Scores Rennes en direct
10 février 2023 | à 12h11

ENTRETIEN / Étienne Didot : « Le Stade rennais est un club fondamental pour moi »

Dimanche, le Stade rennais se déplace à Toulouse, un match forcément particulier pour Étienne Didot, passé du SRFC au TFC en 2008. Après onze ans en Rouge et Noir (1997-2008), l’historique milieu de terrain enchainait sur huit années en Violet (2008-2016), avant de terminer sa carrière à Guingamp, en Bretagne. Entretien d’avant-match.

ENTRETIEN / Étienne Didot : « Le Stade rennais est un club fondamental pour moi »

Qu’est-ce que ce match Toulouse - Rennes représente pour toi ?

Ma carrière, pratiquement entière. De mes 14 ans à mes 33 ans. Ce sont 19 ans de ma vie entre les deux clubs. Ça fait pas mal d’années et de souvenirs.

Comment s’est passé ton passage de Rennes à Toulouse en 2008 ?

Sur les 5 derniers mois à Rennes, ça a été la seule fois où ça n’a pas marché avec un entraîneur, Guy Lacombe. C’était très compliqué pour moi, alors qu’avant ça je me voyais faire toute ma carrière à Rennes, j’en rêvais. Ça n’a pas pu se faire car avec cet entraîneur là ça n’est pas passé. Je m’étais donc déjà fait à l’idée qu’il fallait partir. Je ne suis pas quelqu’un capable d’attendre des mois en réserve ou sur le banc. J’avais envie de jouer, et Toulouse est le club s’étant manifesté le plus rapidement et le plus intensément. Ça s’est fait naturellement.

Naturellement, mais aussi dans la douleur on imagine…

Totalement. Après, j’ai eu 3-4 mois pour me préparer à ce départ mais au début quand je me rendais compte que je devais quitter Rennes, ça a été très douloureux. Il y a eu plusieurs soirs de matchs où je ne rentrais pas une seconde, je rentrais chez moi j’étais triste et je me disais que c’était foutu, que ça allait se terminer comme ça avec Rennes, que c’était dommage. Après, c’est la vie, je suis quelqu’un qui relativise les choses depuis assez jeune. J’étais déjà très chanceux d’être dans ce milieu là et de jouer au football. Ça a été très triste pendant une période mais ensuite je me suis fait à l’idée. J’aurais été heureux d’être un bon joueur amateur, j’étais déjà professionnel, confirmé et en première division. J’étais heureux de poursuivre ma carrière, mais quand je me suis rendu compte que je n’allais pas poursuivre avec Rennes, il y a eu des semaines pour avaler la pilule. Ça a été très dur.

Aujourd’hui tu as ce recul, mais l’avais-tu à ce moment là ?

Non, pendant des semaines il y avait de la frustration. J’ai eu beaucoup d’entraîneurs, mais c’est la seule fois où je n’avais pas d’explications. C’était vraiment très froid. Ce n’était pas méchant mais presque méchant par moment, alors que tout se passait bien pour moi à Rennes, et que j’ai toujours été quelqu’un qui donnait le max. La frustration et la non-compréhension totale. Ça a été dur un moment, puis il faut se faire à l’idée. Mais ça ne fait pas du bien, et je pense que je ne le méritais pas non plus. J’ai réussi à tourner la page, même si ça n’a pas été évident au départ.

As-tu revu ou échangé avec Guy Lacombe les années suivantes, ou après la fin de ta carrière ?

Au tout début je l’avais recroisé une ou deux fois mais il m’avait un peu évité. Après je l’ai recroisé à Guingamp quand j’y ai terminé ma carrière, il était passé. J’avais fait comme si de rien n’était, j’avais pris de l’âge, ce n’était pas la fin du monde. Je suis quelqu’un qui n’est pas rancunier non plus. Il avait sans doute ses raisons, qu’elles soient bonnes ou pas. J’ai avancé dans la vie et j’étais heureux, il ne fallait pas rester là-dessus. Mais au début ça a été très dur. Dans mon coeur, si on me demande dans quel stade je me sens à la maison, c’est vrai que c’est à Rennes. J’ai tout connu là-bas, des 14 ans à signer professionnel, être capitaine par moment, des qualifications européennes… J’ai tout découvert avec Rennes. C’est un club fondamental pour moi.

Ton meilleur souvenir de carrière est-il ton premier match en pro ?

Oui je pense. C’est le rêve d’une vie. Tous les matchs ont été magnifiques pour moi. Rentrer sur un stade c’était à chaque fois une victoire. Le plus marrant pour moi c’est quand des gens me disent que je ne suis personne pour parler car je n’ai gagné aucun titre. Moi mon titre, c’était un match en Ligue 1. Je crois que j’ai 500 titres, pour moi, dans ma carrière. Les gens ne comprennent pas ça. Jouer un match en Ligue 1 c’était comme si je gagnais ma coupe de France ou d’Europe. Donc oui le premier match, car c’était un aboutissement, mais les 500 autres c’était magnifique.

