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9 juin 2014 | à 17h54

Un œil dans le rétro : les années Bölöni

Dans le rétro. Entraîneur du Stade rennais de 2003 à 2006, Laszlo Bölöni a marqué le club de son passage, en le hissant à la quatrième place du championnat pour la première fois depuis 1965, et en le qualifiant pour la coupe d'Europe. Retour sur les trois années passées par le technicien roumain en Bretagne.

Un œil dans le rétro : les années Bölöni

Évoquez le nom de Laszlo Bölöni aux abords du stade de la Route de Lorient un soir de match, vous êtes sûr de susciter des réactions. Si on connaît finalement peu le joueur qu’il a été, malgré une très belle carrière au Steaua Bucarest et en équipe nationale, l’entraîneur, en revanche, ne laisse pas les supporters indifférents. Après avoir roulé sa bosse à Nancy, puis à la tête de la sélection roumaine et au Sporting Portugal, Laszlo Bölöni débarque à Rennes en juin 2003. Il y restera trois saisons. Retour sur ces années charnières.

Cure de rigueur

À son arrivée, le Stade rennais sort de plusieurs saisons décevantes. Si Vahid Halilhodžić, parti au PSG, a pu maintenir le club dans l’élite, Rennes ne montre plus son nez dans le haut de tableau depuis longtemps. Les dirigeants sont sans solution et, à la valse des présidents (Blayau, Ruello, Cueff), répond celle des entraîneurs : cinq techniciens se succèdent entre 2001 et 2003. Aucune perspective à moyen terme ne semble se dessiner, et la gestion des transferts est calamiteuse. Le flop Lucas, acheté au prix fort avec l’intégralité de l’argent du transfert de Shabani Nonda à Monaco, fait sourire la France du foot. Le Stade rennais est « bling-bling », au pire sens du terme.

Changement de cap à l’été 2003. Au programme, cure d’austérité, avec Pierre Dréossi dans le rôle du ministre du budget. Laszlo Bölöni, qui a la réputation d’un homme froid et sévère, endosse celui du père Fouettard. Au chapitre des transferts, beaucoup de départs (Réveillère, Escudé, Turdo, Echouafni, etc.) et peu d’arrivées, compensées par l’intégration dans l’effectif professionnel de plusieurs jeunes du centre de formation, tout juste vainqueurs de la Coupe Gambardella. Car celui qui prend place sur le banc est aussi là pour ça : s’appuyer sur le centre de formation, faire émerger des jeunes, comme il a su le faire au Sporting Portugal en lançant dans le grand bain un certain Cristiano Ronaldo. Les habitués de la Route de Lorient assistent cette année là aux premiers pas de Yoann Gourcuff, Jimmy Briand et Arnold Mvuemba. L’équipe est régulière, les patrons se nomment Arribagé, Didot et Monterrubio. En attaque, pas de Brésilien ni d’Argentin, mais un petit Suisse, Alexander Frei, qui inscrit 20 buts pour sa première saison pleine, dont un quadruplé contre l’OM de Fabien Barthez.
À l’issue de l’exercice 2003-2004, les joueurs de Bölöni se classent neuvièmes. Pas de quoi sauter en l’air, mais la dynamique est bonne.

L’Europe, enfin !

Malgré les départs, à l’intersaison, de Cech et Arribagé, l’équipe repart sur les mêmes bases, emmenée par un milieu de terrain Didot - Sorlin - Källström très performant. Avec sa technique, ses transversales précises et ses frappes de loin, le Suédois éclaire le jeu rennais et inaugure avec succès la filière scandinave du SRFC. En défense, Ouaddou et Faty tiennent la route et devant, Frei et Monterrubio s’entendent comme larrons en foire. Complices dans la vie comme sur le pré, ils terminent la saison avec respectivement 20 buts et 9 passes décisives au compteur. Personne ne fera mieux. Malgré une défaite au Parc des Princes lors de la dernière journée, Rennes accroche la quatrième place… et l’Europe ! Filmé par les caméras de Canal+, Bölöni a les larmes aux yeux.

Le Stade rennais peut logiquement nourrir des ambitions pour la saison suivante. Qualifié pour l’UEFA après sa victoire contre Pampelune au tour préliminaire, il a su conserver ses meilleurs éléments et enregistre le renfort du Nigérian John Utaka, qui faisait jusque là les beaux jours du RC Lens. Mais le début de saison des Rouge et Noir est calamiteux et les retrouvailles avec l’Europe s’avèrent compliquées… À Noël, les Bretons pointent à la dixième place et sont déjà éliminées de la Coupe UEFA. Consciente d’avoir déjoué, l’équipe réagit en 2006 : Yoann Gourcuff s’affirme, Utaka régale, et les Rennais enchaînent. Ils se payent même le luxe d’une victoire historique chez le rival nantais, ponctuée d’un but somptueux d’Utaka. À quelques journées de la fin, Rennes entrevoit le podium… mais rate finalement la marche. Pas vernis lors de la dernière journée (2-2 face à Lille), les hommes de Bölöni dégringolent à la 7e place, et sont bredouilles.

La fin d’un cycle...

