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10 mai 2012 | à 20h19

Le destin brisé de David Sommeil

Un œil dans le rétro. Défenseur longiligne, David Sommeil a joué au Stade rennais entre 1998 et 2000. Sous la coupe de Paul Le Guen, il a permis au SRFC de franchir un cap en Division 1. Stade Rennais Online vous propose ainsi de revisiter son riche parcours sportif, mais également sa triste fin de carrière dans le Nord.

Le destin brisé de David Sommeil

Sommeil sort de sa boîte

Né le 10 août 1974 à Pointe-à-Pitre en Guadeloupe, David Sommeil démarre sa carrière de footballeur dans la commune des Abymes, où il intègre successivement les rangs des clubs locaux de la MJC et du Sirocco. Formé au poste d’attaquant, il s’aguerrit dans les différentes équipes de jeunes des deux formations abymiennes. Jeune joueur prometteur, il se laisse alors tenter par une aventure en métropole et signe dans la foulée une licence dans le club amateur du FC Saint-Lô Manche, en Normandie. Auteur d’une belle saison en D3 (Groupe Ouest) pour ses débuts dans l’hexagone avec le club saint-lois, le Guadeloupéen d’origine est repéré par le grand club local, le Stade Malherbe de Caen.

Il s’engage ainsi avec le club bas-normand à l’orée de l’exercice 1993-1994, et y signe son premier contrat professionnel à l’âge de 19 ans. Il est finalement lancé dans le grand bain par Daniel Jeandupeux, puisqu’il effectue son baptême du feu en D1 le 8 février 1994, lors d’un derby face au Havre. Pour sa première saison à Caen, il ne convainc pas vraiment et joue le reste du temps avec l’équipe réserve du Stade Malherbe. Mais au cours de la saison suivante, l’entraîneur normand Pierre Mankowski décide de replacer le joueur Guadeloupéen au poste de latéral droit. Son nouveau positionnement au sein de la défense normande est une franche réussite. David Sommeil y réalise de très bonnes performances tout au long de l’année. Au travers de ses vingt matches disputés, l’ancien attaquant des Abymes s’est affirmé comme un titulaire indiscutable de l’équipe normande, lors de la seconde moitié de la saison surtout.
Malheureusement, le Stade Malherbe de Caen est relégué en seconde division, malgré la relative efficacité de son avant-centre Kennet Andersson. Auteur de neuf buts au cours de l’exercice 1994-1995, l’attaquant suédois s’est surtout fait remarquer en inscrivant un triplé face au Stade rennais, lors d’une victoire normande sur le score de cinq buts à un.

Durant l’été suivant, David Sommeil devient champion du monde militaire en 1995 avec l’équipe de France. Sous la coupe de Roger Lemerre, la sélection tricolore s’impose en finale face à l’Iran sur la plus petite des marges (1-0). Sous le maillot frappé du coq, ses coéquipiers de luxe se nomment « Coco » Michel et Charles-Édouard Coridon, deux joueurs de l’En Avant de Guingamp, Vikash Dhorasoo ou Olivier Dacourt notamment. Dans la foulée, il remporte le titre de champion de France de D2 et dispute la bagatelle de trente matches de championnat. David Sommeil retrouve alors la première division, mais l’espace d’une seule saison, puisque le club malherbiste redescend illico presto à l’étage inférieur. À l’issue de la saison 1997-1998, David Sommeil décide finalement de quitter le Stade Malherbe, qui vient de terminer à la sixième place du championnat de D2, pour rejoindre le Stade rennais.

Sur les traces de Lilian Thuram

David Sommeil vient donc renforcer le club de la capitale bretonne à l’aube de la saison 1998-1999, moyennant la coquette somme de treize millions de francs (soit environ deux millions d’euros). Sûr de ses forces, il est l’auteur de belles prestations durant les matches de préparation estivaux. Dans la foulée, le défenseur guadeloupéen dispute sa première rencontre officielle sous la tunique rouge et noire, le 8 août 1998, lors d’une victoire stadiste face à l’AJ Auxerre de l’emblématique Guy Roux (1-0). Ce soir-là, c’est surtout Fabrice Fernandes qui crève l’écran, mais le néo-défenseur rennais s’est également montré à son avantage, muselant impeccablement toutes les velléités offensives du virevoltant attaquant bourguignon Steve Marlet.