Quel est ton pire souvenir avec Rennes ?

Le Lille - Rennes où on échoue à se qualifier pour la Ligue des Champions. Cette nuit a été assez compliquée.

"Rennes est une équipe qui a tout le temps des périodes un peu creuses"

Tu es assez actif sur les réseaux sociaux, c’est quelque chose d’important pour toi ?

Pas forcément important. J’ai commencé Twitter au milieu de ma carrière, je trouvais ça marrant. Je n’ai pas un caractère où je me sens mal quand on me critique. Ça me fait rire, et quand tu parles aux gens, ils comprennent et s’excusent, et tu as des échanges marrants. Ça m’amuse parfois d’y aller et de dire ce que je pense parce qu’on a la chance d’être un peu plus écoutés qu’un amateur de football lambda. Parfois ça fait du bien de pouvoir dire certaines choses. Je l’utilise pour ça et pour rigoler un petit peu.

Est-ce que tu t’épanouis dans ton nouveau rôle de consultant ?

Totalement. J’aime beaucoup ce rôle. Je suis également maintenant sur le continent sud-américain où j’y suis le football en général. C’est quelque chose que j’apprécie aussi beaucoup.

Quel regard portes-tu sur la situation actuelle du Stade rennais ?

Je me rappelle qu’à notre époque, même si ce n’était pas pareil, on avait des trous de mi-saison. Rennes est une équipe qui a tout le temps des périodes un peu creuses. Nous c’était encore pire, on gagnait tout à domicile et à l’extérieur on ne gagnait pas un point. Cette saison c’est pareil, à domicile t’es intraitable, et quand à l’extérieur tu n’arrives pas à faire le nécessaire, tu n’es jamais à l’abri d’une contre-performance, et de te sentir en difficulté. C’est une équipe qui a des cycles, des périodes, et je trouve que ce n’est pas forcément plus mal qu’elle ait la période un peu plus compliquée maintenant, si elle peut terminer en boulet de canon. Je pense qu’il y aura des équipes qui piocheront sur la fin, et c’est ce que je souhaite pour le Stade rennais.

Cette période de méforme en janvier était donc déjà récurrente à ton époque ?

Oui je sais que c’étaient des périodes pas faciles, souvent. On est sur notre lancée, on est bien et il y a une coupure. Là elle est encore plus longue. Ce n’est pas facile, parfois on pioche un peu physiquement. Il faut retrouver une forme physique homogène dans l’équipe, ce n’est pas si évident que ça. Il y a toujours quelques joueurs un peu moins bien, et l’équipe tourne moins bien. Quand l’état physique des joueurs est homogène, l’équipe peut développer le jeu souhaité. Mais si tu as toujours 2-3 joueurs sur les 11 un peu moins bien, plus des pépins, ça devient un peu plus compliqué. C’est le cas en ce moment.

Cela a toujours été dur physiquement cette coupure au moment des fêtes pour toi ?

Un peu car tu sais qu’il y aura toujours 2-3 joueurs qui auront un peu plus de mal à gérer cette période là, qui seront un peu moins bien physiquement. Ce n’est pas tout l’effectif, mais dans mon cas, j’étais un peu moins bien à cette époque là. Si j’avais un grand rendement avant, et moyen à cette période là, l’équipe en pâtissait.

On parle beaucoup, depuis la blessure de Martin Terrier, de l’influence de l’absence du meilleur joueur de l’équipe cette saison. Pour toi, est-ce qu’un autre joueur doit reprendre ce flambeau, ou est-ce qu’on ne peut pas remplacer le meilleur joueur d’une équipe ?

Non, on ne peut pas remplacer le meilleur joueur d’une équipe. C’est compliqué, c’est à l’équipe, aux joueurs qui sont autour, d’élever de 5-10% chacun leur niveau pour que ça se voit le moins possible. C’est vrai qu’actuellement, pas mal de joueurs pêchent un peu physiquement, sont un peu moins bien. Ça, moins le joueur phare de l’équipe, ça donne des résultats un peu plus compliqués. Il n’y a pas trop d’explications à avoir, je pense qu’il ne faut pas que les mecs se fassent des noeuds dans la tête. Il faut juste s’accrocher dans les moments compliqués et ensuite ça va tourner plus positivement dans quelques temps. Martin (Terrier) a ses particularités mais d’autres joueurs ont des qualités et seront capables de faire de grandes choses si l’équipe tourne mieux. Mais j’appuie vraiment sur le collectif. C’est le niveau collectif qui peine un peu plus, l’équipe a du mal à développer du jeu, à mettre de l’intensité sur de longues périodes comme ils savent le faire.

