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23 avril 2013 | à 22h49

Les envolées de Tony Heurtebis

En marge de la rencontre opposant le Stade rennais à Troyes, pour le compte de la 33e journée du championnat de France de Ligue 1, Stade Rennais Online vous propose de revisiter la carrière stadiste d’une personnalité commune entre les deux clubs, en l’occurrence celle de Tony Heurtebis.

Les envolées de Tony Heurtebis

Dans l’ombre de Pandurović

Né à Saint-Nazaire, Tony Heurtebis a grandi dans le Morbihan. Jeune gardien prometteur, il est vite repéré par le Stade rennais, alors qu’il garde les cages des JV Auray. Débarqué à Rennes sur la pointe des pieds en 1990, Tony semble rapidement promis à un bel avenir dans la capitale bretonne. Pour le plus grand bonheur de son père Jean-Yves Heurtebis, ancien entraîneur des JV Auray, et collaborateur de Michel Jarnigon, à la belle époque de la GSI de Pontivy. Stagiaire troisième année, le Morbihannais de Brec’h débute en première division lors d’une défaite essuyée à Monaco (3-1), le 19 juillet 1995. Séduit par l’étoffe du garçon, son entraîneur Michel Le Milinaire n’a pas hésité à le titulariser dans la cour des grands, en attendant la venue d’un gardien d’expérience. Attaquant le championnat par la face Sud, le club breton a pourtant bien failli rater l’ouverture. En effet, coincés à l’hôtel à Nice, les joueurs rennais attendent un bus de secours jusqu’à 18h30. Celui qui était initialement prévu étant tombé en rade, les protégés du « druide de Kergrist-Moëlou » arrivent finalement au stade Louis II, à peine quarante-cinq minutes avant le début de la rencontre. Malgré cette difficile entrée en matière, le dernier rempart stadiste est sans complexe, repoussant pendant un bon moment les tentatives de Sonny Anderson, Thierry Henry et consorts. Alors que Marco Grassi a ouvert le score juste avant la mi-temps sur pénalty, l’AS Monaco ne parvient pas à tromper la vigilance du jeune nazairien, qui digère plutôt bien les dragées de son heureux baptême. Il doit pourtant s’avouer vaincu un peu plus tard, sur des réalisations de Sonny Anderson par deux fois et de Victor Ikpeba. Malgré les trois buts dans sa musette, Tony Heurtebis n’a pas démérité. Celui qui doit faire office de doublure pour la saison 1995-1996, en a profité pour marquer des points. Lors du match suivant face à l’AS Cannes (3-2), c’est la nouvelle recrue serbe débarquée du Partizan Belgrade, Goran Pandurović, qui tient la baraque, comme prévu. Alors dans l’ombre du gardien serbe, Tony Heurtebis retrouve l’équipe fanion lors d’une rencontre en retard de la 31ème journée, disputé face à Metz (0-0). Blessé à la 73ème minute de jeu, Pandurović doit ainsi laisser sa place au jeune gardien rennais. Dans la foulée, le Nazairien réalise une belle performance, et sauve même son équipe à dix minutes du terme de la rencontre. En sortant spontanément dans les pieds de l’attaquant messin M’Boma, le rempart ligérien permet au SRFC de conserver un précieux point. Titulaire deux journées plus tard à Furiani contre Bastia, Tony Heurtebis est encore l’auteur de réflexes étonnants face aux tentatives de l’avant-centre corse Drobnjak. Irréprochable une fois de plus, il réussit à garder sa cage inviolée sur l’île de Beauté (0-0). Victime d’un claquage, le gardien serbe laisse alors l’occasion à Tony Heurtebis de se mettre en valeur. Malheureusement, il n’est pas à la fête contre les Girondins une semaine plus tard. En effet, le quart d’heure de jeu vient d’être passé, lorsque Richard Witschge se charge d’exécuter un coup-franc pourtant anodin, que Tony laisse passer entre ses jambes. Un but gag qui n’empêche cependant pas la victoire rennaise (4-3), au terme d’un match complètement fou. Nullement traumatisé par son « but casquette » de la semaine précédente, il sauve la mise des bretons à de multiples reprises à Nice (0-0). Impeccable, il réalise son match référence quelques semaines plus tard à Guingamp. Ce soir-là, les joueurs de l’En Avant tombent sur un Tony Heurtebis des grands soirs. En état de grâce, le portier stadiste stoppe toutes les velléités des attaquants costarmoricains. Arrêts réflexes, claquettes parfaites, tout y passe. Le répertoire est sans fausse note. Particulièrement brillant dans toutes ses interventions, Tony Heurtebis a été l’homme du match. De quoi espérer des jours meilleurs.

