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24 mars 2019 | à 19h42

Comptes : l’effet Dembélé

Les comptes du Stade rennais affichent un résultat net bénéficiaire pour la saison 2017-2018, une première depuis leur publication par la DNCG en 2004-2005. Ce résultat s'explique par une balance des transferts largement excédentaire, avec un montant record perçu pour les ventes au titre de la dernière saison : plus de 36 millions d'euros. Rennes a en effet tiré profit du transfert d'Ousmane Dembélé du Borussia Dortmund au FC Barcelone.

Comptes : l'effet Dembélé

La Ligue de Football Professionnel a publié mi-mars les comptes individuels des clubs de Ligue 1 et Ligue 2 pour la saison 2017-2018. Pour la première fois depuis 2004, date à laquelle la DNCG a commencé à publier les comptes des clubs, le Stade rennais affiche un résultat net bénéficiaire (+4,6 millions d’euros).

Rennes, 5e sur le plan sportif, a presque réalisé un chiffre d’affaires record en 2017-2018 (54 M€), pas loin du sommet atteint en 2011-2012 (54,4 M€). Mais, surtout, le club breton n’a jamais touché autant grâce aux transferts, avec une indemnité reçue de plus de 36 millions d’euros ! Une somme due en grande partie au transfert d’Ousmane Dembélé du Borussia Dortmund au FC Barcelone, sur lequel Rennes a récupéré une partie du montant.

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Chiffre d’affaires : pas loin du record

Avec un chiffre d’affaires de 54 millions d’euros, en progression de +5 % par rapport à la saison précédente, le Stade rennais n’est pas loin de son record historique (54,4 M€) de 2011-2012... date de sa dernière participation à une coupe d’Europe, qui avait alors permis de booster le chiffre d’affaires. Si tous les produits ont progressé, la plus forte hausse est à mettre à l’actif de la billetterie. Ses recettes sont passées de 5 millions d’euros en 2016-2017 (son troisième plus mauvais total depuis 2004-2005) à 6,2 millions d’euros la saison dernière, soit le meilleur chiffre enregistré là encore depuis 2011-2012. Pour les recettes des matchs de Ligue 1, Rennes se classe ainsi huitième, derrière Nantes et Strasbourg.

60 % du chiffre d’affaires du Stade rennais est lié aux droits audiovisuels. Le club breton a touché à ce titre 32,6 millions d’euros pour la saison 2017-2018, soit le huitième plus gros montant de Ligue 1. Cette somme comporte une part égalitaire, distribuée à toutes les équipes du championnat (8 M€ de part fixe + 5,3 M€ pour la licence club), et une part variable qui dépend des résultats sportifs (classement sur les cinq dernières saisons) et de la notoriété (choix prioritaires des diffuseurs).

Une masse salariale de nouveau très élevée

Après avoir atteint un record en 2015-2016 (44 M€), la masse salariale chargée avait diminué la saison dernière (41 M€). Mais, en 2017-2018, elle a de nouveau connu une ascension fulgurante, progressant de plus de 9 millions d’euros pour atteindre le montant de 50,3 M€. Plus que la somme en elle-même, c’est le pourcentage qu’occupe la masse salariale dans le chiffre d’affaires qui alerte, puisque les rémunérations chargées représentent 93,1 % du chiffre d’affaires. C’est un peu moins qu’entre 2013 et 2016 (entre 94 et 97 %), mais bien plus que la saison précédente (80 %). Surtout, le rapport entre masse salariale et chiffre d’affaires du Stade rennais est bien supérieur à celui des autres clubs de Ligue 1.

Si la moyenne en Ligue 1 s’établit à 74,6 %, la comparaison est plus pertinente avec les clubs classés par la Ligue de Football Professionnel dans le groupe 2, c’est-à-dire ceux dont la masse salariale est comprise entre 30 et 70 M€ (soit huit équipes). Ainsi, à l’exception de Lille, dont le chiffre d’affaires a été plombé par des résultats sportifs catastrophiques (17e), et qui s’est montré particulièrement actif lors de son recrutement estival (avec pour conséquence une masse salariale ayant augmenté de +9,4 M€ par rapport à la saison précédente), tous ces clubs du groupe 2 affichent un rapport entre masse salariale et chiffre d’affaires inférieur à celui du Stade rennais.

Un résultat opérationnel toujours largement dans le rouge

En 2016-2017, avec la hausse du chiffre d’affaires et la baisse de la masse salariale, le résultat opérationnel s’était amélioré, affichant son meilleur total depuis 2011-2012 tout en restant dans le rouge (-2,96 M€). Il a de nouveau plongé en 2017-2018, la hausse des produits d’exploitation ne compensant pas celle de la masse salariale (-11,3 M€). Le Stade rennais a ainsi présenté pour la dernière fois un résultat opérationnel hors mutation positif en 2010-2011 (2,6 M€).