L’un des joueurs qui est performant cette saison justement, Benjamin Bourigeaud, a récemment opté pour une nouvelle célébration « palet breton », qui n’est pas sans rappeler ta célébration « gavotte »…

J’adore ces trucs là. « Bourige » est attaché au club et aux traditions bretonnes alors qu’il n’est pas de chez nous. Pour moi, c’est magnifique de voir quelqu’un capable de s’adapter comme ça, et qui représente fièrement la mentalité bretonne. Il ne fait pas beaucoup d’erreurs sur le terrain ou dans sa communication, tout est naturel, et j’adore ça. J’adore le joueur, comment il représente le club, la région. J’espère qu’il restera là de longues années.

Quel souvenir gardes-tu du Toulouse FC, qui a beaucoup changé depuis ton passage ?

Ça a beaucoup changé, je pense que le club a pris un virage après la vente d’il y a quelques années. C’est un club qui appartenait à Olivier Sadran, et avec ses proches collaborateurs, ça donnait une sorte de club familial. Maintenant on sent que ça fait partie d’une holding de plusieurs clubs, mais c’est le football actuel, il faut s’y habituer, tous les clubs s’y mettent. C’est un club qui a changé, les personnes qui y sont aussi. De Toulouse je garde des souvenirs magnifiques car c’est un club qui m’a fait confiance pendant de longues années, m’a permis d’évoluer au plus haut niveau, mes enfants sont nés à Toulouse. C’est une ville à laquelle je suis très attaché. J’étais un peu sceptique par rapport à leur façon de fonctionner, mais il faut dire que pour l’instant ils ont toute la réussite qu’ils méritent. C’est un club où ça travaille beaucoup, et différemment. Avec la montée en Ligue 1 et cette saison, ils font plus que bien car ils n’ont pas de fonds illimités, et pour l’instant ils ont des résultats plus que cohérents. Ce que j’aime bien, c’est qu’ils ont su remobiliser toute la jeunesse toulousaine et le stade vibre de nouveau. C’est agréable à voir.

Quel est ton pronostic pour ce match Toulouse - Rennes ?

Je vois un 2-1 pour le Stade rennais. La situation est compliquée, Rennes doit relever la tête. Toulouse est sur une super série, et toute bonne série à une fin. Comme Rennes est sur une mauvaise série, je préfère qu’ils gagnent, et comme Toulouse est sur une bonne, ça ne fera pas trop de mal (rires).

Vos réactions (7 commentaires)Commenter
Lulu Berlu 9 février 2023 à 19h46

Jusqu’à cet interview je me suis toujours demandé pourquoi Étienne avait lâché son Stade Rennais pour un autre club moins glamour que le notre sportivement parlant notamment
Avec une pointe de ressentiment au passage !!
Et la lumière est apparue à travers son explication. Le courant ne passait donc pas avec l’ombrageux et clivant Guy Lacombe.Quoique bon entraîneur à mon sens.
Ses célébrations de but resteront un bon moment vécu au Stade de la route de Lorient !!

axeleden10 février 2023 à 07h56

Il n’est pas le seul à avoir eu des problèmes avec Guy Lacombe. Celui qu’on appelait « Moustache » était très critiquable.

axeleden10 février 2023 à 07h57

Qu’est-ce que c’est long une semaine entière sans match !!!

PAT5910 février 2023 à 10h22

Axelenden, tu affutes tes armes pour savoir si tu vas critiquer ou encenser le Stade en fonction du résultat.Ce qui me rend optimiste c’est que l’on ne gagne rarement deux matchs à domicile et Toulouse a joué chez lui en coupe.De toute façon pour viser la 5 ou 6 ( en fonction de la coupe ) il nous faut 6 points sur les 2 prochaines rencontres.

happy 3510 février 2023 à 13h28

J’ai regardé le match P.S.G. TOULOUSE et il faut prendre
L’équipe de TOULOUSE très au sérieux
ALLEZ-RENNES.

Rodighiéro 6510 février 2023 à 17h46

Très bon entraineur Guy Lacombe , ah ! Bon ! réussir a faire partir Etienne Didot Breton, CAPITAINE DU STADE adulé par le « Parc des sports de la route de Lorient »( à cette époque), gagneur jamais crédité d’un mauvais match, consultant de talent maintenant,.........bon entraineur ! Lacombe ? Sinistre crétin oui , dénué de psychologie, caractériel qui au global a échoué partout où il est passé !!!!!!!!

Xavier11 février 2023 à 09h44

Etienne Didot : c’était un super joueur avec une mentalité exemplaire !
Lacombe un bon entraineur...??? C’est quand même l’unique entraineur ( à l’époque ) capable de perdre une finale de coupe de France contre une ligue 2...

Ajouter un commentaire

Ajoutez votre commentaire ici
  • Votre commentaire sera publié après modération, sous réserve du respect des règles élémentaires d’orthographe, de syntaxe et de grammaire.

Qui êtes-vous ?

Pour afficher votre trombine avec votre message, enregistrez-la d’abord sur gravatar.com (gratuit et indolore) et n’oubliez pas d’indiquer votre adresse e-mail ici.