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25 juin 2011 | à 01h17

Par la grande porte ?

De retour à Rennes huit ans après l'avoir quitté, Julien Féret inscrit son nom à la liste des joueurs qui ont choisi de revenir au Stade rennais. Anciennes gloires sur le retour, enfants prodigues en reconquête, ou tout simplement joueurs désireux de retrouver leur club de cœur, flash-back sur quelques uns des joueurs dont les va-et-vient ont fait l'histoire du club.

Par la grande porte ?

Sans doute sans le savoir, Julien Féret perpétue avec son retour une certaine tradition. L’histoire du Stade rennais est parsemée de joueurs ayant choisi de revenir au bercail quelques mois ou quelques années après l’avoir quitté, pour une raison ou une autre.

On s’en souvient aisément, le dernier cas en date est celui de Sylvain Wiltord, revenu en août 2007 après des discussions interminables entre les dirigeants rennais et leurs homologues lyonnais. C’était l’un de ce type de transferts qui agite souvent les rêves des supporters : celui d’un joueur tant apprécié par le passé, une ancienne gloire du club susceptible de mettre de nouveau à sa disposition tout son talent et son expérience. Ce phénomène n’est pas nouveau : en 1973, alors qu’un magazine demande aux supporters rennais quels joueurs de D1 souhaitent-ils voir évoluer en rouge et noir, ce sont les noms de trois anciens qui reviennent le plus : Loulou Floch, Robert Rico et Zygmunt Chlosta [1].
Malheureusement, dans ce genre de cas, les réussites sont assez rares, du moins au Stade rennais. Sans épiloguer sur le cas Wiltord, son deuxième passage à Rennes n’aura pas été à la hauteur de ses états de services à Lyon.

Avant lui, plusieurs anciennes gloires avaient tenté un come-back, sans grande réussite. Coéquipier de Wiltord au milieu des années 1990, Jocelyn Gourvennec est ainsi revenu en janvier 2000, après quatre ans et demi d’un exil mitigé sous les couleurs de Nantes, Marseille et Montpellier. Loin des performances qui avaient fait de lui l’un des piliers de la dernière montée rennaise en D1 en 1994, Gourvennec n’a pas le même rendement, jusqu’à être presque mis au placard par Christian Gourcuff en 2001-2002.
Autre Breton à avoir tenté sa chance sous d’autres cieux, le Malouin Jean Grumellon. Le meilleur buteur de l’histoire du club (154 réalisations), a bâti sa réputation sous le maillot rouge et noir, avant de profiter de son statut d’international pour partir en 1952 à Nice, alors double champion de France en titre. Deux ans plus tard, il rentre en Bretagne, après n’avoir fait qu’un passage de six mois chez les Aiglons, et après deux expériences mitigées à Monaco et au Havre. À son retour à Rennes, il joue deux saisons supplémentaires, sans retrouver réellement son niveau d’antan.

Dans la même veine, le retour de Laurent Pokou au Stade rennais, un peu plus d’un an après son départ pour Nancy, n’a pas l’effet escompté par le joueur et par le club. L’ancienne idole de la route de Lorient ne brille plus autant, et son retour prend fin brutalement au bout de trois mois. Expulsé lors d’un match de Coupe de France à Saint-Pol-de-Léon en décembre 1978, il écope d’une lourde suspension et n’endossera plus jamais le maillot du Stade rennais.
Coéquipier pendant un temps de Laurent Pokou, Raymond Keruzoré a lui aussi eu droit à un retour raté. Transféré à Marseille en 1973, le Finistérien ne s’y adapte pas et retourne à Rennes dès l’été suivant. Malheureusement, l’idylle ne dure pas : souvent blessé, il ne joue que dix-neuf matchs de championnat en 1974-1975, saison qui se clôt sur une relégation en D2. Mis au ban du club par le président Lemoux qui l’accuse - ainsi que quelques autres universitaires de l’effectif - de vouloir prendre le pouvoir, Keruzoré quitte le Stade rennais au début de la saison 1975-1976, et n’y reviendra que pour en devenir l’entraîneur en 1987.

Mis à la porte du club en même temps que Keruzoré, le défenseur Loïc Kerbiriou y revient plus rapidement que « Kéru ». Cet arrière au physique solide fait une parenthèse de trois ans dans sa carrière rennaise, durant laquelle il joue à Penmarc’h puis à Brest. En 1978, il revient pour une dernière saison au Stade rennais, durant laquelle il porte la double casquette de joueur... et de directeur du tout nouveau centre de formation.
Également revenu - quelques années plus tard - dans un certain anonymat, le gardien Christophe Revault n’a fait qu’un retour express sous le maillot rennais. Titulaire dans les cages stadistes de 1998 à 2000, Revault est de nouveau recruté en 2006 alors que le club cherche un portier d’expérience pour encadrer le jeune Simon Pouplin. Lassé de son faible temps de jeu (un match de Coupe de France), Revault part terminer sa carrière au Havre en juin 2007.