Une situation qui n’a toutefois rien d’exceptionnel en Ligue 1. Comme le souligne la DNCG dans son rapport, « seuls trois clubs de Ligue 1 et deux clubs de Ligue 2 affichent un résultat d’exploitation hors mutations positif ».

Transferts : des ventes record !

En 2017-2018, le Stade rennais a reçu près de 36,3 millions d’euros d’indemnités de mutations ! Un record dans l’histoire du club, avec un montant qui dépasse de loin ceux enregistrés en 2012-2013 (19,8 M€, avec les ventes de Yann M’vila, Yacine Brahimi, Jirès Kembo, Razak Boukari et Kader Mangane) et 2015-2016 (19,5 M€, avec les ventes d’Abdoulaye Doucouré et Ousmane Dembélé).

Entre le 1er juillet 2017 et le 30 juin 2018, Rennes a notamment vendu Adama Diakhaby, Giovanni Sio, Pedro Mendes, Wesley Saïd et Dimitri Cavaré. Si le transfert du premier cité à Monaco est estimé à 10 millions d’euros, les autres montants sont - a priori - beaucoup plus modestes (jusqu’à 2,2 millions d’euros pour Sio). Car une grande partie des 36,3 millions d’euros touchés par le Stade rennais provient en fait du transfert d’Ousmane Dembélé du Borussia Dortmund au FC Barcelone.

Combien exactement le club breton a-t-il perçu sur ce transfert ? En décembre 2016, René Ruello avait avancé le chiffre de 15 millions d’euros de bonus, en plus des 15 millions déjà reçus lors de la vente de l’international français au club allemand (officialisée en mai 2016), indiquant qu’il n’y avait pas de pourcentage à la revente. Puis, en juin 2017, l’ancien président du club breton avait cette fois parlé de 20 millions d’euros en cas de transfert pour 90 millions d’euros. Or, Dembélé a été acheté par Barcelone pour 105 millions d’euros plus 40 de bonus.

Pour Le Télégramme, Rennes pouvait « prétendre à 25 M€ minimum », entre « l’indemnité de formation (entre 4 et 5 % du transfert), [...] la contribution de solidarité (0,25 % ou 0,50 % en fonction des années passées au club) [...], des bonus négociés lors du transfert en mai 2016 [...], mais aussi les indemnités de valorisation de la formation (maximum 1,5 M€) ». Une chose est en tout cas certaine : le passage d’Ousmane Dembélé au Stade rennais aura marqué les esprits... mais aussi les comptes du club.

Du côté des achats, Rennes avait également sorti le chéquier pour recruter notamment Ismaïla Sarr l’été et Rafik Guitane et Diafra Sakho l’hiver. La valeur d’un transfert étant amortie sur la durée du contrat, le coût des mutations - qui ne reflète donc pas les dépenses de ces seuls mercatos - s’élève à 15,7 millions d’euros (honoraires compris). La balance des opérations de mutation est donc largement excédentaire pour le Stade rennais, et ce à un niveau jamais atteint (+20,6 M€).

Un résultat net excédentaire

Avec une telle balance des transferts positive, Rennes - malgré un résultat opérationnel largement déficitaire - affiche un résultat net excédentaire (+4,6 millions d’euros). Une première depuis que la DNCG a commencé à publier les comptes en 2004. Toutefois, en 2005-2006 et en 2010-2011, le résultat avait déjà été positif, mais ramené dans le meilleur des cas à 0 par une remontée de trésorerie de l’actionnaire.

Le Stade rennais compense ainsi un résultat opérationnel négatif par une balance des transferts positive... et ce comme la plupart des clubs français. « Pour 13 clubs de Ligue 1 et 12 clubs de Ligue 2, le résultat des opérations de mutations représente plus de 25 % de leur chiffre d’affaires hors mutations, illustrant à la fois le caractère assumé du modèle, mais générant également des risques inhérents à celui-ci. Ces clubs ont fait de l’activité de transferts de joueurs une composante déterminante de leur équilibre mais cette stratégie présente un aléa car si son succès repose sur l’efficacité reconnue du système de formation français, il dépend également de la capacité des clubs à détecter des jeunes talents et à profiter de la dynamique acheteuse des autres championnats étrangers », souligne ainsi la DNCG dans son rapport.

Avec sa participation à la Ligue Europa cette saison, le Stade rennais peut d’ores et déjà s’attendre à une forte hausse de son chiffre d’affaires en 2018-2019, entre les droits audiovisuels et les recettes de billetterie supplémentaires.



Lexique :
Le compte de résultat se divise en deux grandes parties :

1. La « contribution compétition », ou résultat opérationnel, qui comprend l’ensemble des recettes d’exploitation et subventions diminuées de la totalité des charges récurrentes d’exploitation. Les recettes d’exploitation, c’est-à-dire le chiffre d’affaires, comprennent les revenus issus des droits audiovisuels, des sponsors et de la publicité, des recettes des matchs et d’autres produits. Les charges d’exploitation comprennent la masse salariale chargée, c’est-à-dire les rémunérations brutes versées à tous les salariés du club (joueurs, entraîneurs, staff technique et médical, personnel administratif) avec les charges sociales, ainsi que les charges liées aux frais de déplacement, frais d’organisation de manifestations, etc.

