Stade Rennais - Lille : des promesses, encore des promesses

Certes, la prestation des hommes de Frédéric Antonetti laisse augurer une saison palpitante, s’ils maintiennent un tel niveau de jeu sur du long terme. Mais, il est préférable de ne pas s’emballer sous peine de désillusions.

Des garanties, mais aussi des questions

Dominant la rencontre de bout en bout, le Stade Rennais a posé de nombreux problèmes à l’organisation lilloise par la mise en place notamment d’un pressing incessant, souvent initié par Lemoine, pour empêcher le développement des attaques nordistes. Normalement plus en verve, le milieu de terrain des protégés de Rudi Garcia n’a pas été à la hauteur, même si l’absence de Cabaye n’y est certainement pas étrangère.

Défensivement, Rennes s’est montré serein. La charnière centrale Fanni-Mangane s’est affichée en termes de puissance et de solidité. Rarement pris à défaut, Antonetti sait dorénavant qu’il peut compter sur ses deux éléments - à condition que Fanni ne quitte pas le club - avant le retour d’Apam. Sur les côtés, Danzé fut sérieux de bout en bout avec un client dans ses pattes au nom d’Hazard qui n’a pas eu son rendement habituel, tandis que Théophile-Catherine fut rassurant dans toutes ses tâches défensives, malgré le fait d’évoluer à un poste qui n’était pas le sien. Une bonne surprise pour ce dernier, qui avait profité de la méforme de Souprayen pour s’installer dans l’équipe-type.

Par rapport aux dernières saisons, l’entre-jeu regorge de joueurs de ballon et cela se ressent indéniablement dans les intentions. Face à l’absence de M’Vila, Antonetti avait privilégié un duo à la récupération avec Lemoine et Dalmat. Mention particulière au deuxième, qui apporte une maîtrise technique au milieu de terrain rennais par sa couverture de balle, sa clairvoyance et sa faculté à jouer dans les petits périmètres.

Son arrivée occasionna de nombreuses questions, mais force est d’avouer que le joueur se sert du terrain pour répondre à ses derniers détracteurs. Placé dans une position de meneur de jeu, le poids des ans n’occulte pas les qualités intrinsèques de Leroy, qui s’est montré inspiré dans ses choix. Cependant, il manque tout de même de promptitude sur deux ou trois séquences en première période.

En attaque, chaque accélération de Brahimi a permis à l’animation offensive stadiste de se porter vers l’avant. Habile dans le jeu court, le Franco-algérien fut au niveau pour sa première en Ligue 1, et il n’a pas rechigné à apporter son soutien à Danzé dans le couloir droit dans les phases défensives. Les puristes pourront lui reprocher que c’est suite à une de ses pertes de balle que Lille a obtenu le corner, qui amena l’égalisation. Mais, peut-on vraiment imputer cette faute à Brahimi après un corner joué en deux temps, et le fait qu’Hazard se soit joué de la défense rennaise comme de vulgaires plots ?

A gauche, la non sélection de Marveaux en équipe de France peut expliquer sa performance en-dedans. Jamais dans le tempo de la rencontre, il manque une occasion à sa portée en première période, même s’il se montre décisif en donnant une passe décisive à Bangoura. Buteur, l’international guinéen a été entreprenant au front de l’attaque rennaise en apportant sa disponibilité, et son jeu dos au but fut intéressant. Toujours dans le domaine offensif, à noter la très belle entrée de Kembo-Ekoko qui s’est évertué à jouer simple en délivrant deux centres qui auraient mérités un meilleur sort. L’un deux fut à destination de Gyan dans le temps additionnel, mais le coup de tête du Ghanéen flirta avec le poteau gauche de Landreau.

Collectivement et individuellement, les Rennais furent à leur avantage face à une des meilleures équipes de ce championnat, mais qu’en sera t-il quand il faudra aller en découdre avec Arles-Avignon, Nice ou Sochaux ? Depuis des années, on sait pertinemment que les « Rouge et Noir » sont capables de tenir la dragée haute à des adversaires de haut de tableau, mais pourront-ils élever leur niveau de jeu face à des équipes moins huppées ?

Le joueur du match : Yacine Brahimi

Loin d’être inhibé par les évènements, le gamin de Montreuil s’est bien démené et sa finesse technique a provoqué les clameurs de la Route de Lorient. A vingt ans, son heure est venue de prouver qu’il a les épaules pour s’installer en équipe première après une année de prêt en Ligue 2 du côté de Clermont-Foot. Au cours de ce match, Brahimi fut au départ tous les mouvements offensifs rennais - dont celui qui déboucha sur le but de Bangoura -, décantés souvent à partir d’une de ses accélérations. Ses dribbles courts, sa faculté à changer de rythme ont démontré que Brahimi répondait aux attentes. On attend la suite.

Le fait du match : hors-jeu de Bangoura

On joue la 25eme minute quand Bangoura décale Brahimi côté droit, le milieu offensif d’origine parisienne temporisait et recentrait le jeu sur Marveaux. L’ailier gauche rennais servait intelligemment Bangoura dans l’intervalle, qui ne se faisait pas prier pour battre Landreau de près. Seulement voilà, le Guinéen était hors-jeu sur la passe de son coéquipier. L’année dernière, Antonetti s’insurgeait souvent des erreurs d’arbitrage à l’encontre de son club. Cette fois-ci, le technicien rennais ne s’est pas épanché sur le sujet, tout comme son homologue lillois qui n’a pas souhaité épiloguer sur ce fait de match. C’est tout en son honneur.

Les échos d’après-match

- Bangoura-Marveaux, un an après : samedi, Bangoura profitait d’une passe de Marveaux pour ouvrir le score face à Lille. Il y a un an lors de la première journée de championnat contre Boulogne-sur-Mer (3-0), Bangoura ouvrait son compteur but et était le premier buteur rennais de la saison 2009-2010. Et devinez qui était le passeur à l’époque...

- Sow rancunier : deux mois seulement après son départ de Rennes, l’ancien attaquant stadiste s’est rappelé au bon souvenir de la Route de Lorient en égalisant pour Lille. Depuis la reprise, matchs amicaux compris, Sow a inscrit 5 des 13 buts lillois.

- Soir de premières : c’était la première apparition de Brahimi avec le Stade Rennais dans une compétition officielle. Le Camerounais Mandjeck a connu son baptême en Ligue 1 en rentrant après l’heure de jeu à la place de Marveaux.

- Erreur dans le stade : juste après la réalisation de Bangoura entâchée d’une position de hors-jeu, les écrans géants du stade ont diffusé les images de cette action avec le révélateur, qui montrait bien l’erreur d’arbitrage. Rappelons qu’il est interdit de remontrer ces actions pour des questions de sécurité.

- Antonetti n’y arrive pas : outre le fait que Lille soit la bête noire de Rennes depuis quelques années, Antonetti connait aussi le même problème face à Garcia, l’entraîneur lillois. En effet, en huit rencontres, le Corse ne l’a jamais battu (quatre victoires, quatre nuls).