Stade rennais-Reims / Julien Stéphan : « Entre bien jouer et gagner, le choix est vite fait »

Julien, c’est un retour presque parfait ?
Parfait, je ne sais pas, en tout cas un retour heureux. Ce qui est heureux pour nous, c’est la victoire, c’est le partage ente les joueurs et le public à la fin. Il y a encore beaucoup de choses à améliorer, des points sur lesquels on peut progresser. Les buts sont venus à des moments importants, pour créer des dynamiques en début de mi-temps. J’ai bien aimé aussi l’entame de match, les quinze premières minutes étaient à la fois intenses dans le pressing et intéressantes dans l’utilisation du ballon. Ils nous ont obligé à reculer, on a été moins intense dans le pressing et on a eu des difficultés à ressortir le ballon. Ils ont égalisé assez logiquement, vu leur contrôle sur le jeu. La superbe action collective en début de deuxième mi-temps nous a mis dans les meilleures conditions et ça a peut-être mis un petit coup à Reims. Et dans un temps où on était moins bien, ce troisième but arrive. Les joueurs ont été impactants à des moments très importants de la rencontre, c’est ce qui a été déterminant aujourd’hui.

Avoir joué aussi bas une bonne partie du match, c’était du fait de Reims ?
Ce n’était pas une volonté de notre part d’être aussi bas. On a changé de système, on a des automatismes encore à développer et à trouver dans la durée pour presser de manière efficace. Ils ont eu un jeu de position intéressant qui nous a donné des difficultés, c’est tout à leur honneur. Ce n’est pas un hasard s’ils étaient à ce classement là. On a des ajustements à faire, mais encore une fois, j’ai beaucoup aimé ce qui a été fait en début de première mi-temps : dans le pressing, dans l’utilisation du ballon et dans le contre-pressing aussi. On a l’occasion avec Kali pour doubler le score, Diouf fait un bel arrêt. On sait qu’il y a des moments où on peut être en haut, d’autres où il faut être en bas, mais ça a été long, on a eu des difficultés à ressortir le ballon proprement, efficacement.

On a vu une équipe avec beaucoup d’énergie, des défenseurs qui fêtaient leurs interventions. On imagine que vous êtes satisfait d’avoir vu cet état d’esprit ?
J’ai adoré ça, j’ai adoré ces comportements défensifs. Ces interventions sont aussi riches qu’un but et elles sont fêtées, elles apportent de l’énergie positive, stimule le public et dans ces moments-là, on a besoin de soutien. C’est aux joueurs de le développer, avec l’énergie qu’ils donnent sur le terrain, ils peuvent aller chercher des ressources supplémentaires. Ce sont des actions de but, on doit être aussi heureux que si on avait marqué.

Ça reste une équipe convalescente ?
Convalescente... En tout cas, c’est un héritage d’un travail qui a été bien fait par Bruno et son staff. On a des joueurs de qualité, il faut le souligner et aussi avoir une pensée pour ce staff qui avait préparé ces joueurs les semaines précédentes. Ensuite, quand il y a des résultats en deça des attentes pendant plusieurs semaines, il y a une répercussion sur la confiance. On a vu par séquences de jeu que la confiance n’était pas complètement restaurée. J’espère que ce résultat va permettre d’en restaurer une partie, on va bien récupérer pour jeudi car il y a eu une grosse débauche d’énergie et qu’on doit être en capacité d’enchaîner.

Pourquoi avoir choisi ce nouveau système ? C’était par rapport à la fragilité défensive ?
Pas que la fragilité défensive, non. L’idée, c’était d’essayer d’adopter le système le plus adéquat pour l’utilisation des joueurs qu’on avait choisi. Je voulais aussi une proximité importante entre nos trois joueurs offensifs. Je voulais qu’on soit nombreux sur la charnière adverse, qu’on puisse trouver des enchainements et du jeu combiné. Sur le plan défensif, on a les joueurs pour jouer comme ça : Wooh et Theate ont joué dans leurs clubs précédents dans ce système, ce n’était pas inconnu pour eux. Jeanuël avec la réserve aussi. Je trouve qu’ils ont fait un match très solide, très énergique, c’est une bonne base.

On a beaucoup parlé de Benjamin Bourigeaud avec le capitanat ces derniers jours. Il a été décisif dans ce nouveau rôle. Pensez-vous que ça puisse être lié avec le fait qu’il n’ait plus brassard ?
Le choix, je vous l’ai justifié avant le match, il y avait une analyse de la situation, ce n’était pas contre Bourige, c’est une légende du club, je n’avais aucun doute sur son investissement et son comportement. Il n’a pas besoin du brassard pour s’investir et être leader d’équipe. Je suis super content pour lui. Dans un nouveau poste, il a été très interessant au début du match pour aller presser, c’était vraiment très intéressant. Il a eu une bonne projection et son but a validé ça. On connaît son coup de patte exceptionnel, il a mis un centre en première mi-temps à une vitesse incroyable pour Truffert et sur le but d’Arthur, il met le ballon dans une zone parfaite. Il a aussi été important dans l’avant-match pour stimuler et motiver tout le monde.

Quelle est la marge de progression de l’équipe ?
Dans la constance dans le pressing, je pense qu’on a une équipe capable de presser, généreuse et avec un gros volume de courses, on doit ajuster des repères. Je pense aussi dans les sorties de balle. On a été pragmatiques aujourd’hui, on n’avait pas choisi d’être exclusif sur du jeu long, mais au fur et à mesure on a bien senti que c’était ce qu’il fallait privilégier, donc on aura des progrès à faire. Il faut qu’on ajuste aussi certaines choses sur les coups de pied arrêtés défensifs, où on a fait preuve de passivité, d’un manque de réactivité, comme sur leur but. On a une marge de progression là dessus, c’est déjà pas mal.

Être moins dominateur avec moins de possession, ce n’est pas quelque chose qui vous dérange ?
C’est l’histoire d’un match aussi avec un but marqué très tôt dans les deux entames, il y a des dynamiques de match qui s’enclenchent. Il y a un changement de système, une confiance dégradée sur les dernières semaines, très clairement la priorité c’était de prendre les points. On voulait absolument gagner. Si on avait pu avoir 70% de possession, on aurait adoré, mais à choisir entre bien jouer et gagner, le choix est vite fait, il fallait gagner. Après, pour gagner dans la durée, il faut avoir une qualité de jeu, je ne pense pas qu’on puisse avoir des résultats probants dans la durée si la qualité de jeu n’est pas bonne. Dans les matchs, on ajuste, on s’adapte, c’est l’histoire de ce match là.

Will Still a parlé d’un mauvais avant-match de son équipe, comment avez-vous vu la votre avant la rencontre et comment avez-vous vécu votre retour ?
Je ne sors pas pendant les échauffements, c’est le job du staff. Il a dû être hyper intéressant car l’entame a été canon. J’ai trouvé une énergie très positive dans le vestiaire avant d’entrer sur le terrain avec des prises de parole, de la saine motivation, une énergie positive et une volonté d’inverser le cours des choses, c’est important. Mes sentiments personnels, ce n’est pas la priorité, je suis content de retrouver un banc, à fortiori ici, vous le savez. Je suis juste content.

Avez-vous entendu le public scander votre nom après le match ?
Non, je n’ai pas entendu, je suis rapidement rentré aux vestiaires. J’ai laissé le champ libre aux joueurs, ils méritent toutes les louanges. Je me suis éclipsé.