Dès son arrivée à Rennes, ses coéquipiers le surnomment affectueusement « Tu-Tu » en référence à un certain Lilian Thuram, proclamé héros national un soir de juillet 1998. La comparaison le flatte : « C’est vrai que nous sommes Antillais et même Guadeloupéens tous les deux  ». En effet, les deux défenseurs sont nés à Pointe-à-Pitre : « Même si Lilian a presque toujours vécu en France. Je suis heureux lorsque l’on évoque la similitude entre nous. C’est vrai que je regarde un peu sa façon de jouer mais il s’agit simplement d’un excellent exemple à tenter d’imiter. C’est très flatteur pour moi ».
Sous la coupe efficace de Paul Le Guen, il s’affirme rapidement comme l’un des meilleurs arrières du championnat de D1. En effet, à bientôt 25 ans, David Sommeil a donné sa pleine mesure pour son retour dans l’élite. En tant qu’arrière latéral droit, mais surtout comme défenseur central, l’ancien caennais est l’une des plus belles révélations rennaises de la saison. Il affiche d’ailleurs une belle satisfaction, et il y a de quoi. Au cours de ses trente-trois matches de championnat, David Sommeil s’est véritablement imposé comme un titulaire indécrottable de la charnière défensive bretonne, au côté de l’impeccable Dominique Arribagé. Parfois très offensif, ses percées sont tranchantes et apportent le surnombre dans le camp de ses adversaires.
Le Stade rennais réalise également une saison pleine, la meilleure depuis l’exercice 1964-1965. Rennes termine à la cinquième place et se qualifie pour la défunte Coupe Intertoto, après avoir longtemps espéré une place en Coupe UEFA. Sur le plan humain, David est un joueur vraiment attachant et qui se rend souvent disponible pour les supporters.

Le début de la saison suivante offre un match de prestige aux passionnés bretons. En effet, le SRFC s’octroie le droit de disputer la finale de la Coupe Intertoto face à la « vieille dame », alias la Juventus de Turin de l’exceptionnel Zinedine Zidane. Le club breton est battu sur l’ensemble des deux rencontres par le club de la capitale piémontaise (2-0 à l’aller, puis 2-2 au retour à Rennes), mais aura livré une belle bataille. David Sommeil confie d’ailleurs après cette rencontre d’anthologie : « On voulait se qualifier. Malgré cette élimination, ce match représente, tout de même, une belle satisfaction pour nous et pour les supporters. Après le premier but, le public s’est mis à rêver. Malheureusement, comme à aller, les Italiens ont encore fait preuve de réalisme ». Le numéro 14 rennais est par la suite sélectionné en équipe de France A’ pour une rencontre face à l’Allemagne. Une juste récompense pour un joueur essentiel de la défense stadiste.

Stade rennais, saison 1998-1999

Une tragique fin de carrière

Mais en championnat, le SRFC n’est pas aussi performant que la saison précédente, puisque le club breton termine en treizième position de D1. D’un point de vue individuel, David Sommeil s’est pourtant distingué comme l’homme à tout faire de l’arrière-garde rouge et noire. Avec un total de 41 matches disputés et deux buts à son actif, le Guadeloupéen a attiré les convoitises. C’est ainsi qu’Élie Baup le fait signer durant l’été 2000 aux Girondins de Bordeaux, pour un montant avoisinant les sept millions d’euros.
Après deux belles années passées dans la capitale bretonne, David Sommeil prend donc la direction de la Gironde. Avec Bordeaux, Il dispute quatorze matches de Coupe UEFA en l’espace de deux saisons et demie. Il remporte également la Coupe de la Ligue en 2002, face à Lorient en finale au stade de France (3-0). À cette époque, le défenseur girondin fait partie de ces joueurs qui sont suivis par les plus grands clubs, et par le sélectionneur de l’équipe de France qui garde un œil attentif sur ses prestations.

En janvier 2003, il traverse la Manche après avoir joué 77 matches de championnat avec les Girondins, et s’engage avec le club anglais de Manchester City. Le Guadeloupéen y pose ses valises jusqu’au mercato estival de 2006 (avec au passage, un court intermède à Marseille entre janvier et juin 2004). Il signe ensuite un contrat de deux années avec le club de Sheffield United. Mais David Sommeil n’est pas au mieux de sa forme au cours de l’exercice 2006-2007, si bien qu’il souhaite retrouver le championnat français le plus rapidement possible. En janvier 2007, il intègre la sélection de Guadeloupe pour participer à la Coupe des Caraïbes (Digicel Cup). Dans la foulée, il dispute également la Gold Cup 2007 aux États-Unis.

