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28 août 2013 | à 10h07

Vahid Halilhodžić, un coach pas comme les autres

Un œil dans le rétro. À quelques jours de la réception de Lille, Stade Rennais Online revient sur le parcours atypique de celui qui fut le redoutable attaquant du FC Nantes dans les années 1980, puis entraîneur du LOSC de 1998 à 2002, et du Stade rennais lors de la saison 2002-2003 : Vahid Halilhodžić.

Vahid Halilhodžić, un coach pas comme les autres

C’est à Jablanica que Vahid Halilhodžić est né le 15 mai 1952. Une belle ville arrosée par la Neretva, au cœur des montagnes de l’Herzégovine. Mais ces terres balkaniques furent aussi le théâtre d’événements douloureux, qui ont sûrement contribué à forger le caractère de « Coach Vahid ». Son enfance, dans une famille pauvre, n’y est pas des plus simples. Le football - sport si populaire en Yougoslavie - est une échappatoire puis, bientôt, le métier qui lui donne accès à la notoriété. En 1971, il quitte en effet l’équipe de ses débuts, le Turbina Jablanica, pour le club voisin du Velež Mostar, l’une des meilleures formations du championnat de Yougoslavie. Il dispute la coupe d’Europe, puis intègre la sélection yougoslave.

« J’ai vu des atrocités... »

Quelques décennies plus tard, de retour sur ses terres d’origine pour coacher le Velež Mostar, Vahid est entraîné dans les déchirements de la guerre. Mostar est l’une des villes martyrs des conflits du début des années 1990 en ex-Yougoslavie. Elle est peuplée à peu près à moitié de Bosniaques, c’est-à-dire de Musulmans, et à moitié de Croates, catholiques. Chacune des deux communautés vit plus ou moins de son côté, de part et d’autre de la Neretva.

À partir de 1992, la ville souffre non seulement des attaques de l’armée fédérale serbe, qui s’est mobilisée pour empêcher l’indépendance de la Bosnie-Herzégovine, mais aussi des conflits entre Bosniaques et Croates. D’après ce qu’il a lui-même narré plusieurs fois aux médias, Vahid, cible à abattre car riche et célèbre footballeur, vivant qui plus est dans l’un des quartiers croates de Mostar bien que musulman, échappe de peu à la mort. « Pendant un an et demi, j’ai vu des atrocités, des choses que l’on croyait réservées aux livres d’histoire », expliquait-il à l’époque de son passage sur le banc de Lille. Vahid doit fuir, avec sa famille, pour la France.

Une icône dans le Nord

Une France qui est devenue sa seconde patrie, depuis qu’il est venu y jouer dans les années 1980. Comme la loi yougoslave le lui imposait, Vahid n’a pu partir à l’étranger qu’à l’âge de 28 ans. Cela lui a tout de même laissé le temps d’évoluer cinq saisons à la pointe de l’attaque du FC Nantes, et une dernière année avec le maillot du Paris Saint-Germain. En Première Division, il marqua 120 buts, fut deux fois meilleur buteur, et remporta le championnat avec Nantes en 1983.

De retour en France, Vahid entraîne d’abord l’AS Beauvais (D2) pendant une saison, en 1993-1994. En 1995, il acquiert la nationalité française. Il découvre ensuite l’Afrique du Nord, en 1997-1998, comme coach de la Raja Casablanca. Mais c’est pour mieux revenir dans le championnat de France. Fort d’un titre de champion du Maroc, il est appelé par Lille, qui évolue alors en Deuxième Division, mais qui a l’ambition d’un retour au plus haut niveau. Cet objectif est atteint au bout d’une saison. L’année suivante, le LOSC se qualifie même pour la Ligue des Champions, pour la première fois de son histoire.

Halilhodžić est un entraîneur plutôt pragmatique pour ce qui est du plan de jeu ; coutumier du 4-2-3-1, il peut aussi passer en 4-4-2 afin de s’adapter à son effectif. À son départ du Nord de la France, en 2002, Vahid est adulé par les supporters lillois. Quelques mois plus tard, il est choisi par François Pinault et Pierre Dréossi, l’ancien directeur sportif du LOSC, pour sauver de la relégation le Stade rennais, dernier de Ligue 1 après les dix premières journées. Les supporters lillois l’ovationneront lors de son retour au stade Grimonprez-Jooris avec le SRFC, en mai 2003 (victoire lilloise 1-0).