L’équipe semble en fin de cycle et des tensions sont nées entre le coach et les joueurs, dont plusieurs critiquent ses méthodes. La rançon sans doute, d’une certaine désillusion. Alexander Frei, moins en réussite cette saison (et souvent blessé), fait ses adieux à la Bretagne. Le Suisse termine quand même sur un doublé, et laisse un souvenir impérissable aux supporters : celui d’un attaquant redoutablement efficace, et d’un garçon éminemment sympathique. Auteur d’une saison magnifique, Kim Källström fait lui aussi ses valises pour Lyon, où il connaîtra les joies de la Ligue des Champions. Laszlo Bölöni, quant à lui, file à Monaco.

…et le début d’une ère ?

Que retenir de son passage à la Piverdière ? Qu’il fut, d’abord, un remarquable technicien, « l’un des meilleurs entraîneurs que j’ai eu », dit de lui Monterrubio, avec lequel les relations n’ont pourtant pas toujours été roses. Bien qu’obnubilé par la solidité défensive, Bölöni a construit une équipe joueuse, résolument tournée vers l’avant avec cinq ou six joueurs offensifs. Une équipe qui fut quelquefois fantastique à domicile. Et puis, l’homme, que l’on disait exigeant voire autoritaire, élevé à la rude école roumaine, a su aussi se montrer charmant, parfois drôle, et bienveillant avec ses hommes. Comme lors de cette soirée où on l’a vu grimper dans les travées du stade de la Route de Lorient pour apaiser un supporteur bruyant qui s’acharnait sur un joueur.

Les années Bölöni furent aussi celles d’un tournant dans l’histoire du club. En mettant l’accent sur la formation et sur une gestion saine des transferts, le SRFC a atteint une régularité qu’on ne lui connaissait pas. Souvent placé, il n’a plus, à l’exception de cette année, affronté les déboires d’une lutte contre la relégation, ni terminé classé dans la seconde partie de tableau, à l’exception des deux dernières saison. Pendant le mandat de l’entraîneur roumain, Rennes a indéniablement changé de statut.

Mais les différentes équipes qui reprirent le flambeau semblent avoir aussi reçu en héritage de cette période quelques mauvaises habitudes qui ont la peau dure : l’impuissance dans les compétitions européennes, des défaillances répétées en coupes nationales, et une irrégularité coupable : durant la domination lyonnaise, les Rennais mettaient un point d’honneur à faire leur match de l’année contre l’OL (à l’image de la formidable victoire 4-1 à Gerland en 2006), mais échouaient lors de rencontres à leur portée et dans la lutte contre des adversaires directs… À voir le parcours décevant du club en championnat ces deux dernières saisons, et ce malgré deux victoires de prestige au Parc des Princes et deux finales de coupe, on se dit qu’on tient là le péché mignon de nos Rennais. Un péché qu’il faudra un jour expier pour espérer franchir ce fameux palier dont il est si souvent question.

Crédit photo : Volare oh oh oh / Wikimedia Commons

Vos réactions (6 commentaires)Commenter
Louis G9 juin 2014 à 21h01

Laszlo Bölöni au su utiliser au mieux le centre de formation avec les Yohan Gourcuff,Jimmy Briand , Arnold Mvuemba... et constituer une équipe qualifiée pour les européennes ce qui n’aura pas été souvent le cas à Rennes...j’espère que le nouvel entraineur du Stade Rennais pourra en faire de même dans 1 ou 2 ans !...

vincent9 juin 2014 à 22h48

Il a sans doute eu la meilleure équipe de l’ère Pinault, le buteur Frei et Kallstrom ont été pour beaucoup dans cette réussite, c est dommage que Boloni soit parti a quelques jours de la reprise pour aller à Monaco ou il ne resta que quelques mois.
Il a donné l’image d un bon entraineur mais apres Rennes, il n a pas montré grand chose...

x.henri10 juin 2014 à 22h53

Montérubio/ Frei/ Kallstrom / Gourcuff etc etc ..

La plus belle équipe de toute ! Cs sont des joueurs qui remplissait le stade.

mendieta12 juin 2014 à 14h36

Je sais que ça ne sert à rien de regarder le passé mais je suis totalement nostalgique de cette époque ! Les centres lasers de Monterubio pour Frei, les scores fleuve, l’Europe... certainement LA période de l’air Pinault.

vincent12 juin 2014 à 17h57

Je suis optimiste apres la péridoe Boloni , il va y avoir la période Montanier, cette année il n a pu s appuyer que sur les ruines de l’ère Antonetti...l’équipe qu’il a repris avait quasiment perdu tous ses matchs de février à mai...les cadres comme kana Biyik, Pitroipa, Féret, Makoun ont failli, la saison en demi teinte d Alessandrini, tout ça fait qu’il a du subir faute de mieux.
Cette saison qui arrive, tous ces cadres devraient partir, Montanier va pouvoir construire une équipe avec les jeunes qu’il a mis en place, Hountonji, Doucouré, Bakayoko, Moreira...plus les joueurs arrivés cet hiver, Ntep ...et quelques recrues, on devrait réussir.

nickkos19 juin 2014 à 22h26

Pour moi certainement la meilleure période de ma vie de supporter au stade rennais.

Je me rappelle notamment du nombre impressionnant de match à domicile finissant avec un score de 4 a 0.
Que de spectacle offert route de lorient, à chaque journée de championnat.

J’ai toujours regretter qu’il n y ai pas eu de trophée gagné, à cette époque.

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