Stade Rennais - Romorantin, film d’erreurs

Dans l’histoire de la Coupe de France, il était une fois deux équipes. D’un côté, le grand Stade Rennais à l’enceinte ultra-moderne et aux joueurs internationaux. De l’autre, le Stade Olympique Romantinais, au stade de cinq mille deux cents places et à ses vedettes nommées Sampil et Dudoit (respectivement finalistes de la Coupe de France avec Amiens et Lorient) Sans parler du budget, trente fois inférieur à celui de son adversaire d’un soir (1,3M€).

L’opposition s’annonçait déséquilibrée et le début de match difficile des joueurs de Sologne, très tôt mis en danger, laissait à penser qu’enfin, Goliath allait pouvoir mettre une belle raclée à David. « Ils ont eu chaud à leur culotte ! » s’exclama un supporter Romorantinais après la première occasion rennaise. Mais son équipe réussissait à laisser passer l’orage. Dominés territorialement, les Solognots parvenaient par à-coup à sortir de leur camp pour alerter leurs deux pointes. Par leurs appels, Sampil et Fabien gênaient considérablement la défense centrale rennaise trop souvent dépassée. Une fois n’est pas coutume.

Pas étonnant que le premier but romorantinais survienne sur un contre. Secoué par cette ouverture du score, le Stade Rennais réagit. Un peu. Pour enfin marquer. Après l’égalisation d’Utaka, les 8366 spectateurs redonnaient de la voix et rivalisaient enfin en terme de décibels avec leurs homologues adverses. On se dit alors que le Gros va croquer le Petit dans les derniers instants. Pas du tout. « Même lorsque Rennes est revenu au score nous sommes restés sur le même système de jeu. Nous avons réussi à bien remonter le ballon ce qui nous a permis de moins souffrir physiquement » expliquait Ludovic Liron, l’entraîneur de Romorantin.

Et la “magie de la Coupe” fit le reste. Cette fameuse “magie de la Coupe”. Celle qui permet aux clubs inférieurs de réaliser des exploits et aux clubs de l’élite de se ridiculiser. Celle qui permit à Hadjeres, dernier buteur du match, de parachever le succès de son équipe en se jouant de Mensah et Faty. Excusez du peu. De ce but (110ème) jusqu’au coup de sifflet final, les Rennais vécurent un calvaire. Des rires (moqueurs) répondirent à une frappe largement au-dessus d’Utaka. Des « olé » accompagnaient la passe à dix des Romorantinais. Ou quand un club de National humilie un club de Ligue 1 dans son stade.

Au moins, l’avantage de ce genre de rencontres, c’est qu’elles révèlent rapidement le lot de footix présents au stade. « Cheyrou, t’es nul, fainéant, regarde-moi ce dégagement pourri ! » Transversale impeccable pour Sow qui amène une occasion de but. Sans oublier le « Dréossi, démission, tu sais pas faire une équipe ! ». Quel dommage, si ce supporter avait pu le dire plus tôt, on en serait pas là. Comme c’est ballot.

Quand Bernabeu applaudit Ronaldinho étincelant avec le Barça, le Stade de la Route de Lorient doit de son côté applaudir Ardeois, Ravaux, Oroque, joueurs de National même pas professionnels (avec tout le respect pour ces joueurs). Ah, la magie de la Coupe, l’incertitude du football...
Une chose est sûre : avec l’arbitre (multipliant les erreurs en faveur d’un côté comme de l’autre, d’ailleurs il a marqué Dudoit ce qui n’est pas réglementaire), les Rennais auront été [insérer le nombre de “très” que vous voulez] mauvais et malheureusement pas que dans la finition, mais aussi, plus surprenant, derrière. Aussi, ils sortiront de cette rencontre très marquée, physiquement (Mensah faisait son retour, d’autres comme Edman enchaînent les rencontres) mais aussi psychologiquement.

Moralité de l’histoire : pour bien négocier les Coupes, il faut jouer avec l’équipe des coiffeurs.