Le Nazairien attend son heure

Très concentré, Tony Heurtebis possède un bon placement et fait généralement preuve d’une grande détermination. Ses qualités ressemblent d’ailleurs comme deux gouttes d’eau à celles de Christophe Revault, futur rempart rennais entre 1998 et 2000. Vif et souple, Tony s’envole régulièrement vers l’angle de ses buts. Il se confie après sa grande performance au Roudourou : « Il faut savoir rester chaud et concentré quand on n’est pas mis à contribution. C’est souvent plus difficile ». Âgé de vingt et un ans seulement, le jeune gardien a les pieds sur terre et la tête sur les épaules. Il n’est pas non plus facile de le déstabiliser, ni de l’émouvoir. De même, ce qui l’entoure ne semble pas avoir d’emprise sur lui. Quand on aborde la concurrence entre gardiens, il déclare clairement du haut de ses centre quatre-vingt centimètres : « Goran Pandurović est le titulaire. Je suis là pour ne pas manquer les opportunités lorsqu’elles se présentent. Je continue à apprendre ». Et force est de constater qu’il apprend vite. Tony l’étudiant assimile rapidement les ficelles du métier. Son calme ainsi que ses paroles toujours mesurées, prouvent qu’il est possible de s’envoler dans les airs et de garder les pieds sur terre. Particulièrement modeste, Tony se contente de saisir les ballons adverses. Il profite également de la chance qui lui a été offerte, lors de la blessure de Pandurović. Artisan de la première victoire rennaise en déplacement à Martigues (2-1), il a finalement pu exprimer ses qualités durant cinq matches consécutifs. Pas toujours heureux comme face à Bordeaux, il n’en demeure pas moins lucide : « Quand je fais une boulette, j’essaie d’en tirer des enseignements pour ne plus commettre la même erreur. J’ai appris plein de choses en jouant en D1 ». Aligné à huit reprises durant la saison, sa marge de manœuvre est très grande. Resté invincible durant cinq rencontres, Tony Heurtebis a véritablement brillé pour ses débuts parmi l’élite hexagonale. En guise de récompense du travail accompli, il signe son premier contrat professionnel à l’issue de l’exercice 1995-1996. Alors que Pandurović s’est de nouveau blessé dès la neuvième journée du championnat, Tony Heurtebis s’impose avec brio lors d’une belle victoire face à Montpellier (2-0). Auteur d’un très bon match, le jeune portier a sauvé les meubles à de multiples reprises. Encore irréprochable la semaine suivante à Monaco, malgré la défaite des siens (1-3), il analyse froidement : « Sur ce match, on prend trois buts. Mais dommage que nous ayons mal négocié chaque début de match  ». Dans la foulée, le SRFC terrasse le leader parisien (2-1), grâce à un doublé du « tireur de l’Ouest » alias Stéphane Guivarc’h. mais est une nouvelle fois méconnaissable la semaine suivante à Lyon (2-0). Peu à l’aise d’une manière générale à l’extérieur, Tony Heurtebis affirme : « Si on ne parvient pas à modifier nos comportements individuels et collectifs pour réaliser de bons matches à l’extérieur, on connaîtra de gros problèmes. Il va falloir que chacun se prenne en charge et se responsabilise. Ce n’est pas un joueur qui va régler le problème mais le groupe entier avec les entraîneurs et les dirigeants » et ajoute : « On a le potentiel mais on arrive pas à l’exprimer. Peut-être faut-il se contenter de peu et se satisfaire d’un match nul en fonction du déroulement du match. Cette année, on s’est mis une pression supplémentaire en parlant non plus de résultat positif mais de victoire à tout prix. il ne faut pas mettre la charrue avant les bœufs » explique celui qui vient de signer un contrat de cinq ans, et qui est toujours à la recherche d’un temps de jeu plus conséquent. Régulièrement très bon avec l’équipe réserve, Tony Heurtebis assure brillamment l’intérim dès que l’on fait appel à lui. Très tonique, habile sur sa ligne, il se distingue dans les buts rennais durant dix matches, avant de céder sa place au gardien serbe. Il connaît la chanson par cœur : « Les choses sont claires et nettes depuis le départ. Quand Goran reviendra, il jouera. Le gardien titulaire, c’est lui ; Moi je tente de profiter des événements en faisant le maximum. il n’est pas question de faire d’histoires ni de me mettre une pression supplémentaire sur les épaules. Mon objectif est de travailler dans l’ombre de Goran pour devenir gardien titulaire plus tard ».

