Stade rennais-Reims / Julien Stéphan : « On n’est jamais en terrain conquis »

Julien, à quoi a ressemblé le projet collectif que vous avez présenté à vos joueurs ?
Quand on a aussi peu de temps pour travailler ensemble, on doit prioriser. On a besoin de garder un peu de secret par rapport à dimanche. L’objectif n’est pas non plus de donner dix idées différentes aux joueurs, deux ou trois essentielles suffisent, puis ce sont eux qui détiennent ensuite les clés.

Vous avez choisi Steve Mandanda comme capitaine, mais comme voyez-vous l’utilisation de Benjamin Bourigeaud sur le terrain ?
C’est conditionné au système aussi, il a la possibilité de jouer dans différentes positions : à l’intérieur du jeu, sur un côté, tout dépend à qui on l’associe et ce qu’on veut faire. Il s’était installé au coeur du jeu ces derniers temps, là aussi je sais ce que je veux faire avec lui mais attendons dimanche. Il peut jouer piston droit dans une défense à trois, à l’intérieur du jeu dans une défense à trois, milieu axial dans une défense à quatre, à l’extérieur dans une défense à quatre (Rires.)

Bruno Genesio faisait souvent le constat d’une équipe sur la retenue, est-ce que vous avez senti ça sur les premières séances ?
Je n’ai pas d’antériorité avec ce groupe, j’arrive avec un oeil neuf, de la fraîcheur. Le jugement, je ne peux pas le faire sur quelques séances d’entraînement, il va me falloir quelques matchs.

Comment vous êtes-vous servi de ces dix mois d’inactivité ?
C’est long dix mois, il y en a pour qui ça a duré plus longtemps. On passe par différentes périodes, des bonnes, des beaucoup moins bonnes. On fait une analyse, on profite aussi pour observer ce qui se passe à l’extérieur, ça m’a permis de voyager, d’aller voir des matchs à l’étranger. Prendre du temps en famille, profiter des miens, on se régénère, on se ressource, on reprend de la force, on s’interroge aussi. On analyse ce qui a bien fonctionné, moins bien fonctionné et quand un projet se présente, on replonge en étant à fond car c’est un métier très énergivore.

À quel accueil vous attendez-vous au Roazhon Park dimanche ?
Très sincèrement, je n’ai pas réfléchi à ça. Depuis le début de la semaine, mon esprit est totalement focalisé sur la préparation du match contre Reims. Ce n’est pas le retour de Julien Stéphan au Roazhon Park dimanche, c’est le Stade rennais contre Reims. C’est la volonté de bien préparer ce match et prendre des points. Je le vivrai de manière très tranquille, ne m’imaginez pas avoir des punchlines ou quoi que ce soit, ce n’est pas mon état d’esprit. Je suis très motivé et très fier de revenir, mais il n’y a pas autre chose.

Pensez-vous revenir en terrain conquis ?
Non, je pense qu’on n’est jamais en terrain conquis. Il faut toujours montrer, prouver, je vous ai dit lors de la conférence du début de semaine que je ne voulais pas qu’on reparle du passé, ce n’est pas pour sentir ça en me remémorant le passe.

Quelles leçons avez-vous tiré de votre passage à Strasbourg ?
Plusieurs leçons, j’ai passé en effet un an et demi à Strasbourg. Il y a eu une année fantastique avec le meilleur classement sur les quarante dernières années et une demi-saison mauvaise, six mois très difficiles. Il faut se remettre en cause sur ce qui n’a pas marché. Comme toutes les expériences, bonnes ou moins bonnes, elles sont constructives. C’est surtout dans ces périodes là qu’on apprend le plus sur soi, sur son fonctionnement. Quel entraineur ne s’est pas fait virer ? Tous ont connu cette période difficile. Après on se reprojette, on est dans l’espoir de retrouver quelque chose, on est attentif et quand arrive quelque chose, on fonce.

C’est la première fois que vous avez un joueur avec l’expérience de Nemanja Matić sous vos ordres. Que peut-il vous apporter et comment l’utiliser ? On a parfois pu lire ou dire qu’il pouvait être un frein sur certains aspects du jeu, notamment pour presser haut.
Que ce soit Steve ou Nema, ils ont une telle expérience, un tel charisme, un tel vécu, dans un vestiaire assez jeune, que ce seront deux relais majeurs pour moi. La puissance vient aussi d’une forme d’autonomie et de responsabilisation. Sur les caractéristiques du joueur, presser, il est capable de le faire, le tout c’est de savoir où, avec qui, et quand. Je ne pense pas que ce soit un frein pour pouvoir presser, il est très fort sur le plan technique, il a un impact incroyable, une vision de jeu hors norme et une énorme expérience. Je ne voudrais pas qu’on me pose une question en laissant penser que ça peut être un frein à la performance du Stade rennais. Quand on a des joueurs comme ça, il faut profiter de toutes leurs forces et associer des profils complémentaires pour que ça puisse fonctionner.

Quel regard portez-vous sur cette équipe de Reims ? Des mauvaises langues ont pu dire qu’elle occupait la place que devrait occuper Rennes au classement...
Je pense qu’au bout de douze ou treize journées, tu es à la place que tu mérites d’avoir. Elle joue bien, elle est dynamique, intense, presse beaucoup, très engagées sur plan athlétique, très bien coachée, tes bien staffée. C’est la meilleure équipe sur les coups de pied arrêtés du championnat, c’est une équipe complète qui a mérité ses victoires et son classement. Une forte opposition dimanche, c’est bien de le mettre en lumière. C’est notre challenge d’élever notre niveau de jeu.

Justement, sur les coups de pied arrêtés, le Stade rennais n’est pas très performant cette saison. Certains clubs anglais ont des personnes dans leurs staffs entièrement dédiées à ça, est-ce que ça pourrait être une possibilité à Rennes ?
Ça peut être une réflexion, c’est aussi une décision à partager avec le club. Dans l’urgence de la situation, ce n’est pas quelque chose qu’on a évoqué, ça peut être un axe de réflexion à condition qu’il soit partagé par tout le monde au club. Le staff ne devrait plus bouger, c’est calé. Rudy Cuni aura certaines missions autres que l’analyse pure video. Cesar Arghirudis reste avec nous dans le staff. Ça va nous permettre de décharger Rudy sur certaines choses, il aura notamment en charge de l’animation des coups de pied arrêtés offensifs.