaire après match. S’il n’a pas été à ce niveau sur l’ensemble de la saison, Benoît Costil aura rassuré par sa constance, et par le très faible nombre de fautes réalisées sur la cinquantaine de matchs disputés. À dire vrai, le seul point qui pourrait lui être reproché serait de ne pas avoir été suffisamment décisif sur penalty. Un seul arrêté sur dix concédés cette saison.
Ironiquement, il n’y a que contre Caen qu’il s’est illustré en la matière, quelques jours après avoir affirmé, modeste, en conférence de presse, que "sur un malentendu", il en arrêterait peut-être un cette saison. Un défaut qu’il travaillera sans doute avec Christophe Revel à l’avenir.

D’ailleurs, le Stade rennais doit beaucoup à son entraîneur des gardiens dans l’arrivée de Benoît Costil. Ex coéquipiers sous les couleurs du VOC (Costil, numéro 1 prêté par Caen, était titulaire en championnat, quand Revel, numéro 2, multipliait les exploits en coupe), les deux hommes se sont retrouvés avec bonheur à Rennes. Et Pierre Dréossi comme Frédéric Antonetti peuvent remercier le Costarmoricain, lequel les a persuadés d’opter pour une solution toute aussi valable et beaucoup moins onéreuse que Stéphane Ruffier, évoqué durant les premières semaines du mercato.

Dans l’affaire, le Stade rennais aura également récupéré un « bon gars », capable tout naturellement d’aller boire un coup avec les supporters, comme le 16 octobre, après un Rennes – Lorient marqué par les vingt ans du Roazhon Celtic Kop. Un gars doué, simple et intelligent donc, l’archétype même du joueur que l’on souhaite voir très longtemps dans les rangs du Stade rennais.

Joueur de l’année

Après Jean-Armel Kana-Biyik l’an passé, vainqueur d’une courte tête devant Yann M’vila et Nicolas Douchez, c’est cette saison à Benoît Costil que les internautes de Stade Rennais Online ont attribué le titre de meilleur joueur de l’année.
Un véritable plébiscite pour le gardien de but, qui récolte près de la moitié des voix des supporters rennais. Il devance une autre recrue, l’élégant Julien Féret, qui a apporté sa vista et son sens de la passe au Stade rennais, et Kévin Théophile-Catherine, monstre de régularité et de rigueur sur son côté gauche. Les autres joueurs qui étaient soumis à votre vote ont tous récolté moins de 7 % des voix.

1. Benoît Costil : 4227 voix (44,4 %)
2. Julien Féret : 1545 voix (16,2 %)
3. Kévin Théophile-Catherine : 1479 voix (15,5 %)
4. Jonathan Pitroipa : 602 voix (6,3 %)
5. Jean-Armel Kana-Biyik : 485 voix (5,1 %)
6. Yann M’vila : 481 voix (5 %)
7. Romain Danzé : 345 voix (3,6 %)
8. Jirès Kembo : 344 voix (3,6 %)

9508 votes exprimés, du 26 au 29 mai 2012.

- Crédit photo : srfc.frenchwill.fr