Stade rennais, saison 1995-1996

Une belle carrière en Ligue 1

Malgré de très bonnes performances qui lui valent d’être régulièrement convoqué en équipe de France Espoirs (contre la Norvège puis la Hongrie notamment), Goran Pandurović reste le gardien « numéro 1 ». Pendant ce temps, Rennes termine finalement à la seizième place du classement de la D1. Durant l’été 1997, Tony Heurtebis dispute les Jeux Méditerranéens en Italie. Preuve encore que Tony sait répondre présent. Impossible de le faire sortir de ses gonds. Plus il grandit dans le petit monde des gardiens professionnels, plus il se montre réfléchi et impeccable. L’homme est raisonnable et analyse les bons et les mauvais coups. Quand il s’attarde sur un évènement, ce n’est jamais pour le ranger au rayon des souvenirs, mais pour mettre en lumière le côté positif d’une expérience. Ses sauts de carpe répétés lui valent finalement de devenir enfin titulaire, à l’orée de l’exercice 1997-1998. En effet, au sein d’une équipe « new-look », Guy David qui vient de succéder à Yves Colleu, a décidé de faire confiance à ce pur produit de la formation rennaise. Au cours de la saison, et malgré les difficultés rennaises en championnat, Tony Heurtebis se montre souvent à son avantage. Comme à Bastia lors de la vingt-cinquième journée de championnat, où il stoppe un pénalty. En dépit de chaudes frayeurs tout au long de la saison, Rennes se sauve in extremis lors de la dernière journée face à Toulouse. D’un point de vue individuel, les performances de Tony Heurtebis sont à ranger du côté des satisfactions. Le Nazairien a même disputé l’intégralité des trente-quatre rencontres de championnat du Stade rennais. Cependant, l’heure du grand chambardement est annoncé sur les bords de la Vilaine l’année suivante. Et malheureusement, Tony Heurtebis ne dispute que cinq matches seulement, sous la houlette de Paul le Guen. L’entraîneur breton lui préférant la nouvelle recrue Christophe Revault. Il est ensuite prêté puis transféré définitivement à Troyes, où il s’éclate durant cinq saisons. Gardien de l’ESTAC entre 1999 et 2004, Tony Heurtebis connaît les plus belles heures du football troyen. Il prend d’ailleurs part à la fabuleuse épopée européenne (en coupe Intertoto puis UEFA) du club aubois, qui s’achève finalement face aux Anglais de Leeds United (3-2 puis 2-4). Alors que Troyes descend en Ligue 2 à l’issue d’un difficile exercice 2003-2004, Tony Heurtebis rejoint le Stade brestois, où il ne reste qu’une seule saison. Arrivé sur les bords de l’Erdre l’année suivante, il se positionne d’abord comme doublure de l’emblématique Mickaël Landreau, puis du Champion du Monde Fabien Barthez. Toujours irréprochable, Tony Heurtebis devient ensuite le gardien « numéro 1 » du club ligérien. Et alors que le FC Nantes retrouve l’élite au terme de la saison 2007-2008, le Nazairien tombe une nouvelle fois aux oubliettes. Après cinq années passées au sein du club phare de Loire-Atlantique, Tony Heurtebis quitte Nantes en 2010.

Sa carrière en bref


JA Auray
1990-2000 : Stade rennais FC (passe professionnel en 1995)
juin 1999 - juin 2000 : l’ES Troyes AC (prêt)
juin 2000 - juin 2004 : ES Troyes AC
2004-2005 : Stade brestois
2005-2010 : FC Nantes

Sources :
- Archives Ouest France
- Wikipedia

Sources photos :
srfc.frenchwill.fr

Vos réactions (5 commentaires)Commenter
Louis G24 avril 2013 à 07h06

Tony Heurtebis aurait mérité de faire un meilleur parcours au Stade Rennais !... qui lui aura préféré tour à tour Goran Pandurovic et Christophe Revault...comme quoi nul n’est prophète dans son pays...heureusement que l’équipe de Troyes lui aura donné sa chance ainsi que l’équipe de France espoir...pour ma part , je pense que nous avions une « pépite » bretonne qui a débuté à 20 ans comme goal du Stade Rennais mais Paul Le Guen ne l’a pas vu de cet oeil !!...

maoubab24 avril 2013 à 10h17

maoubab
je crois me souvenir que Tony était très bon sur sa ligne de but mais moins performant sur ses sorties aériennes.
D’ailleurs il me semble que ces sorties aériennes sont le point faible de beaucoup de gardiens au stade Rennais. Les gardiens de but ne devraient-ils pas s’entrainer avec des volleyeurs pour mieux apprécier les trajectoires flottantes... ??..

l"étoile 24 avril 2013 à 16h14

Avec Tony heurtebis, c’était encore un temps ou aller au stade signifiait quelque chose,
En tous les cas, je l’aimais bien ce Tony, j’ai vraiment cru un moment qu’il aurait fait une grande carrière

vincent24 avril 2013 à 18h20

C est lui le prochain entraineur ?

G.I. Joe25 avril 2013 à 13h16

Ce que tu peux être bête Vincent. Tu es fini à la pisse non ?

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