David Sommeil est ensuite transféré en juillet 2007 à Valenciennes. Dans le Nord, il signe un contrat de deux ans et retrouve enfin les joies de la Ligue 1. Mais sa carrière s’interrompt brusquement le 20 août 2008, tandis qu’il est à l’entraînement avec le reste de l’équipe valenciennoise. Alors qu’il est en train de récupérer d’un effort, il s’écroule d’un coup, d’un seul, sur le rectangle vert. Personne ne se doute à cet instant qu’il est victime d’un arrêt cardiaque. Heureusement, David Ducourtioux son coéquipier de l’époque, arrive rapidement à son secours et lui pratique de suite un massage cardiaque. Alors âgé de 34 ans seulement, David Sommeil échappe de peu à la mort grâce au geste réflexe du latéral droit nordiste. Le défenseur guadeloupéen est malgré tout tombé dans un coma profond et y reste durant quinze jours.
Au grand soulagement de tous, il se réveille finalement le 4 septembre 2008. Il entame alors une longue rééducation dans un centre de réadaptation neurologique de la région lilloise. Quatre années plus tard, les séquelles de l’accident sont toujours présentes. Ses proches ont d’ailleurs entrepris depuis des démarches pour qu’il soit mis sous tutelle. Dorénavant installé à une quinzaine de kilomètres de Bordeaux, dans un petit village du Médoc, l’ancien défenseur stadiste a toujours des difficultés pour communiquer et se déplacer.

Enfant doué du ballon rond, David Sommeil a laissé de très bons souvenirs dans la cité du Hainaut notamment, mais aussi dans tous les autres clubs où il est passé durant sa carrière de footballeur professionnel. En effet, fédérateur de vestiaires, l’ex-défenseur a toujours été apprécié par les supporters et les dirigeants qu’il a côtoyés. Malgré les difficultés quotidiennes, ses amis ne l’ont pas abandonné. Antoine Kombouaré, son entraîneur à Valenciennes, lui rend d’ailleurs fréquemment visite. Bien loin des considérations sportives, l’essentiel est dorénavant que David Sommeil puisse vivre décemment. C’est d’ailleurs tout le mal qu’on lui souhaite.

Sa carrière en bref

MJC Les Abymes (Guadeloupe)
Siroco Les Abymes (Guadeloupe)
1992-1993 : FC Saint-Lô
1993-1998 : Stade Malherbe de Caen
1998-2000 : Stade rennais FC
2000 - janvier 2003 : Girondins de Bordeaux
janvier 2003 - 2006 : Manchester City FC (Angleterre)
- janvier 2004 - juin 2004 : Olympique de Marseille (prêt)
2006 - 2007 : Sheffield United FC (Angleterre)
2007-2008 : Valenciennes FC

Sources :
- Wikipedia
- Archives Ouest France

Source photos :
srfc.frenchwill.fr

Vos réactions (7 commentaires)Commenter
XxXTheFoxXxX10 mai 2012 à 20h38

merci pour ce joueur que j’ai adoré voir évolué.

Je regrette cette terrible fin de carrière et je lui souhaite une bonne retraite.

Merci a SRO de vos articles précis et qui nous rappel au bon souvenir.

10 mai 2012 à 21h48

je lui souhaite tout le meilleur !!!
un joueur formidable ... allez david

LEC10 mai 2012 à 22h28

Sommeil-Arribagé, c’est sans doute la meilleure paire de défenseurs centraux vue à Rennes ces dernières années.
Pendant ses aventures rennaise et bordelaise, il était vraiment impressionnant et un cauchemar pour les attaquants adverses. Il aurait mérité une carrière internationale plus importante...

11 mai 2012 à 02h11

La meilleure étant mangane - kana b (la saison dernière). Je me trompe ou il faisait partie des bons vivants de l’équipe, participant activement aux nuits rennaises ?

11 mai 2012 à 20h15

Un excellent défenseur.Bonne chance.

the miz11 mai 2012 à 20h37

Il a laissé un grand souvenir que ce soit au Stade rennais ou a Bordeaux,après ça a été un peu plus compliqué.

Je me souviens d’une photo de lui a côté de Fernandes,c’était incroyable la différence de gabarit,ah ah !

Il est solide comme un roc et je suis sure qu’il retrouvera sa santé.

15 mai 2012 à 16h42

LEC, tu oublies la charnière Mensah-Bourillon, LA meilleure charnière depuis 94 et la remontée.

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