Yann Gboho : Arnhem, le passage de vitesse

Il faut remonter jusqu’au 14 février dernier pour se souvenir de Yann Gboho portant le maillot du Stade rennais. La Saint-Valentin avait ce soir là pris une bien mauvaise tournure pour les Rouge et Noir, touchés en plein coeur par l’AS Saint-Etienne (0-2), deux semaines avant la démission de Julien Stéphan. Si Gboho entrait alors de moins en moins dans les plans du technicien vainqueur de la Coupe de France 2019, il n’a jamais disputé une minute depuis l’arrivée de Bruno Genesio, cirant 4 fois le banc quand il n’était pas écarté de l’effectif. Le message était donc on ne peut plus clair.

L’histoire avait pourtant bien commencé pour Gboho. Gamin du centre de formation où il entre en 2016 grâce notamment à son oncle Ambroise, qui en est pensionnaire, Yann débarque de Rouen où sa famille s’est installée, en provenance de la Martinique. Cousin des frères Guela et Désiré Doué aujourd’hui en réserve, Gboho fait ses classes chez les jeunes, avant d’être révélé le 27 octobre 2019, soir de son premier but face à Toulouse. Sur une passe décisive de Jordan Siebatcheu, servi par Raphinha, il donnait la victoire au SRFC à la dernière seconde en championnat. Une autre époque.

Place au jeu

Avec 2 buts et 3 passes décisives pour sa première saison chez les pros, Gboho ne se contente que de bouts de matchs. Pourtant, à un an de la fin de son premier contrat de 3 ans signé en mai 2018, il prolonge jusqu’en 2023 le 2 octobre dernier. « C’est un des tournants de ma carrière. Il fallait bien que je réfléchisse à mon choix avec mes parents, ma famille. C’était important pour moi de grandir avec mon club formateur qui est en train de grandir lui aussi en jouant la Ligue des champions. Je suis très content d’avoir prolongé jusqu’en 2023. Je me sens bien ici. » confiait-il à Ouest-France en décembre, avant que son temps de jeu ne soit réduit à néant.

Un problème d’investissement à l’entraînement a souvent été évoqué aux abords du club, et c’est entre les lignes ce que laisse entendre Bruno Genesio. « C’est un joueur talentueux. Je pense que quitter son cocon rennais va lui faire le plus grand bien. Il a montré en ce début de saison qu’il avait les qualités pour jouer au très haut niveau. » avoue l’entraîneur mercredi, en visioconférence précédant le match à Arnhem. « Maintenant il faut de la continuité dans les entraînements, dans la performance, et je pense que s’il arrive à avoir ça, il peut envisager de faire une belle carrière. »

Le 22 juillet dernier, Yann Gboho était donc prêté au Vitesse Arnhem, sans option d’achat. Une année pour s’aguerrir au sein d’un club étroitement lié à Chelsea, club face auquel Gboho était aligné d’entrée le 4 novembre 2020 en Ligue des Champions avec Rennes. Depuis son premier match le 5 août face à Dundalk en éliminatoires de Ligue Europa Conférence, Gboho justifie de 3 buts et une passe décisive en 12 apparitions, comptabilisant 756 minutes de jeu, soit davantage que durant chacune de ses deux saisons au Stade rennais. (708 min en 2019-2020, 426 min en 2020-2021). La clé, ce sera forcément la régularité pour le joueur de 20 ans, parti en Eredivisie chercher du temps de jeu, barré par la concurrence et les recrues s’empilant en attaque à Rennes, de Jérémy Doku à Kamaldeen Sulemana, en passant par Gaëtan Laborde.

Il reste encore une saison à Yann Gboho pour envisager la suite de son parcours. Ses amis de formation Eduardo Camavinga, Brandon Soppy, Lucas Da Cunha ou Sacha Boey ont eux choisi de quitter le Stade rennais pour s’épanouir à l’étranger, ou en Ligue 1. Partir ou non, la question n’est pas d’actualité. Pour le moment, place au jeu.