ENTRETIEN - Moussa Bezaz : « Rennes, c’est quand même une grosse équipe »

Vous arrivez à Rennes en 1983, comment se fait ce choix ?

Le Stade rennais venait de monter, ils cherchaient des joueurs et notamment un latéral droit. Sochaux m’a libéré, et je suis venu. J’ai été formé à Sochaux, j’y suis resté neuf ans. On a fait la coupe d’Europe, les demi-finales de Coupe de France, j’ai connu l’équipe de France également. Il était temps de changer aussi, la proposition de Rennes est arrivée et j’ai accepté.

Quelle était l’image de Rennes à l’époque ?

Ce n’était pas le Rennes de maintenant ! Le club était presque amateur, avec Jean Vincent, Michel Beaulieu, Patrick Rampillon, c’était artisanal. Le club n’était pas ce qu’il est aujourd’hui avec la famille Pinault. Ça s’est bien développé, aujourd’hui c’est un vrai club professionnel. A l’époque, j’avais le choix entre Bastia et Rennes. Bastia avait retardé le rendez-vous que je devais avoir, puis Gérard Dimier et Jean Vincent avaient fait ce qu’il fallait pour que je vienne à Rennes. Yannick Stopyra avait été pris en même temps, c’était aussi par rapport à l’amitié que j’avais avec lui que je suis venu.

Comment se déroule votre passage au SRFC ?

Hormis pour les matchs, je ne connaissais pas la Bretagne. Ma première saison ne s’est pas très bien passée, car on redescend directement après la montée. Il y avait ce côté un peu amateur dans tout le club, il n’y avait pas de rigueur chez les joueurs, souvent du relâchement, c’est pour ça qu’on est redescendus. Il y avait des joueurs de qualité. Je suis resté à Rennes trois saisons, je n’ai quasiment pas joué la dernière, donc je suis parti. Lors de ma deuxième saison, j’ai passé plus de temps avec la réserve qu’avec l’équipe première. Le club avait récupéré Pierre Mosca qui était entraîneur à Sochaux, avec lequel je ne m’entendais pas du tout. Ça a tué ma carrière. C’était un cauchemar pour moi. Heureusement j’ai rencontré des gens formidables, des jeunes joueurs de la réserve avec un bon état d’esprit, et qui ont fait une belle carrière comme Laurent Delamontagne, Philippe Barraud, Serge Le Dizet, Gilles Bourges, Yves Mangione. Je pense que je les ai guidé dans le bon sens.

Des années plus tard, vous êtes entraîneur à l’AS Nancy-Lorraine, là où évolue un certain Olivier Sorin.

J’avais entrainé au centre de formation de Nancy pendant trois saisons, puis j’ai été propulsé entraîneur de l’équipe première suite au départ de Francis Smerecki (2002, ndlr). J’ai eu Olivier Sorin au centre de formation pendant trois ans. C’était un garçon très intelligent, très travailleur, avec de grandes valeurs humaines. Il avait de grosses qualités, il était un peu réservé à l’époque,mais quand il a pris de l’assurance, il a fait une belle carrière. Je suis content pour lui. Il commandait bien sa défense, c’était un gagneur, il avait toutes les qualités et il l’a prouvé ensuite. Il a du caractère !

A Nancy, vous avez également croisé Nicolas Holveck.

Oui, il débutait, il était stagiaire au niveau administratif. Je lui souhaite un prompt rétablissement, c’est quelqu’un de bien. Il a eu une bonne progression aussi dans sa carrière. Je l’ai connu quand il est arrivé à Nancy, c’est quelqu’un de très intelligent, qui a bien appris et qui a su gagner la confiance de Jacques Rousselot pour se voir confier des responsabilités plus importantes. Il connait bien le football. C’était un athlète lui aussi, il connait les problèmes des sportifs.

On l’imagine, le Stade rennais d’aujourd’hui a beaucoup changé par rapport à celui que vous avez connu ?

Ah oui, ça n’a rien à voir. C’est devenu un club européen, qui a les moyens grâce à Monsieur Pinault. Le public vient en nombre, je vois l’ambiance qu’il y a dans le stade, c’est formidable. A mon époque, il y avait moins de public. Le stade n’était pas le même non plus. Tout s’est amélioré à tout point de vue. Beaucoup de personnes ont fait évoluer le club, mais la plus grosse progression s’est faite avec Monsieur Pinault. Quand vous avez quelqu’un de cette envergure, ça rend les choses plus faciles. Nancy n’a pas trouvé son Pinault dans la région, voilà tout. Le football s’est développé, on le voit bien. Tous les grands clubs qui ont gagné des titres, ça s’est toujours fait à des époques où il y avait des grands noms, des grands présidents. Rennes est maintenant entré chez les grands.

Dimanche, Rennes ira jouer à Nancy avec un rapport de force forcément déséquilibré. Aucune surprise possible selon vous ?

Je pense que Nancy a d’autres chats à fouetter. Mais un match de coupe reste un match de coupe. Là ça tombe après les fêtes de fin d’année, ce sont toujours des périodes particulières. Sur un match tout est possible, mais je pense que ça va être difficile pour eux. Rennes, c’est quand même une grosse équipe.