Pour certains joueurs, les retours au club se font comme s’ils ne l’avaient jamais quitté. En janvier 2006, Olivier Sorlin revient ainsi après un exil de seulement six mois à Monaco. Parti en fin de contrat en juin 2005, le milieu de terrain ne trouve pas ses marques dans la Principauté au sein d’une équipe en plein doute. L’hiver suivant, le Stade rennais en profite pour le faire revenir, lui qui avait particulièrement brillé en 2004-2005. Sorlin se fond rapidement dans l’effectif, et devient pendant deux saisons et demie le véritable régulateur de l’entrejeu rennais.
Plus loin dans le temps, le Marocain Houssaine Anafal a fait un passage en deux temps au Stade rennais. Le premier, entre juin 1974 et octobre 1976, lui permet de montrer une entente intéressante avec Laurent Pokou en attaque. Malheureusement, Anafal a le mal du pays, et choisit de rentrer dans son club d’origine, à Kénitra. Un peu moins de trois ans plus tard, en 1979, Anafal fait pourtant son retour en Bretagne, et prend une autre dimension en devenant l’un des leaders de l’attaque stadiste. C’est finalement une vilaine blessure au ménisque qui vient ternir sa fin de carrière.

Jean Prouff fait lui plusieurs retours dans son « club de cœur ». Après avoir signé au Stade rennais ses premières licences alors qu’il n’est qu’adolescent, le Morbihannais doit suivre son père dans une mutation à Nantes. C’est ensuite à Fives, dans l’agglomération lilloise, qu’il passe professionnel, mais le début de la Seconde Guerre mondiale vient interrompre son début de carrière au haut-niveau. Mobilisé sur le front en 1940, il retourne à Nantes puis à Rennes après la défaite française. C’est ainsi que Prouff joue pendant une saison avec le Stade rennais, mais se retrouve en 1942 dans l’obligation de retourner à Fives, club à qui il appartenait avant le début du conflit. Cet exil forcé ne dure qu’un an, Prouff choisissant de revenir à Rennes en 1943.
Il reste alors au Stade rennais durant cinq ans, période durant laquelle il obtient la plupart de ses sélections en équipe de France. En 1948, finalement, Prouff part étoffer son palmarès au Stade de Reims, mais il revient à Rennes en 1950 pour y terminer sa carrière professionnelle. En 1964, son dernier retour se fait en tant qu’entraîneur de l’équipe professionnelle.

Enfin, parfois les retours sont ceux des enfants prodigues qui ont explosé ailleurs. C’est un peu le cas de Julien Féret aujourd’hui, même si celui-ci inaugure l’exemple du joueur formé au club, non-retenu pour l’effectif professionnel, et qui finalement y revient par la grande porte. Au petit jeu des comparaisons, son histoire pourrait cependant être à rapprocher de celle de joueurs qui ont eu le temps d’afficher de belles promesses, avant d’être obligés de les concrétiser ailleurs.
Issus sensiblement de la même génération, Pierrick Hiard (photo ci-dessus) et Patrick Delamontagne ont tous deux grandit au Stade rennais, y ont découvert la première division, et s’y sont affirmés comme deux très bons espoirs du football français. Malheureusement, la fin des années 1970 est synonyme pour le club de graves ennuis financiers, et de l’obligation de vendre ses meilleurs espoirs pour survivre. Hiard comme Delamontagne vont donc s’affirmer définitivement ailleurs, au point d’atteindre tous les deux l’équipe de France. Hiard reviendra dès que le Stade rennais aura retrouvé l’élite, en 1983. Il ne le quittera plus, y terminant sa carrière en 1991, et y devenant entraîneur des gardiens puis désormais responsable de la cellule de recrutement. Delamontagne reviendra lui en 1988, alors que le Stade rennais est retourné en D2. Retrouvant son frère Laurent, il aidera grandement le club à remonter, en 1990. Deux exemples que Julien Féret serait bien inspiré de suivre.

Notes

[1Claude Loire, Le Stade rennais, fleuron du football breton 1901-1991, Éditions Apogée, p. 360

Vos réactions (3 commentaires)Commenter
Louis G25 juin 2011 à 07h00

Je me souviens bien de ces joueurs qui ont fait leur retour au Stade Rennais !...si certains d’entre eux n’avaient plus le niveau de jeu qu’ils avaient en partant !...ils ont, les uns est les autres, apporté leurs expériences à leur Club de coeur !...et notamment un J. Prouff qui a été un bon joueur du Stade Rennais mais sans doute celui qui a apporté le plus en tant qu’entraineur avec le résultat que nous connaissons : une Coupe de France brillamment remporté en 1971 !!...

Mrehel25 juin 2011 à 19h32

Loic Kerbiriou : mon prof de sport au Lycée Chateaubriand. De supers souvenirs avec lui, un super prof !

Capitaine26 juin 2011 à 10h47

en 1965 aussi (la première coupe) ;)
merci Jean Prouff !

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