2. La « contribution mutation », ou balance des transferts, qui est la différence entre les indemnités de mutations reçues (les revenus issus des transferts des joueurs vendus) et le coût des mutations (l’argent dépensé pour acheter des joueurs), honoraires inclus. Le coût d’achat d’un joueur est toutefois amorti (réparti) sur la durée de son contrat.

Le résultat net est la somme de la contribution compétition, de la contribution mutation, du résultat financier, du résultat non courant et de l’impôt sur les sociétés. Le résultat non courant, ou résultat exceptionnel, permet de repérer les interventions de l’actionnaire, qu’il s’agisse de combler un trou pour ramener le résultat net à l’équilibre ou, à l’inverse, de procéder à une remontée de trésorerie.

Vos réactions (11 commentaires)Commenter
Breizhou 24 mars 2019 à 20h41

Heureusement qu’il y a eu dembele car la masse salariale est très importante mais vu notre réussite de cette année, c’est acceptable mais une non qualification pour la coupe d’Europe freinerait nos ambitions, par contre si on se qualifie comme je le pense alors on va pouvoir améliorer notre équipe et espérer gravir quelques échelons... Allez Rennes for ever

bruno24 mars 2019 à 21h39

j aimerais avoir moins d argent et plus de trophée

Lolo25 mars 2019 à 09h26

Que de chiffres mais c’est vraiment intéressant de connaître le côté finance du stade rennais , et pour l’année 2019 des records devraient aussi êtres battus (masse salariale et recettes avec les matches de coupe d’Europe ) merci de nous avoir fait connaître les bilans financiers de toutes ces années

Xavier26 mars 2019 à 13h02

Très bel article !
Bravo

René Cassin26 mars 2019 à 13h18

Le ratio le plus interessant c’est la masse salariale/à la performance sportive. La on voit qu’il y a de la marge et des progrès à faire tant au numerateur qu’au denominateur...

Lolo26 mars 2019 à 13h36

Heureusement que stade rennais online est la , parce que si fallait compter sur ouest France pour avoir des infos on pourrait toujours attendre trêve internationale = vacances pour ouest France

the miz26 mars 2019 à 14h48

Excellent article !

maurice26 mars 2019 à 23h23

bravo à Nils pour ce bilan financier très instructif et qui confirme qu’un club de football médian plus de la ligue 1 est devenue une véritable entreprise investissant des sommes faramineuses ; ne soyons pas étonné qu’il faille des résultats, condition sine qua non afin de conserver cet équilibre si fragile et faire perdurer le club.

Pertre27 mars 2019 à 17h34

Bravo ça c est de l info !!!! On voit qu il y a concomitance entre l augmentation des recettes et les résultats sportifs... espérons que cet été le Stade mette bien à profit les millions que selon toute vraisemblance il va toucher lors du transfert de Sarr....( c est en tout cas ce qu annoncent les médias sportifs...)
Stephan a fait lui le point sur les blessés et les suspendus pour le prochain match contre Lyon .......Mais quid de Doumbia ? Fait il partie du club ? A t il bien été recruté en janvier ?
Aucune nouvelle.... faisons confiance au Stade.... pas de nouvelles..... Bonnes nouvelles !!!!!

Carlito3540127 mars 2019 à 18h47

Ba c’est pas cher payé quel gâchis.
C’etait 60 millions minimum bref.
Je regarde le forum depuis des années mais je n’ai jamais pus m’inscrire.
Quelqu’un peut il me renseigner.
Pour la formation les bolide qu’on a.
On a rien à envier la dessus aux autres.
Faut pas s’enflammer mais camavinga, Rutter plus soppy et doucoure et... sa va être la folie.
En espérant que notre équipe
Compte sur les jeunes.
Vive le centre de formation

Oisiveté Françi27 mars 2019 à 22h06

Merci beaucoup ! Article très attendu chaque année et on pouvait cette fois anticiper la conclusion :)
D’où l’importance d’avoir une visibilité accrue ... m’est d’avis que pour l’exercice 2018-2019, la part billetterie et merchandising (c’est Autre produits ?) va augmenter ! Et en plus il faudra compter sur les recettes de la coupe d’europe !
Par contre obligation ou pas d’une grosse vente a minima cet été ?
Si les transferts Sarr et Guitane sont déjà comptabilisés on a pas claqué énormément cette année ? Siebatcheu éventuellement ?
Mais on n’est peut être pas obligé de vendre après tout, Ben Arfa a une année en option ... les anglais sont capables de tout ... faut bien gérer cette situation y’a peut être moyen de faire un truc si il finit correctement l’année. Il faut conserver Sarr.

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