La victoire de Sedan

Au Stade rennais, l’effet Halilhodžić se produit dès le premier match, contre Sedan, le 19 octobre. Des réalisations de Piquionne, de Makhtar N’Diaye (un but splendide, mais le seul de sa saison) et de Maoulida offrent au SRFC sa deuxième victoire de la saison, 3 à 1. Mais le club retrouve la place de lanterne rouge dès la semaine suivante, après un revers contre l’AJ Auxerre. La troisième victoire arrive, enfin, le 30 novembre, contre l’ancienne équipe de Vahid Halilhodžić, Lille, sur le score inespéré de 5 buts à 1. Grâce à un triplé de Frédéric Piquionne et des buts de Monterrubio et Echouafni, les Rouge et Noir ont même mené 5 à 0 pendant quelques instants à l’heure de jeu. Un grand soir de fête pour les supporters rennais, qui se remettent à croire au maintien en Ligue 1.

« Le réveil rennais sonne cinq fois », titrent les pages sportives d’Ouest-France le lendemain matin. Le quotidien ne pensait pas si bien dire. Cette une s’avérera en fait prémonitoire, le match contre Lille ayant été la première d’une série de cinq victoires rennaises en Ligue 1. Dont un succès de prestige route de Lorient face au PSG. Plus que la victoire de Sedan, cet écrasant succès du 30 novembre fut peut-être le vrai déclic du Stade rennais version Vahid Halilhodžić.

Le maintien sur le fil

Néanmoins, le temps des victoires n’est finalement que très éphémère. La dangereuse alternance des défaites et des matchs nuls recommence dès le mois de janvier, interrompue seulement par des succès contre Sedan (à nouveau), face au Havre, et en Coupe de France, compétition dans laquelle le Stade rennais accomplit un brillant parcours. Alors qu’il avait été piteusement éliminé aux tirs aux buts, à Gueugnon, lors de son entrée en lice en Coupe de la Ligue, le Stade rennais n’échoue en effet que dans les dernières minutes de sa demi-finale disputée à Auxerre, sur un but de Djibril Cissé provoqué par une énorme bévue de Petr Čech (2-1).

À la veille du dernier match de la saison, le Stade rennais, qui était pourtant remonté à la 14e place mi-janvier, n’a plus qu’un point d’avance sur la zone de relégation. Il se maintient en Ligue 1 grâce à une salvatrice victoire, à domicile, contre Montpellier (3-1), à l’issue de laquelle François Pinault, fou de joie, se jette dans les bras de Halilhodžić. Épilogue heureux d’une saison laborieuse, mais qui a aussi offert aux supporters rennais quelques grands soirs de victoire. Mission accomplie, encore une fois, pour Halilhodžić mais, finalement, sans que les résultats aient été infiniment meilleurs que ceux de Philippe Bergeroo en début de saison (0,63 point par match pour ce dernier, contre 1,17 pour Halilhodžić).

Il faut dire que le Bosniaque n’a pas disposé d’un effectif aussi relevé que jadis, à Lille. Mis à part le recrutement de Petr Čech, le mercato de l’été 2002 s’est avéré un fiasco. Leur (courte) expérience au Stade rennais est un échec pour les Sud-Américains Gabriel Loeschbor et Andres Fleurquin, comme pour le Bulgare Georgi Ivanov. Vahid avait tenté de relancer ce dernier en le titularisant à Gueugnon en Coupe de la Ligue. Pas plus de succès avec Makhtar N’Diaye, le grand espoir du club, qui continue de décevoir. L’entraîneur bosniaque parvient en revanche à booster la carrière de jeunes joueurs comme Grégory Bourillon ou Julien Escudé.

Le mythe « Coach Vahid »

Depuis ses succès lillois, celui qu’on surnomme désormais « Coach Vahid » suscite une sorte de fascination, à la fois pour ses résultats, pour son ambition, et pour la dureté de ses méthodes et de sa personnalité. L’ambition, c’est déjà ce qui l’avait incité à quitter le LOSC, jugé trop frileux. C’est aussi ce qui le pousse à partir de Rennes, à la fin de la saison 2002-2003, pour un club plus renommé, le Paris Saint-Germain, avec lequel il gagnera une Coupe de France. En 2011, dans un entretien au journal L’Équipe, Halilhodžić confiait ses regrets d’avoir ainsi « trahi » François Pinault, « un homme qui [lui] avait donné toute sa confiance ».

Quant à la méthode, tous les joueurs qui l’ont côtoyé en ont fait l’expérience. À commencer par Lamine Diatta et Anthony Réveillère, surpris en train de jouer aux jeux vidéos, à l’hôtel, en pleine nuit, à la veille d’un match à Strasbourg, et sommés de repartir en Bretagne par leurs propres moyens. Un peu plus tôt dans la saison, Toifilou Maoulida, coupable de plusieurs retards à l’entraînement, avait dû s’entraîner plusieurs semaines avec l’équipe réserve. Autres colères mémorables du coach bosniaque : sa violente altercation avec l’arbitre Alain Sars, en 2004, qui lui valut une suspension de deux mois, ou bien sa démission du poste d’entraîneur du Dinamo Zagreb, à la mi-temps d’un match, en 2008, parce que son président était venu lui reprocher ses choix tactiques dans le vestiaire.

L’ambition et le caractère impulsif de Vahid Halilhodžić expliquent donc largement l’aspect très chaotique de sa carrière d’entraîneur : en vingt-trois ans, il a pris en main onze clubs et sélections nationales. Après une première expérience des matchs internationaux en Côte d’Ivoire, entre 2008 et 2010, il est aujourd’hui, depuis 2011, à la tête de la sélection algérienne. Toujours aussi exigeant, par exemple envers son milieu de terrain Saâd Tedjar qu’il a récemment qualifié de « fainéant ». Et toujours ambitieux. « Coach Vahid » espère toujours revenir en France. En attendant, il pourrait bien disputer l’an prochain la première Coupe du Monde de sa carrière d’entraîneur.

Le parcours de Vahid Halilhodžić en bref

Joueur :
Turbina Jablanica (Yougoslavie)
FK Velež Mostar (Yougoslavie, passe pro en 1971 - 1981)
FC Nantes (1981-1986)
Paris Saint-Germain (1986-1987)

Entraîneur :
FK Velež Mostar (Yougoslavie, 1990-1992)
AS Beauvais (1993-1994)
Raja Casablanca (Maroc, 1997-1998)
Lille OSC (octobre 1998 - juin 2002)
Stade rennais FC (octobre 2002 - juin 2003)
Paris Saint-Germain (juin 2003 - février 2005)
Trabzonspor (Turquie, octobre 2005 - juin 2006)
Al Ittihad Djeddah (Arabie saoudite, juillet 2006 - novembre 2006)
Sélectionneur de la Côte d’Ivoire (mai 2008 - février 2010)
Dinamo Zagreb (Croatie, août 2010 - mai 2011)
Sélectionneur de l’Algérie (depuis juin 2011)

Sources :
- Wikipedia
- http://www.liberation.fr
- http://www.oldschoolpanini.com

Crédit photo : Stefan Meisel [CC-BY-2.0], via Wikimedia Commons

Vos réactions (7 commentaires)Commenter
ESYLANA28 août 2013 à 12h57

Les « méthodes » et cette incapacité à se fixer durablement......peuvent s’expliquer par le passé de VAHID. Il reproduit ce qu’il a vécu !

Néanmoins, une chose est sure ! un excellent joueur ne fera pas non plus systématiquement un bon entraîneur...

C’est aussi valable pour d’autres

28 août 2013 à 16h42

Sacré coach Vahid, je n’étais pas fan lorsqu’il était notre coach à Rennes, mais c’est vrai qu’il est sympathique et marrant...

Siegfried28 août 2013 à 17h42

sacré coach vahid, il y a une video sur youtube où on peut le voir dire adieu avec pierre dreossi quand ils etaient encore a lille https://www.youtube.com/watch?v=CBAD6UUePUU

ce timbre de voix d’homme coriace d’europe de l’est :p

vincent29 août 2013 à 12h33

IL a entrainer beaucoup de clubs sans grande réussite , sa réputation c est faites par ses coups de gueule, un peu comme Antonetti....mais le jeu proposé par ses équipes etait un peu sans saveur...

Mister Jacques29 août 2013 à 13h15

je retiens surtout que grâce à lui on est resté en L1

LahmTHEtriple29 août 2013 à 15h38

exact mister jacques...sans lui que serait devenu le club s il avait ete relegue ?rien que pour ca merci....

30 août 2013 à 21h53

A part faire le pompier de service, qu’il a bien fait d’ailleurs à Rennes et ailleurs (on peut le remercier pour ça et juste pour ça), ce type était probablement l’entraîneur le plus détesté par les joueurs que nous ayons eu dans le championnat de France.
Un relationnel complètement nul. Le manager venu d’un autre siècle avec des méthodes moyenâgeuses....
Voilà pourquoi sa carrière d’entraîneur est restée médiocre.

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